Consoler autrui est toujours difficile quand l’homme est accablé de tristesse, d’épreuves, de souffrances en tout genre. Il n’aime guère que des gens en bonne santé et pleins de force essayent de calmer sa douleur ou de consoler sa détresse morale. Les consolateurs sont toujours tentés de donner des leçons et de ramener à la raison celui qui sous le coup d’une émotion trop forte, exagère ses maux. Nos visites aux malades, nos condoléances à des êtres à qui la mort a ravi un être cher, portent souvent la marque de cette sagesse raisonnable qui au lieu de compatir réellement, essaient d’estomper la douleur ou la mort. Même les prêtres disent des belles paroles qui sont loin de réconforter et d’apaiser des êtres dont ils ignorent la profondeur de leur souffrance. Et quand le mal demeure et continue à ravager l’âme qui n’arrive pas à trouver la paix, il l’a conduit à la détresse ou au désespoir et pour finir au suicide. Un monde sans Dieu devient un univers de solitude, de tristesse où l’homme ne trouve plus dans l’homme un visage divin capable de le comprendre, de le consoler et de le ressusciter à l’amour de la vie en Jésus Christ. Il est rare celui qui sait dire comme Victor Hugo : « Je ne veux pas savoir qui tu es, d’où tu viens, ce que tu fais. Je vois seulement que tu souffres alors tu m’appartiens. »

La femme consolatrice

Si l’homme est souvent maladroit pour consoler un enfant, pour comprendre sa peine, sa souffrance, la mère sait consoler un enfant. Elle le prend sur ses genoux, le berce doucement sur son cœur et sans chercher à le raisonner, elle lui communique sa tendresse et son amour maternel pour lui faire oublier sa peine et sa douleur. Console, c’est soulager la peine de l’enfant ou de l’homme en la portant avec lui avec tant d’amour qu’il finit par l’oublier par le réconfort qu’il a reçu.
L’être habité par l’amour du Christ est capable de soulager l’homme qui souffre parce qu’il sait que le Christ est tout en tous et il va prendre le temps de panser les plaies de l’homme blessé par la vie dans laquelle il voit le Christ souffrant. Il se souvient de la parole du Christ : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40)

Marie, consolatrice des affligés

Comme Marie est le refuge des pécheurs, elle est aussi la consolatrice des affligés. Comme l’enfant se jette dans les bras de sa mère quand il pleure, souffre ou s’est blessé. L’homme aussi blessé par la vie et la cruauté humaine, humilié par les évènements et les hommes, vient aux pieds de Marie pour lui raconter ses misères et lui faire part de ses peurs et ses angoisses. Et Marie, sans un mot, sans un geste, verse dans nos âmes le baume de sa consolation plus puissante que tous les narcotiques humains. D’autres cherchent à s’étourdir dans les plaisirs de la vie, les voyages, l’exotisme pour oublier leurs souffrances et leurs maux qui sans cesse reviennent. En effet, le cœur humain reste inquiet, divisé, malheureux tant qu’il ne repose pas en Dieu. Mais une fois rempli de l’amour divin, il retrouve, toutes ses affections terrestres apaisées, purifiées. Il peut aimer les hommes et les choses sans que cet amour soit cause de souffrance. Qui aime vraiment Dieu et Marie, tout, même l’épreuve, même la violence et la haine deviennent source de paix et de consolation. Marie, au lieu de changer les choses qui irritent l’homme, de demander à Dieu qu’il bouleverse pour lui les lois de l’univers ou de l’histoire, lui apprend doucement à changer son cœur, à renoncer à l’égoïsme, ce moi exigeant qui fait tant souffrir autrui, tout en le faisant souffrir. Marie guérit ses yeux, les transfigure, leur apprenant à voir toutes choses dans la lumière de Dieu.

Les causes faisant de Marie la consolatrice des affligés

• Marie est consolatrice des affligés parce qu’elle fait jaillir d’elle tous les torrents de la lumière éternelle, donnant ainsi à l’homme la vraie définition de la souffrance et le sens vrai de la douleur, lui faisant voir en son application, le grand et le souverain remède à toutes ses misères.
• Marie est consolatrice des affligés parce qu’elle inspire à l’homme l’amour de cette douleur en la lui montrant personnifiée dans celui qui, en même temps qu’il est son bien et son salut, est pour lui l’objet d’une délectation sans égale et sans limites.
• Marie est consolatrice des affligés parce qu’elle est toujours penchée et attentive sur chacun de nous, comme la plus tendre et la plus sublime des mères, et qu’elle épie pour les consoler efficacement, toutes nos souffrances de l’âme et du corps, toujours empressée qu’elle est, de dissiper en nous toute inquiétude, toute angoisse, tout danger et à déposer dans ce but, tous les trésors de sa puissance.

