Le Vendredi Saint nous accompagnons le Christ sur le chemin douloureux de son calvaire où notre rédemption a été achetée au prix du sang de l’Agneau immolé. Si le pouvoir du péché a créé des enchevêtrements dans l’étoffe même de la nature et de la société humaine, le calvaire représente le dénouement ultime de ce nœud du mal dans notre monde. Et la Vierge Marie qui était silencieuse pendant la période avant le Pessa’h, se tenait debout au pied de la Croix avec le Christ, unie à Lui qui défaisait le pouvoir de Satan.
Une vision profonde
Une mystique espagnole peu connue du 15ème siècle, la vénérable Marie d’Agreda, décrit une vision très intéressante de la crucifixion. Selon celle-ci, le diable s’est rendu compte de l’identité du Sauveur après que Judas l’ait trahi dans le jardin des Oliviers. Le diable découvrit alors – lui qui était aveuglé jusqu’alors – que la mort de Jésus sur la Croix serait le dénouement total de son royaume du mal. Selon la mystique, pendant que Jésus alla sur la via crucis vers Golgotha, le diable se démena, essayant d’arrêter les violences infligés à Jésus et d’empêcher qu’Il ne meure sur la Croix !
Cette vision mystique n’est pas un article de foi, bien entendu, mais elle est théologiquement cohérente. St. Paul dit que Dieu piégea la diable et utilisa le mal contre Satan lui-même pour nous sauver. Paul parle de la victoire de la Croix comme une procession triomphale du Christ qui « livre publiquement en spectacle » Satan et l’éloigne désarmé, démoralisé et captif (Col 2 :15). Les chaînes du péché dont l’humanité a été libérée ce jour-là ont été utilisées pour enchaîner le diable lui-même !
Le premier témoin de ce grand dénouement ne fut pas Pierre, le chef désigné de l’Église. Car le prince des apôtres avait eu peur de la puissance du mal et s’était caché ce jour-là. Debout au pied de la Croix était la Vierge Marie, la mère de Jésus, unie à sa souffrance, ce qui lui donna une grande proximité au pouvoir de la grâce. En fait, sa participation à l’acte de la rédemption était si complète que l’Église l’a toujours vue comme médiatrice de toutes les grâces qui coulent de la Croix du Christ. Son autorité et son pouvoir en tant que celle qui défait les nœuds est enracinée dans sa présence au Calvaire, souffrant avec le Christ pour la rédemption du monde.
Pendant que le Vendredi Saint passe au Samedi, nous avons hâte de voir la victoire de la grâce qui se montre dans la Résurrection. Nos cœurs vont jubiler pendant l’hymne triomphant de l’Exultet de Pâques et nos vies seront remplies d’une lumière sainte. N’oublions jamais, cependant, que le prix de cette joie est le sang versé par le Fils unique de Dieu. Il était aussi le fils de Marie qui a offert son enfant unique pour les péchés de l’humanité.
Dénouer le péché
Bien que la guerre contre le mal ait été définitivement gagnée par le Christ, les batailles contre le péché seront menées par les êtres humains jusqu’à la fin des temps. Le diable continue de « roder dans le monde en vue de perdre des âmes » comme dit la prière à St. Michel Archange.
Marie, à cause de son rôle privilégié, dénoue le pouvoir du péché dans nos vies chaque fois que nous lui demandons d’intercéder pour nous. Certains péchés sont purifiés par la pénitence où Notre Dame, Mère de L’Église, nous aide à rester proches des sources de grâces offertes par les sacrements. D’autres péchés sont purifiés par la souffrance et la Vierge Marie qui était sur Golgotha avec le Christ se tient auprès de nous dans toutes nos souffrances, en dénouant le pouvoir du péché dans nos vies et en nous menant vers la sainteté.
Plus que tout, nous devons avoir la plus grande confiance en elle et lui apporter toutes nos prières et difficultés chaque jour. Il n’y a aucun souci qui soit trop grand ou trop petit pour une Mère qui souffre avec ses enfants. Après ce jour fatidique sur Golgotha où elle a vu la destruction totale du pouvoir de Satan, Notre Dame se trouve placé de manière idéale pour intercéder pour nous à la source de toute grâce.
Peter Darcy