Nous sommes tous pécheurs, Ô Marie, et l’éclat de votre sainteté, de votre Immaculée Conception, devrait nous aveugler et nous rejeter dans les ténèbres. Mais nous savons que vous êtes notre Mère et que vous nous aimez avec Jésus au-delà de notre misère. C’est pourquoi nous venons à vous, vous, le refuge des pécheurs, prête à nous confier à votre divin Fils, pour recevoir son pardon et l’assurance de notre salut.

L’homme après le péché

Après le péché originel, l’homme connut l’affaiblissement intellectuel, confinant à l’aveuglement concernant les choses de Dieu, à la langueur et à l’affaiblissement de la volonté pour tout ce qui touche au bien moral ;à la dépravation et à l’infirmité du libre arbitre et à la surexcitation fébrile de l’appétit sensitif. C’est là le terrain maudit, la vigne de Satan d’où germent et se développent toutes les maladies de l’âme qui sont l’expression finale de ses passions dévoyées, arrivant par leurs soulèvements tumultueux, leurs efforts insensés et criminels, leurs excès multiples, à détruire de plus en plus en elle, toute racine de vie, à la plonger, à la sceller dans la mort éternelle. Cette mort de l’âme est d’autant plus terrible que ceux qui en sont victimes, ne s’en inquiètent pas. Pour eux la vie du corps est tout et ils ne redoutent que la mort de ce corps. Ils savent que l’âme existe mais ils ne s’en préoccupent pas. L’homme oublie souvent que c’est par le péché que l’âme peut mourir, le péché mortel seul la séparant de Dieu qui est son unique vie.
Si Jean dans l’Apocalypse nous dit qu’il y a deux degrés dans la mort, le premier est la mort par le péché qui prive la présence de Dieu dans l’âme et si le pécheur ne change pas durant sa vie et meurt ainsi, c’est la seconde mort après le jugement divin où l’âme jugée part pour l’enfer éternel.

Le recours à Marie, refuge des pécheurs

En effet, le pécheur désespéré devant sa misère n’ose plus se tourner vers Dieu et il sait qu’il a encore une Mère en Marie qui lui ouvre ses bras pour l’accueillir et le conduire à son Fils pour recevoir son pardon et la paix de sa miséricorde.
C’est aussi dans ce sens que Marie est le refuge des pécheurs prête à accueillir tout pécheur invétéré qui retrouve en Marie la force de se relever pour faire la volonté de son Fils et reprendre le chemin par une conversion et une confession sincère, libératrice et salutaire pour le bien de son âme devenue de nouveau une amie de Dieu.
Si le Christ juge et émet une sentence, Marie n’est que miséricorde et elle conduit tout pécheur à se réconcilier avec son Fils toujours prêt à pardonner parce que son amour est plus grand que son désir de justice. Celle-ci s’applique quand le pécheur refuse son pardon, Marie est là pour encourager ses enfants à demander pardon à son Fils pour recevoir sa miséricorde et espérer dans son pardon le salut de leur âme. Et pour que Marie puisse être le refuge des pécheurs, Jésus lui a donné un cœur de Mère pour tous les pécheurs et une puissance souveraine pour les secourir et les délivrer.