En résumé

• Marie sait me consoler parce qu’elle apprend à l’homme ce qu’est la vraie souffrance et le vrai sens de la douleur, et en lui révélant le souverain remède à toutes ses misères. A l’Annonciation de ce grand mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu, Marie reste calme, simple dans une grandeur d’âme face à ce mystère qui la dépasse et qu’elle accepte humblement.
Aux trois questions divines, le Père lui demande : « Voulez-vous être la Mère de mon Verbe ? » Le fils : « Voulez-vous être ma Mère ? » et le Saint Esprit : « Voulez-vous que j’opère en vous le grand miracle de l’amour ? »
Et Marie élevée par la grâce à une hauteur infinie d’amour et d’humilité, répond à l’ange : « Qu’il me soit fait selon votre parole. » pour concevoir en elle le Fils de Dieu et le Sauveur de l’Homme.
Marie peut comprendre la souffrance humaine et toute misère humaine, parce qu’elle fut la mère de Jésus, couronné d’épines, de l’Homme-Dieu flagellé et enfin crucifié sur la Croix pour le salut de tout homme. C’est en ce sens qu’elle peut consoler ses enfants de la terre, parce qu’elle a porté son Fils dans son cœur et l’a consolé par sa présence à la Croix, et la force de son amour fidèle, lui le Rédempteur et elle la Co-rédemptrice par le don de sa vie pour le porter en elle et le donner au monde dans le dessein du Père.
En nous offrant Jésus à la Croix, elle vient consoler notre affliction. En effet, le Père et la Mère du Christ peuvent comme un fruit de leur commun martyr, nous inoculer une nouvelle vie : celle qui nous fera partager avec eux un bonheur éternel.
Marie veut nous faire comprendre que le Ciel ne s’ouvre qu’à ceux qui acceptent de mourir avec lui sur sa croix. Le Ciel ne s’ouvre qu’à ceux qui sont des fils de Dieu crucifiés de son cœur et de plein gré. Si Jésus et Marie sont la personnification de la douleur, c’est pour être notre modèle et notre guide dans l’apprentissage de la véritable vie.
Marie en nous révélant le prix des souffrances, nous apprend à les estimer au lieu de les maudire. Sa lumière chasse le désespoir du cœur humain car pour lui, dans la loi de la souffrance, il n’y a plus de mystère ; l’homme sait que plus il souffre, plus il opère son propre salut et plus il est capable de sauver ses frères. Marie fait plus que de nous faire estimer la souffrance, elle nous en inspire l’amour, changeant ainsi toute amertume en douceur et toute douleur en joies infinies ; c’est dans ce sens qu’elle est consolatrice des affligés parce qu’elle change leur souffrance en joie et en espérance de vie.

• Marie est la consolatrice des affligés parce qu’elle inspire à l’homme l’amour de cette douleur en la lui révélant personnifiée dans Celui qui est en même temps son bien et son salut, et aussi l’objet d’un amour sans égal et illimité. En effet, Marie est la Mère de ce Christ qui, au Ciel, connaît une vie glorieuse, et sur son trône, il garde les plaies de son crucifiement comme gage de son amour persévérant qui offre sans cesse à la justice du Père ses plaies pour l’attendrir et le désarmer devant la haine et l’insulte de l’humanité.
Marie est la consolatrice des affligés parce qu’elle est la Mère de l’Agneau divin qui efface les péchés par son sang, et comme elle a enfanté de sa chair cette grande victime de l’amour, Dieu avait mis d’abord en elle tous les sentiments de dévouement surhumain qui devaient animer le cœur de son divin Fils qu’elle devait faire à son image. Et comme elle s’unissait aux douleurs de son Fils sur la Croix, elle voulait nous enfanter tous à la vie de son premier né. Si vous êtes les fils de la Passion du Fils, vous êtes aussi ceux de la compassion de la Mère.
Après avoir tant souffert, Marie et Jésus nous montrent tous les deux la porte de la vie éternelle. Marie qui a épousé la souffrance de son Fils vient consoler la nôtre pour nous apprendre que venir consoler la douleur d’autrui, ce n’est plus la douleur qu’on console, mais l’amour, c’est la vie, le bonheur, qu’on redonne à l’homme meurtri par le mal, c’est le grand secret de l’éternité et Jésus nous le dit dans l’évangile : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,10)
En effet, Marie est toujours venue consoler les plus malheureux pour les conduire à son Fils, en sachant que sa charité consolatrice envers les abîmés de la vie était toujours son amour indéfectible pour son divin Fils qui habitait en eux pour leur redonner courage, paix, espérance et vie.

