La pédagogie divine peut paraître déconcertante, choquante et même devenir une pierre d’achoppement pour ceux qui sont pusillanimes, étroits d’esprits ou cyniques. Dieu frappe au début à la porte de nos cœurs en attendant qu’Il soit admis, nous poursuivant comme le « lévrier du ciel » (pour citer le poète Francis Thompson), pour ensuite se cacher, semble-t-il, une fois que nous commençons à le chercher.

Comme si cela ne suffisait pas, Il permet que nous soyons accablés par des souffrances qui semblent nous dépasser, nous jetant dans une nuit qui met notre foi à l’épreuve, ce qui peut nous mener à demander pourquoi Il nous a abandonnés – faisant ainsi écho aux mots du Christ sur la croix. Mais puisque notre amour pour et notre foi en Lui doivent être réels et non basés sur la promesse de consolations spirituelles, de succès ou des biens matériels, nous devons être purifiés par le feu de la souffrance. Peut-être aurions-nous quelquefois envie de dire avec sainte Thérèse d’Avila que si c’est ainsi que Dieu traite ses amis, il n’est pas étonnant qu’Il en ait si peu….

On peut observer cette pédagogie à l’œuvre dans les apparitions de la Vierge Marie à Lourdes qui commencèrent le 11 février 1858. La Mère de Dieu aurait pu facilement convaincre les gens en donnant tout de suite son nom et en opérant des miracles. Mais la Vierge attendit jusqu’à la 16ème des 18 apparitions pour manifester son identité et en utilisant alors un terme que Bernadette ne comprit même pas : « Je suis l’Immaculée Conception » – ce qui allait, bien entendu, confirmer que Bernadette n’avait pas inventé cette rencontre. Entre temps, la Sainte Vierge ne parla pas beaucoup, ne dit souvent rien et attendit jusqu’à la 9ème apparition pour demander qu’on fasse pénitence (pendant la troisième, elle demanda avec la politesse d’une reine à Bernadette de lui faire la grâce de venir la voir pendant quinze jours, tout en lui disant qu’elle ne serait pas heureuse dans ce monde, mais dans l’autre). Deux fois elle ne vint pas du tout (pauvre Bernadette !). Et pendant la 9ème apparition, elle demanda à cette petite fille des Pyrénées de boire à la fontaine (qui n’existait pas), de s’y laver et de manger de l’herbe. Bernadette dut creuser un trou dans la terre et ne réussit qu’à ingérer avec grande difficulté un peu de boue et de s’y « laver ». Beaucoup de personnes pensèrent alors qu’elle était folle. Mais elle ne vacilla jamais et ainsi imita la « dame blanche », comme Bernadette l’appela, qui elle-même n’avait jamais manqué dans sa foi en Dieu- même quand elle vit son Fils mourir sur la croix.

La simplicité et l’humilité de Bernadette témoignent de la vérité de ses déclarations. Avec l’aide de l’Esprit Saint elle a pu répondre à ses contradicteurs, même si elle ne réussit pas à les convaincre. D’ailleurs quand on lui demanda pourquoi elle avait mangé de l’herbe comme les bêtes, elle répondit qu’eux-mêmes mangeaient bien de la salade! Confrontée à ceux qui ne la crurent pas, elle répondit qu’elle n’était pas chargée les persuader, mais seulement de transmettre son message.

Bien que le Ciel mette notre foi à l’épreuve, il nous donne aussi beaucoup de raisons pour croire, si seulement nous sommes patients. Là ou Bernadette creusa, jaillit une source d’eau apparemment intarissable qui allait guérir des milliers de personnes, même si seulement 70 miracles furent approuvés par l’Église, qui préfère pencher du coté de la prudence. Oui, il y a encore à Lourdes des choses insupportables – le côté commercial, les magasins remplis de kitsch religieux (par contre, je recommande d’aller visiter là-bas le magasin des petites sœurs de Bethléem). Mais ni la Vierge Marie ni cette jeune fille ne demandèrent ou encouragèrent cela. Il y aura toujours suffisamment de péchés dans l’Église sur terre pour causer scandale, mais sa sainteté – si l’on a la patience et l’humilité de la percevoir – est infinie.

Chaque lieu d’apparitions a son charisme particulier. À Fatima on sent l’urgence de se convertir étant donné les signes des temps, à Medjugorje (qu’on y croie ou non) une immense paix. A Lourdes, on voit la misère du monde défiler devant la grotte, cherchant de l’aide. Tout le monde n’y est pas guéri, mais beaucoup reçoivent des grâces qui leurs permettent de porter leur croix avec plus de sérénité et de courage. Il y aura toujours des écrivains comme Émile Zola qui se moquent des croyants et qui non seulement ne seront pas convaincus par les miracles, et qui iront jusqu’à mentir (Zola prétendit que Marie Lebranchu et Marie Lemarchant n’avaient pas été instantanément guéries de la tuberculose, mais qu’elles moururent peu après leur pèlerinages – deux mensonges !). Mais il y eut également un grand écrivain Juif autrichien, Franz Werfel, qui composa un chef-d’œuvre avec son livre Le Chant de Bernadette et érigea un monument littéraire à la Sainte Vierge.

Marie qui défaites les nœuds , s’il vous plaît, dénouez les nœuds de nos maladies, de notre manque de foi et de notre étroitesse d’esprit en ce jour de votre fête pour permettre à Dieu de transformer nos cœurs.

Marie Meaney

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