Marie est une mère pour tous les pécheurs

On peut se dire comment cette Vierge si pure peut-elle avoir pour les pécheurs une telle tendresse quand elle sait combien Dieu déteste le péché ? La vérité est que Marie fut créée, ornée et parachevée pour être justement la porte par où passe la miséricorde infinie, qui est comme le cœur de Dieu, et comme le fonds de son éternelle Justice, pourra s’épancher. Dieu est tellement amour qu’il n’est que cela, même quand il veut se montrer sévère dans ses jugements, c’est l’amour en lui qui s’affirme, c’est l’amour qui s’exerce, c’est l’amour rebuté, insulté, foulé aux pieds qui se retire. Que peut faire l’amour quand il voit qu’il ne sera jamais aimé ?
L’amour divin peut multiplier ses avances, supplier, pleurer, il peut mourir pour montrer qu’il est prêt à donner ses biens, sa gloire et même sa vie pour ceux qu’il aime, mais ce qu’il ne franchira jamais, c’est la liberté de l’amour. Il a donné la liberté à l’homme de l’aimer ou de le rejeter. Et l’amour divin tout puissant est forcé de s’arrêter là. Si Dieu forçait l’homme à l’aimer, il se nierait dans son amour et cela ne peut être. L’amour divin respecte la liberté qu’il a donnée à l’homme pour l’aimer avec sa grâce ou refuser la grâce et le haïr.
Pour réhabiliter l’homme et le relever de sa chute, son immense charité a prévu Marie l’Immaculée. Celle-ci va lui permettre de sauver l’humanité en lui donnant sa chair et de devenir sa mère pour ramener tout homme à son divin Fils par sa tendresse maternelle. Le Père éternel en faisant Marie, cette Vierge si pure, si belle et si grande, qu’il réalisa si bien de toute sa personne, l’expression vivante et aimable de son excessive charité ? C’est de Marie que le Fils sera engendré, lui égal à son Père et la Vierge Marie pourra dès lors s’unir de tout son être de mère du Verbe incarné, à lui, le Père de ce même Verbe pour le donner au monde, en sorte que dans ces deux natures, et dans l’unité de sa personne de Fils de Dieu et fils de la Vierge, le Christ sera vraiment le bien propre du monde.
C’est ainsi que le Christ est arrivé au monde pour être à la fois le remède, la rançon, la lumière, la vie ; que les enfants des hommes se souviennent des paroles du Fils de la Vierge qui nous crie : « L’heure vient, que dis-je, elle est déjà venue où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et où tous ceux qui voudront bien l’entendre, vivront. »