• Marie est consolatrice des affligés parce qu’elle est une Mère toujours penchée et attentive sur la misère de ses enfants et elle est la plus sublime et la plus tendre des mères pour les aimer et les consoler efficacement. Elle est aussi très empressée à consoler toutes nos inquiétudes et angoisses et à nous éviter tout danger par sa puissance sur les démons.
Le cœur de mère de Marie n’est qu’une goutte de cet océan de dévouement paternel qui est le cœur du Père éternel. Marie a été la plus tendre et douce des mères et combien elle a aimé son enfant Jésus en se dévouant sans cesse pour lui et en le priant et l’adorant car il est son Fils mais aussi son Dieu et le Fils du Père.
Comme Marie s’est occupée de Jésus avec tant de douceur, de tendresse et d’amour, elle continue pour chacun de nous qui la prie avec amour et dévotion. N’est-elle pas la mère de tous les hommes, et elle va au-devant de nos souffrances et à chacune de nos prières, elle agit pour adoucir le mal, calmer la peine et redonner à notre âme malade et parfois désespérée, l’espérance et la foi pour accomplir la volonté de son Fils et connaître la vraie paix du cœur et la joie de l’esprit. Si grande que soit la tendresse et l’amour des mères de la terre, c’est une copie imparfaite de la réalité immense et infinie qui existe dans le cœur maternel de Marie.
Marie est la consolatrice de tous les affligés et malheureux de la terre parce qu’elle possède un tel degré de tendresse, d’attachement, d’attention, de prévenance et de compassion pour tous ses enfants, frères de Jésus qu’elle a enfantés volontairement au pied de la Croix au prix du sang et des douleurs de son premier né et de son amour pour tous l’es hommes
Marie comprend chacun de ses enfants en souffrance et souvent seul et abandonné des hommes. Elle se fait tout à tous car son but est de sauver chaque homme pour le conduire avec sa patience, sa douceur, sa bonté sur le chemin du salut. Elle connaît le prix de notre salut qui est le sang de son Fils et elle ne veut pas qu’il soit répandu pour rien.
Marie ne nous juge jamais, elle est la miséricorde même dans sa tendresse maternelle et sa consolation suprême est de voir ses enfants croire en son Fils pour le suivre et l’aimer à jamais.
Quand l’homme se trouve dans un état de tristesse et de découragement, qu’il pense à Marie et elle sera là pour le relever. S’il est pauvre, elle l’enrichira de ses grâces, s’il est malade, elle viendra le guérir en implorant son Fils, s’il est révolté, elle lui donnera sa paix, et s’il est vicieux et impur, elle le couvrira de sa pureté.
Marie sera toujours là pour l’homme qui humblement se tourne vers elle. Elle n’abandonne personne qui vient à elle avec le poids de sa souffrance qu’elle connaît.
Marie console, écoute et adoucit toute peine parce qu’elle peut tout sur le cœur de son divin Fils, et tout ce qu’elle demande pour ses enfants de la terre, elle l’obtient parce qu’elle sait ce qu’il nous faut et connaît l’immense amour de son Fils toujours prêt à nous donner ses grâces pour retrouver dans la lumière de la foi, la force de son amour divin et la joie de son cœur paternel et la plénitude du vrai bonheur des enfants de Dieu.

Prions Marie qui défait les nœuds de venir nous consoler dans les peines de notre vie et les afflictions que nous éprouvons chaque jour, avec la certitude que si Marie nous prend par la main, ce sera toujours pour nous accompagner sur le chemin de son Fils, notre Vérité et notre Amour qui nous conduit à son Royaume. Amen

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *