Sur la terre, il y a beaucoup de vases d’honneur parmi les hommes qui ont su rayonner sur le monde par leur amour de Dieu et des hommes, ce sont les saints qui ont glorifié Dieu pour leur vie d’amour et de louange. Puis il y a les vases d’ignominie, ces tyrans orgueilleux qui ont voulu dominer le monde par la richesse, la puissance, leur intelligence au service de leur gloire.
Mais Marie au milieu de toutes ces créatures de Dieu, est le vase d’honneur par excellence, celui d’où vient à Dieu le plus de gloire, et à toute la création la dignité la plus admirable. Marie est bien ce vase dont parlent les Écritures : vase d’or que rien ne peut briser, vase chef d’œuvre du Très-Haut, vase immense, vase dont la beauté surpasse tout, vase choisi et élu entre tous les autres, vase orné de toutes les pierres précieuses du trésor de Dieu.
Marie a été prédestinée et établie pour être la fontaine inépuisable d’où jaillissent dans les siècles des siècles, la gloire et l’honneur de Dieu et des hommes, car c’est d’elle que se lève dans toute sa majesté de Christ, le Verbe de Dieu venu s’offrir à son Père pour le salut des hommes. Et ce fils de Dieu qu’il est, est aussi le Fils de sa Servante qui nous l’a donné pour être notre Sauveur, notre vérité évangélique et notre amour oblatif dans le pain eucharistique, pour devenir avec lui des saints de Dieu le Père.
Découvrons les quatre significations de vase d’honneur.

Marie, source créée d’où s’élance vers Dieu toute la gloire de ces œuvres extérieures

En effet, Dieu a créé le monde naturel, et la terre et le ciel avec la vie dans les mers, sur terre et dans les airs. Après la création du monde, Dieu prend conseil pour créer après l’ange par esprit avec une intelligence, un amour et une liberté, un être humain avec un corps et une âme, et doté d’un esprit, d’un cœur et d’une liberté.
Si Dieu fit la femme et l’homme si grands dans leur nature humaine, c’est parce qu’il prévoyait que Marie devait naître sans péché et conçue immaculée, et que son Fils, le Fils de Dieu, devait revêtir notre condition humaine en tout, excepté le péché.
Les anges avaient toute l’intelligence et la grâce pour reconnaître le Fils de Dieu incarné. Les bons anges le reconnaîtront et le serviront. Les démons le refuseront dans sa double nature et le combattront pour entraîner les âmes rachetées par le sacrifice de la croix, vers l’enfer.
Mais après le déluge de l’eau et le déluge de feu qui viendra pour purifier l’humanité, il y a le déluge du sang du Christ qui sauvera au lieu de détruire l’humanité.
Mais la chute des anges et des hommes, la nouvelle du salut est annoncée à Adam après sa faute, Et il sait que le démon sera vaincu car la femme lui écrasera la tête sous son talon, et le démon l’atteindra au talon en faisant mourir le Rédempteur par la haine des hommes qu’il a soulevée.
Il était normal que Dieu assurât le salut des hommes, car Adam avait cru à la Rédemption par le Fils de Dieu incarné et il fut disposé à s’attacher de toutes ses forces au Christ Rédempteur.
Les démons veulent s’égaler à Dieu et la sentence fut immédiate et immuable dans le temps, et ils ont été rivés au mal d’une manière irrémédiable.
Le grand mal en ce terrible rejet des démons en enfer, est semble-t-il, l’amoindrissement de la gloire divine, alors que tous ces esprits sublimes pour louer leur Dieu à jamais, ne le feront plus éternellement, et ils seront les seuls à en souffrir. Dieu a tout fait pour eux comme il le devait. Mais maintenant, même révoltés, ils seront toujours soumis à Dieu, et comme dit Saint Augustin : « Ce dragon que vous avez fait pour vous servir de jouet, vous avez formé la nature du démon et non sa malice. » Il est indubitable que là où se trouve le vice de la nature, là s’est trouvée d’abord la droiture de cette nature. Dieu savait tout le mal que pourraient faire les démons, mais Dieu sait tirer un bien du mal, et le psalmiste nous dit : « Le dragon que vous avez formé Seigneur, peut servir de jouet. »
Dieu peut permettre la dégradation ou le mal quand il a prévu que ce mal servirait déjà au bien des justes et au triomphe de sa gloire agrandie.
Le démon en faisant tomber la race humaine, a permis à Dieu de s’incarner, et par ce moyen de devenir la victime innocente et très pure, et de s’offrir à son Père et de l’honorer plus que toutes les créatures raisonnables, et de faire que des hommes avec sa grâce, deviennent des saints et les égaux des séraphins.
Et dans les rangs du Ciel, il y a la Sainte Trinité, et dans le plan divin, il y a le Père qui a choisi Marie pour être la Mère de son Fils, le Fils pour devenir le Fils de Marie et le Rédempteur de l’homme, et le Saint Esprit son époux pour sanctifier l’humanité.
Mais Marie, par son oui, est devenue la source créée par laquelle il est venu à Dieu toute la gloire dans son plan à une nouvelle création, celle de la vérité, de la justice et de l’amour.

Marie est la fontaine jaillissante où les anges, les hommes peuvent venir puiser tout l’honneur que Dieu leur destine

Marie qui a dit oui à l’incarnation du Fils de Dieu, permet la Rédemption du genre humain et la soumission des bons anges au Fils de Dieu pour le servir, l’aimer et l’adorer à chaque instant, dans la mission que Dieu leur confie, et l’insoumission des démons qui refusent d’adorer le Verbe incarné. Les démons emmenés par Lucifer, le prince des démons qui se voulait par sa sublime intelligence, l’égal du Fils de Dieu, refuse de l’adorer et de le servir. Son orgueil le perd, lui et tous ses suppôts avec lui, et ils sont nombreux à refuser le salut offert par Dieu le Père en son Fils à l’homme pécheur.
Mais Marie, en nous donnant Jésus, permet à Dieu de donner une distinction à l’ordre des anges qui furent créés par amour et pour servir à l’amour du Christ dans la connaissance de sa divinité.
Les séraphins sont supérieurs aux chérubins et Saint Michel aura des missions de protecteur et sera chargé d’expliquer la mission divine sur terre. Il guidera Jeanne d’Arc et il sera le premier des anges et apparaîtra à des saints pour leur confier des missions. A Saint François d’Assise, il l’appelle à suivre le Christ qui lui apparaît à travers l’ange.
Les séraphins forment le sommet de la première hiérarchie ; les chérubins suivent les séraphins et Gabriel sera leur membre éclairé et sa mission sera d’annoncer à Marie la venue du Sauveur et la naissance de Jean Baptiste, précurseur du Seigneur, En fait Dieu en prévision pour le salut de l’humanité, accorde à tous les anges, des grâces d’une manière proportionnée à la capacité de leurs dons naturels. Ainsi les séraphins auront des grâces de connaissance, les chérubins auront des dons de science parfaits et de communication, et les trônes sont la participation pleine et entière de la souveraine autorité et puissance de Dieu.
Comme Jésus s’appuie lui-même sur sa mère puisque c’est d’elle qu’il est le Christ et médiateur, cette vierge bénie est donc la grande et universelle médiatrice par laquelle les séraphins, les chérubins et les trônes peuvent arriver à lui et par lui à Dieu.
Et il en est de ces anges très supérieurs sous ce rapport, comme du plus petit des enfants de Dieu. Ils grandissent de la proportion de la gloire qu’ils rendent à Dieu, et ils sont rois en proportion de leur capacité à être serviteurs, servir Dieu pour régner avec lui.
Par Marie et son Fiat, l’homme n’est plus condamné à l’enfer éternel, mais à la grâce du salut à travers le baptême qui lui donne la grâce sanctifiante et en fait un chrétien réconcilié avec Dieu et soutenu par toutes les grâces sacramentelles et la grâce actuelle donnée à tous les instants de la vie. Marie a contribué par le don de son Fils à l’humanité ressuscitée à la vie, de nous aider à vivre dans l’espérance du salut, si avec elle et comme elle, on sait vivre dans son humilité, sa sagesse et son amour de Dieu et des hommes. Si toutes les grâces passent par son cœur et ses mains, il suffit de lui demander, et son intercession est toujours efficace en propension de notre foi en elle et en son Fils qui peut tout sur celui ou celle qui lui fait confiance.
Marie demeure toujours la source jaillissante de la vie qu’elle nous a donnée en nous offrant le Christ, la Voie, la Vérité et la Vie de tout homme.
Marie est la fontaine jaillissante d’où vient la gloire des anges et des hommes, mais elle est aussi la source de gloire pour les frères de Jésus, comme elle est la source de gloire pour Jésus lui-même. Alors sachons remercier Marie de nous avoir donné Jésus, et Jésus de nous avoir donné sa Mère comme Mère des hommes qui prie et intercède sans cesse pour notre salut.

Marie laissant s’écouler d’elle sur toute la création matérielle comme sur son vêtement naturel, un rejaillissement d’éblouissant honneur.

Après la chute de l’homme, celui-ci devait respecter la création et la maîtriser en comprenant ses lois, sa beauté, et sa richesse qui venait du Créateur. Mais l’homme est tombé dans un tel désordre moral spirituel, qu’il a entraîné tout ce qui lui était soumis, en le dégradant et en le déshumanisant. En effet, l’homme en est venu à se faire l’adorateur de la nature, des animaux et même de lui-même en se prenant pour un dieu, et c’est Marie qui va rendre à cette création l’honneur qu’elle avait perdu. En effet, après 40 siècles d’horreur, de ténèbres, c’est Marie qui va donner et révéler au monde son Fils qui est la vraie lumière, et restaurer en l’homme la dignité perdue par le péché originel. Marie a réparé et relevé toutes choses en engendrant le Fils de Dieu dans sa chair. Elle engendra celui qui donne l’origine de toutes choses, et de ce fait, elle devient la souveraine dans la proportion que son Fils en est le Souverain Seigneur, puisque Maître de la Vie, et à ce moment-là c’est toute la nature qui renaît avec les anges qui proclament le Sauveur né à Bethléem, les bergers qui viennent l’adorer, et les rois mages avec leurs cadeaux : l’or car Jésus est Roi, l’encens parce qu’il est Dieu, et la myrrhe parce qu’il est le Rédempteur du monde.
C’est avec Marie que s’opère la conversion de la nature et en même temps celle du genre humain.
C’est Marie qui a rendu à la nature ses vraies fonctions qui sont de raconter les gloires de Dieu, son créateur, elle a relevé le monde physique comme le monde moral; l’un n’étant que l’image et le symbole de l’autre, leur destinée se tenant par leur principe et par leur fin, elle fait rentrer tout ensemble dans l’ordre et dans la vérité.
C’est pourquoi Marie est reconnue comme la Reine du monde physique et moral et qu’elle mérite le titre de Vase honorable, puisqu’elle a tout remis à l’honneur de Dieu et de sa création, en redonnant aux hommes le sens de Dieu et le désir de l’honorer dans sa création.
Marie a pu relever cet honneur qu’elle n’était pas en droit d’atteindre, en remettant dans les sciences, les arts, la philosophie, la sagesse de la religion chrétienne qui, par le catéchisme de l’église, apprend à l’homme plus que la sagesse des philosophes grecs Platon, Aristote, Socrate, car son Fils est la sagesse incarnée, et le suivre c’est marcher dans sa vérité qui me libère et m’honore, et dans son amour qui me sanctifie.
Marie en nous apprenant à connaître le beau, le vrai et le bien infini, nous a fait apprécier l’attrait et la grâce supérieure, car c’est par elle qu’il a été sur la terre et qu’il a parlé avec les hommes pour leur révéler la vérité qu’il est, grâce à elle il a pu se faire aimer comme un homme, un ami, un frère, et comme Dieu pour ceux qui ont reconnu en lui le Messie.
Marie a voulu rendre le monde plus humain parce que plus chrétien ; en nous donnant Jésus elle a voulu nous éviter de retomber dans le paganisme et la décadence. Hélas, vingt siècles plus tard, où est la dignité humaine qui prône par orgueil l’immoralité et la dégénérescence humaine comme normales, et fait du mal un bien parce que cela lui plaît et lui convient.
Jésus a prophétisé juste : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il encore la foi sur terre ? » (Lc 18, 8)
Marie continue à nous donner son Fils par sa présence de Mère honorable qui nous appelle à l’aimer et à le servir, car en lui est la source de notre bonheur éternel. Bienheureux ceux qui y croiront

Marie demeurant elle-même au milieu de toutes les œuvres extérieures de Dieu comme l’abîme sans fonds et sans rivages de tout honneur et de toute gloire