C’est par sa chair et son sang, c’est par là que vous pouvez seulement aspirer, puiser tous ces biens divins. Souvenez-vous, Ô morts, que tout cela vous vient de la Vierge. Inclinez-vous devant elle, pécheurs, et saluez-la comme la porte, la lumière, comme la racine de votre vie, comme la fontaine de votre résurrection, en un mot, comme votre première espérance et comme votre suprême refuge.
Marie est le refuge des pécheurs parce qu’elle est la Mère de la miséricorde divine pour ses enfants malheureux. Ils le sont parce qu’ils se sont faits les ennemis du Bien suprême et à cause de cela, ils provoquent une immense pitié pour répondre à l’infini de leur infortune.
Le péché a produit de grandes catastrophes dans le chœur angélique, parmi les hommes, soit dans le peuple juif. Un seul acte d’orgueil pour les anges, une seule désobéissance pour les hommes et un seul crime pour les juifs, ont suffi pour que Dieu les foudroyât. Le péché n’est pas moins odieux parce que c’est nous qui le commettons. Rien ne pourra jamais subsister devant la pureté infinie de Dieu. Parfois découragé par son péché, l’homme désespère de revenir à Dieu ; il lui reste Marie et sa miséricorde maternelle pour le conduire à son Fils et le relever par sa grâce si l’homme le veut. La Mère de Dieu peut seule puiser l’amour jusqu’à la folie ! C’est son droit et son excuse parce que nous sommes ses enfants et elle veut tant nous sauver parce qu elle sait que tout être humain vaut tout le sang de son Fils. Et l’homme avait besoin de ce secours extraordinaire pour pouvoir rentrer dans le cœur de son Fils une fois qu’il en serait rejeté ou repoussé par son péché infâme.
Il faut une grâce spéciale au pécheur invétéré pour reprendre le chemin divin. Ils ont Jésus, sa parole, ses enseignements, ses sacrements, les mérites de sa passion, sa mort et sa résurrection. Mais personne ne peut aller à Jésus s’il n’est attiré par son Père. Jésus vient de son Père et de Marie sa Mère. Et cette Vierge est si identifiée au Père céleste dans cette génération de l’Homme-Dieu, qu’elle semble être l’expression sensible de la lumière, de l’amour et de la générosité excessive du Père qui le donne par elle et d’elle. Ainsi se complète et s’achève cette échelle merveilleuse par laquelle le pécheur, de son abîme, peut remonter vers Dieu le Père éclairé par la lumière du Fils.
Marie est non seulement la Mère d’où tous ces nouveau-nés de la mort reprennent le principe de la vie divine, mais encore la Nourrice qui les élève et le Guide qui les dirige. Avec quel amour et avec quelle sollicitude de ce soin qui lui est confié par la miséricorde infinie, d’être le refuge des pécheurs ! Il ne peut pas en être autrement puisque Marie est le sanctuaire vivant et le canal reconnu de l’Esprit Saint et de toutes ses grâces de régénération surnaturelle. Si l’Esprit Saint est passé par le sein de Marie pour engendrer le Fils de Dieu, comment ne pourrait-t-il pas faire renaître d’une telle source les pécheurs qui l’appellent du fond de leur abîme. Marie a été le refuge du Bon Pasteur, elle sera aussi le refuge de ses brebis. C’est de là que Jésus est parti pour aller à la recherche des brebis perdues, et où voulez-vous qu’il les ramène si ce n’est dans le sein et les bras de sa mère ?
Si le pécheur peut désespérer de ses péchés devant la justice divine parce qu’ils lui font horreur, mais en venant se blottir dans les bras de Marie, il sait qu’elle plaidera pour lui le pardon divin, trop heureux d’obéir à sa mère qui lui réclame le salut de cette âme pour qui il a versé tout son sang sur la croix.
Marie est toujours en enfantement parce qu’elle nous a donné Jésus notre Sauveur et veut continuer à lui enfanter des enfants pécheurs qui veulent renaître à la vie de la grâce et posséder le salut agréé par son Fils.
Tout pécheur qui a encore une étincelle de foi peut se tourner vers Marie et s’agenouiller devant elle et lui tendre les bras, avec la certitude qu’elle viendra l’accueillir et implorer son Fils de lui pardonner, ce qu’il fera parce qu’il ne peut rien refuser à sa Mère vu qu’ elle lui demande toujours ce que son cœur désire : le salut du pécheur qu’il aime plus que tout et à qui il pardonne ses péchés si son repentir est sincère et présenté par sa Mère si miséricordieuse.
Le pécheur ne doit jamais désespérer de l’abîme dans lequel il est tombé parce que l’abîme de bonté, d’amour et de pardon de Marie est mille fois plus grand que notre misère. Marie est le refuge des pécheurs et elle existe et règne pour cela parce qu’elle est notre Mère qui n’abandonne jamais son enfant. Si on vient à elle, elle nous dira toujours : « Aie confiance, mon fils ou ma fille, je suis là » et dans un sourire d’amour, elle nous pardonnera pour nous assurer de la miséricorde de son Fils.
Face à ce vent diabolique qui souffle sur la France et le monde, que ses enfants qui la vénèrent ne craignent pas, elle sera toujours leur refuge et ils seront sauvés. Comme toujours, disons à Marie, comme Saint Éphrem, sans jamais nous troubler : « Nous vous saluons comme l’asile assuré et le refuge ouvert sans cesse aux pauvres pécheurs, nous reconnaissons en vous le vrai propitiatoire de tous ceux qui plient sous le fardeau de la vie. Salut donc à celle qui est la douce espérance de nos âmes, notre secours quotidien, la ressource des désespérés, et de quiconque qui a besoin de la grâce. »
Marie est le refuge des pécheurs toujours prête à guérir et à rassurer le pécheur pour le faire ressusciter à la vie de son divin Fils.

