Parmi les saints que l’Église honore, celle-ci a toujours fait une place unique à ceux qui ont souffert pour le Christ et comme lui versé leur sang. L’Église catholique est née dans la souffrance et la persécution. La Bonne Nouvelle s’est propagée dans le monde par des témoins qui ont versé leur sang pour proclamer la vérité immuable et salvatrice du Christ. Et comme dira Tertullien : « Le sang des martyrs est une semence de chrétiens. »
À toutes les époques depuis 2000 ans, la foi chrétienne s’est répandue par le courage des martyrs et elle a vaincu la barbarie du paganisme romain, des Huns et des Gaulois et de toutes les nations qui voulaient conquérir le monde par la force des armes.

La Force divine a conquis le monde par l’amour
En effet, par sa mort, Jésus a sauvé le monde, il l’a racheté du péché et de la mort. Et Saint Augustin nous dit : « Les trois croix du Calvaire sont trois grandes causes : au milieu, c’et l’Innocence et la Grâce et de chaque côté, la culpabilité. Ce qui distingue cette culpabilité : c’est que l’un se repent et est sauvé, et l’autre se désespère et est damné ; si bien que la croix de Jésus est plutôt un ostensoir de sa doctrine et de sa loi que l’instrument de son supplice. »
La croix convenait admirablement au Dieu prêtre et victime. Cette croix le fixe et le montre éternellement entre le ciel et la terre, entre l’origine et la fin des temps dans l’intégrité de son sacerdoce et de son sacrifice qui comme son amour et ses mérites, sont la grande réalité de l’éternité toute entière, la base et le sommet, le principe et la fin, l’alpha et l’oméga de tout ce qui existe.
La croix est l’autel qui convient à cette victime, la chaire à ce docteur, le tribunal à ce juge, le trône à ce roi et ce lit nuptial à cet époux des âmes.

Marie est la reine des martyrs
Si le Christ a tant souffert pour le salut de l’humanité, Marie a souffert également dans son cœur de mère à la suite de son Fils qu’elle a soutenu par sa prière et sa présence durant sa Passion. C’est pourquoi Marie, Mère de Jésus, la plus haute personnalité créée qui puisse exister a dû être aussi la plus haute personnification de la douleur et la Reine des martyrs comme son Fils est la Souffrance incarnée et le Roi des martyrs. C’est Jésus qui souffrait en elle de nouvelles douleurs, comme elle-même ne souffrait que des douleurs de Jésus, parce qu’elle ne vivait, ne respirait, ne palpitait que de Jésus : Jésus était tout pour elle. Il était son cœur, son âme, et sa chair elle-même ; le plus grand miracle de Jésus mourant est peut-être d’avoir pu empêcher sa mère de mourir en même temps que lui.
Marie a compris et vécu dans son cœur et son esprit les immenses souffrances de son Fils bien aimé, et pour pouvoir raconter les douleurs de la mère, il faudrait se rendre compte de tout ce qu’a souffert le Fils ; c’est là le secret de Dieu, c’est le mystère de l’iniquité, devant lequel se pâmeront d’admiration, sans pouvoir jamais le résoudre entièrement, tout l’amour des Séraphins, toute l’intelligence des Chérubins et toute la sagesse des Trônes.

Être martyr à la suite du Christ et de sa Mère
La souffrance résulte de notre péché envers le Christ et sa mère et nous sommes souvent les martyrs de nos propres erreurs, mais nous le serons toujours en voulant suivre la sagesse et l’amour du Christ. Et comme dit Saint Paul : « Nous serons crucifiés pour le Christ. » Et Jésus nous le dira également : « Ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi. » (Jn 15, 20)
Mais Jésus nous le dit : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne.» (Mt 10 28) Les martyrs de tous les temps ont choisi de mourir pour le Christ en imitant son sacrifice d’amour et pour partager avec lui sa gloire éternelle. Même si nous ne sommes pas des martyrs de sang nous serons toujours des martyrs en voulant témoigner de la vérité et de l’amour du Christ devant ceux qui les refusent parce que ces exigences leur rappellent leur devoir d’homme et de chrétien.

Prions Marie qui défait les nœuds de nous aider à ne pas craindre de témoigner de la vérité et de la charité du Christ en ce monde qui en a tant besoin pour connaître un peu plus de paix de justice et d’amour dans les familles et la société, même si nous devons être rejetés et bannis pour notre courage qui nous vaudra, un jour, la couronne éternelle des Justes. Amen

Père François Zannini