Si Marie est honorable, c’est parce qu’elle tire cette gloire de la gloire de Dieu qui l’a choisie pour être la Mère de son Fils. Marie et Jésus sont tous les deux la conception de l’amour infini de Dieu qui depuis qu’il existe, c’est-à-dire depuis toujours, Dieu a voulu donner au monde son Fils incarné, son Fils fait de la femme. Dieu n’a jamais pu contempler son Fils, aimer son Fils, vouloir glorifier son Christ, sans contempler, aimer et vouloir glorifier sa Mère.
Et Saint Thomas d’Aquin nous dit que les anges, comme le premier homme, avaient reçu la révélation du Verbe incarné. Ils ont donc bien reconnu la Mère en même temps que le Fils.
Avant la création, Marie existait dans le plan divin, elle était la bien-aimée dans la pensée du Père et la toute belle de son amour. C’est par moi comme par mon Fils, qu’il a fait tout ce qu’il a fait dans l’univers, parce que je suis par un décret éternel la Mère de celui qui disait au monde : « Je suis l’alpha et l’oméga, le début et la fin de toutes choses. »
Adam s’appuie sur Marie qui lui redonne l’espérance du Ciel après sa faute, parce qu’il sait comme Abraham, Moïse et le peuple juif, qu’une femme leur donnera le Messie promis par Dieu.
Marie est honorable parce que chantée par David et les prophètes, et c’est par son antiquité et sa noblesse que l’origine de cette vierge semble se confondre avec la prédestination de son divin Fils.
Le Christ est envoyé pour être le Fils de la Mère, comme elle est envoyée pour être la Mère du Fils.
La Mère et le Fils n’ont qu’un seul but, parce qu’ils ont un seul cœur et une seule âme. Ils se complètent mutuellement partout et toujours. De Bethléem au temple, à Nazareth, à Cana, au Calvaire, vous ne voyez jamais Jésus sans Marie.
Ils vivent et marchent ensemble, comme ils se sacrifient et s’immolent ensemble pour le salut du monde.
Voilà pourquoi Marie aura son Assomption comme Jésus a eu son Ascension. Pourquoi les générations humaines ne s’associent-elles pas avec les anges pour chanter leur commun triomphe ?
Saint Jean dans l’Apocalypse nous relate la grandeur de Marie : « Nous avons vu dans le ciel, une femme revêtue du soleil et la lune sous ses pieds, et elle avait sur la tête une couronne de douze étoiles. » (Ap 12)
Cette femme est Marie selon Saint Augustin et saint Bernard, et c’est la Mère de Dieu. Elle est vêtue de l’éclat de la divinité dans la proportion qu’elle l’a revêtue elle-même de sa propre chair ; elle est sa Mère dans la mesure qu’il est son Fils ; elle reçut de lui dans la même mesure qu’elle lui donne ; elle reçut la gloire de Dieu comme elle lui donne la gloire d’être le Christ.
La lune est sous ses pieds comme un encensoir, et c’est l’Église qui tant qu’elle est dans la voie de l’épreuve, est soumise à tant de variations et d’épreuves, de triomphes et d’humiliations, de croissances et de décroissances.
Marie est là avec sa pure et douce lumière qui brille dans les ténèbres et éclaire notre chemin de vie. Elle est le reflet de la belle lumière divine qui sert de vêtement à sa Reine, et en échange, il la regarde, l’admire et la salue comme sa vraie Mère et sa plus douce espérance, et Marie est glorifiée de servir de support et de piédestal à la gloire du Christ.
Les étoiles qui forment sa couronne sont les anges et tous les élus dans le Ciel.
Telle est la gloire de Marie qui est faite de celle de tous ses enfants, c’est-à-dire de la gloire même du Christ et de tous ses frères.
Marie est le Vase d’honneur par excellence, celui par lequel il a plu à Dieu de puiser sa propre gloire extérieure, et d’en verser les richesses infinies sur le Christ et tous les élus du Ciel et de la terre.

Prions Marie qui défait les nœuds de nous aider à être comme elle, des fils et des filles honorables sur le chemin du Ciel, en faisant la volonté de son Fils pour être avec elle et avec lui dans la gloire du Père, les enfants bienheureux d’avoir vécu avec Marie dans la vérité et l’amour de son Fils. Amen

Père François Zannini