Avec quelle puissance Marie exerce son rôle de refuge des pécheurs

Si le Père a fait la loi, la Mère la fait aimer et suivre. Si le Père décrète les châtiments, Marie intercède pour les coupables et les attirer par son amour au repentir ; quand le Père voit trop pleine la mesure de sa justice et s’élance pour frapper plus ou moins grièvement et parfois mortellement, Marie s’interpose entre le Père et l’enfant et fléchit le Père par ses larmes et ses soupirs et l’incline à de nouveaux délais et de nouvelles miséricordes. Voilà comment agit Marie dont Dieu est le Père et Marie la Mère. Elle est Reine comme Dieu est Roi et c’est une Reine de bonté, de douceur et de pitié comme Dieu est le Roi tout puissant très juste et infiniment terrible pour le pécheur sans repentir.
Ce qui fait la puissance de Marie est qu’elle est à la fois Mère du Roi, Fille du Roi, Épouse du Roi, trône et tabernacle du Roi.
Marie, reine et dame du Ciel et de la terre, a donc une puissance sans bornes aucunes. Quand Jésus dit aux apôtres qu’il est doux et humble de cœur, c’est l’héritage qu’il avait reçu de Marie, cachet de sa ressemblance dont il avait reçu lui-même l’abîme de la douceur et de l’humilité.
Au Ciel, Jésus a dressé un trône à sa Mère, celui de la miséricorde pour contrebalancer la sévérité de ses jugements. Que de pécheurs Marie a sauvés de l’enfer parce qu’elle fut bienfaisante et attentive pour eux en attendant qu’ils reviennent à la vie.
Marie est toute puissante au Ciel, sur terre et dans l’enfer. Elle sait comment le démon agit dans son Église pour donner à ses victimes toute la richesse, la gloire, les honneurs terrestres qui les perdront s’ils ne réagissent pas à ce crescendo de mort éternelle. Il faut un miracle pour briser l’engrenage de l’âme possédée par le mal et inféodée aux ruses sataniques flattant son orgueil, sa sensualité et tous ses défauts qui peuvent le perdre à jamais.
Marie dans sa puissance maternelle, intercède auprès du Christ pour qu’il agisse et délivre des possédés du démon. Ce fut le cas avec Marie Madeleine à qui Jésus fit sortir les 7 démons qu’elle avait en elle et qui avaient corrompu sa vie.
La puissance de Marie est qu’elle s’unit aux souffrances de son Fils en croix et s’enrichit de ses mérites. Elle devient ainsi la grande pourvoyeuse des pécheurs indignes de pardon et abandonnés du Ciel parce que trop enchaînés au démon par de nombreux péchés mortels.
Pendant si longtemps, à tous les appels du Christ mourant de cette soif qui est son amour, le pécheur ne lui avait donné pour le désaltérer, que le fiel de ses crimes et voilà que grâce à Marie, il lui donne enfin l’eau pure de ses larmes de repentir et de reconnaissance. L’intervention de cette Mère pour Dieu est bien le triomphe achevé de sa miséricorde et le complément de sa Rédemption.
Sur la croix, les deux larrons se moqueront de Jésus selon Saint Matthieu, quand Jésus s’écria : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? »Marie s’approcha de la croix entre Jésus et un bandit et elle pria pour la conversion du larron attendri par le spectacle de sa douleur maternelle. Sa prière fut aussitôt exaucée et le bon larron devint un grand saint. Marie s’approchant entre lui et son Fils, sa prière en fit un saint, le premier martyr qui reconnut le Christ comme innocent et sauveur du monde, et il lui demande de le prendre avec lui dans son Royaume. Jésus meurt mais il laisse sa Mère appliquer aux pécheurs les fruits de son sang versé jusqu’à la dernière goutte.
Après sa mort, Joseph d’Arimathie et Jean déposent le corps de Jésus dans les bras de sa Mère qui devient la dépositaire légale au Ciel et sur terre, et la vraie propriétaire et dispensatrice pour tous ses enfants de cette source infinie de miséricorde. C’est ainsi que Marie est établie solennellement refuge des pécheurs.

Et jusqu’à la fin des temps, la puissance de Marie sur le cœur de son Fils est indéniable et miraculeuse car elle peut tout sur le cœur à qui elle a donné la vie et qu’ensemble ils sont prêts à tout pour sauver le pécheur qui s’attendrit comme le bon larron et demande pardon à Dieu par Marie pour aller au Ciel avec lui. Telle est la miséricorde des deux cœurs unis du Fils et de la Mère.

Prions Marie qui défait les nœuds d’intercéder pour nous, afin que par sa prière, nous recevions la grâce de la conversion sincère comme celle du bon larron, afin d’aller au Ciel par sa prière et la miséricorde de son divin Fils qui nous aime plus que nous-même. Amen

Père François Zannini

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