Dans la seconde allégorie, sainte Hildegarde nous présente la mollesse humaine face au courage en Dieu. En effet, l’homme dans sa mollesse révèle sa paresse, sa torpeur, sa négligence, sa passivité dans la vie et il devient un être oisif oubliant ses dons reçus pour remplir son devoir envers Dieu et les hommes.

Mollesse, négligence et paresse
La seconde allégorie de sainte Hildegarde touche un trait de caractère très fréquent dans la nature humaine : la mollesse, la négligence et l’indolence ou la paresse pour faire ce qu’il faut faire, pour se corriger de ses défauts, pour accomplir son devoir ou son travail.
En fait, le négligent, le paresseux, le nonchalant se dit : « Pourquoi supporter une vie dangereuse et laborieuse, pleine de tribulations alors que je n’ai pas commis beaucoup de péchés. »
Mais le paresseux se dit : « Beaucoup pleurent, crient et macèrent leur corps au point de pouvoir à peine vivre. » Pourtant ils ont de mauvaises mœurs et commettent péché sur péché. À quoi leur sert cette peine ? Moi dans la mollesse fuyant la peine ou l’effort, j’ai une vie meilleure que les autres, je ne veux donc aucune peine car si je me donne du mal pour faire ce qui m’est contraire, Dieu me perdra-t-il pour cela ?
Dieu m’a donné des dons, c’est pour les exercer et œuvrer pour sa gloire. Jésus nous rappelle que le chrétien est le sel de la terre et la lumière du monde. Il se doit par ses actes de fertiliser la terre, de donner le goût du bien, du beau et du vrai aux hommes, et il est la lumière du monde en éclairant les hommes pour qu’ils vivent dans la sagesse et la vérité de Dieu. (Mt 5, 13-16)
Dieu sera donc glorifié par nos bonnes œuvres.
La parabole des talents est encore une preuve que Dieu n’aime pas les paresseux qui refusent de faire fructifier leurs talents, et Jésus récompense celui qui avait cinq talents et qui en redonne cinq autres à son maître, et la même chose avec celui qui avait deux talents et qui en redonne deux autres à son maître, c’est-à-dire qu’ils ont travaillé pour étendre le règne de Dieu parmi les hommes.
À l’un qui avait cinq talents et à l’autre qui en avait deux talents fructifiés, il dira à chacun : « C’est bien, bon et fidèle serviteur, en peu de chose tu t’es montré fidèle sur beaucoup, je t’établirai, entre dans la joie de ton maître. » (Mt 25, 22-23)
Quant au dernier qui avait reçu un talent et qui le redonne à son maître sans l’avoir fait fructifier, Jésus dira : « Et ce propre à rien de serviteur, jetez-le dehors dans les ténèbres, là où seront les pleurs et les grincements de dents. » (Mt 25, 30)
La mollesse et la paresse sont deux défauts que Dieu nous fait payer cher, parce que nous n’avons pas œuvré au bien des hommes et à la gloire de Dieu.

Le courage en Dieu, la détermination, la force morale et la fermeté
La réponse à la mollesse et à la paresse est le courage en Dieu, la détermination, la force morale et la fermeté.
Sainte Hildegarde répond à la paresse et à la mollesse par une image bien ciblée : « Ô poussière et cendre de misérable putréfaction, tu as été empoisonnée dès la naissance de la première image corporelle, et jusqu’à maintenant tes œuvres sont inutiles, tu n’es même pas comme les vers qui en travaillant dans leurs trous, se procurent de quoi manger, ni comme les oiseaux qui font leur nid et qui même dans des conditions pénibles, cherchent leur nourriture pour entretenir leur corps. Rien ne peut rester en vie sans peine. Cette vie est éloignée de celle que tu souhaites et qui est celle du Paradis où les yeux qui voient dans la béatitude ne sont jamais obscurcis. »
Et sainte Hildegarde révèle au paresseux : « Toi, malheureux privé de la sagesse de Dieu, tu désires avoir ce que personne ne te donnera, puisque tu veux recevoir sans travailler, ce que dans ta paresse torpide, tu ne pourras saisir. Mais dans la chambre royale, je sers le courage du lion, c’est-à-dire de l’humanité du Sauveur, je soupire après tous les biens de Dieu, et déployant mon manteau, je vole partout. C’est pourquoi toutes les langues et nations humaines voulant persister dans le bien, crient vers moi et désirent m’avoir, et c’est le courage en Dieu, la force morale, le zèle et la fermeté dans l’effort qui font les hommes debout, alors que toi avec la mollesse et la paresse, elles te considèrent comme un cadavre inutile puisque tu n’accomplis pas l’œuvre de tes talents reçus. »

Prions Marie qui défait les nœuds de révéler aux hommes et femmes paresseux, indolents ou oisifs, la souffrance qu’ils se causent à eux-mêmes et aux autres par leurs défauts, et de prendre conscience que le Royaume des Cieux appartient à ceux qui œuvrent avec la grâce pour le mériter par amour de Dieu. Amen

Père François Zannini