Nous publions à l’occasion de l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ la vision qu’en rapporte la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich. Elle nous montre la Vierge Marie et le rôle qu’elle joua auprès des Apôtres pour les consoler et les guider.
Avant de quitter le cénacle, le Seigneur leur présenta la sainte Vierge comme leur centre et celle qui devait intercéder pour eux : Pierre et les autres s’inclinèrent et elle les bénit.
Au moment où cela avait lieu, je vis Marie comme revêtue surnaturellement d’un grand manteau bleu céleste ; une couronne planait au-dessus de sa tête et elle fut comme élevée sur un trône. C’était une image symbolique de sa dignité qui m’était ainsi montrée. Dans des visions antérieures, j’ai vu dans des occasions importantes, par exemple avant le baptême qui eut lieu le premier et le second jours de la Pentecôte, les apôtres recevoir de Marie une bénédiction semblable.
Le matin, au point du jour, Jésus quitta le cénacle avec les onze apôtres. La sainte Vierge marchait derrière eux et la troupe des disciples suivait à peu de distance. Ils passèrent par les rues de Jérusalem où tout était encore dans le silence et livré au sommeil. Il y eut dans les discours et dans tous les actes du Seigneur une solennité et en même temps une promptitude qui allaient toujours croissant. La veille au soir il m’avait paru beaucoup plus affectueux dans ses paroles. Je reconnus le chemin qu’ils suivaient : c’était celui du dimanche des Rameaux, et j’eus le sentiment intérieur que Jésus parcourait avec eux tous les lieux témoins de sa Passion, pour vivifier en eux par ses enseignements et ses exhortations l’accomplissement de la promesse. Ils suivirent toute la voie douloureuse : il s’arrêta quelques instants à chacun des endroits où avait eu lieu quelque incident particulier ; il commenta quelques passages des prophètes dont il leur montra l’accomplissement et il leur expliqua la signification des lieux. Dans certains endroits, comme par exemple ceux où il était tombé sous le poids de la croix, les Juifs avaient tout bouleversé : ils avaient creusé des fossés, amoncelé des pierres et accumulé des obstacles de toute espèce pour empêcher de les visiter et de les honorer. Mais Jésus ordonna au groupe qui le suivait de prendre les devants pour frayer et débarrasser la voie : ce qu’ils firent en peu de temps ; après quoi ils le laissèrent passer devant eux.
Ils arrivèrent à la porte qui conduit au Calvaire. Ils quittèrent là le chemin pour gagner une jolie pelouse qu’ombrageaient des arbres touffus : c’était un endroit ou l’on venait se récréer ou prier, comme il s’en trouvait plusieurs autour de Jérusalem. Jésus s’y assit avec eux, les enseigna et les consola. Pendant ce temps, le jour s’était fait et leurs cœurs étaient un peu allégés : il leur semblait qu’il allait encore rester avec eux.
Toutes les troupes qui la veille s’étaient séparées de lui devant la ville vinrent le rejoindre là. Je vis aussi beaucoup de gens qui venaient d’un autre côté à travers la campagne ; mais il n’y avait pas de femmes parmi eux. Lorsque le soleil fut levé, Jésus reprit le chemin qui mène au Calvaire et au saint Sépulcre. Toutefois il n’alla pas tout à fait jusque-là, mais il se détourna et longea les murs de la ville jusqu’à la montagne des Oliviers. Sur ce chemin aussi, les Juifs avaient dévasté et entouré de barrières divers endroits où Jésus avait coutume de prier et d’enseigner, et ces dégâts furent réparés par les disciples à l’aide d’outils qu’ils trouvèrent dans les jardins d’alentour : je me rappelle entre autres certaines pelles rondes semblables à celles qu’on emploie chez nous pour enfourner le pain.
Arrivé près de la montagne des Oliviers, le Seigneur se reposa de nouveau avec eux dans un lieu de plaisance semblable au précédent, mais plus spacieux. Plusieurs des saintes femmes vinrent encore le rejoindre ici. Ce lieu était très agréable et très frais ; l’herbe y était fort haute et j’étais surprise qu’elle ne fût foulée nulle part. Il y avait maintenant tant de personnes autour de Jésus que je ne pouvais plus les compter. Tous les sentiers détournés que le Seigneur avait suivis me rappelaient les nombreux sentiers que je vois ordinairement à côté de la route de vie qui mène directement à la Jérusalem céleste et par lesquels la grâce de Dieu nous conduit pour que nous puissions plus longtemps donner au prochain des marques de notre charité. Il me parut aussi que le Seigneur ne suivait ces chemins détournés que par charité pour les disciples, pour consacrer plus de temps à les préparer. Il s’entretint très longtemps avec eux, comme quelqu’un qui va mettre fin à son oeuvre et qui est sur le point de se séparer de ses amis. Ils pressentaient maintenant que le moment de la séparation approchait ; toutefois ils ne croyaient pas que ce fut si tôt.
Le soleil s’élevait déjà : mais je ne sais pas si je dis bien, car dans ce pays le soleil ne me paraît pas s’élever autant qu’ici : il paraît toujours plus rapproché. Je ne le vois pas se lever comme ici sous la forme d’un petit globe : il m’apparaît bien autrement resplendissant, et la plupart du temps ses rayons ne me semblent pas si délies, mais semblables à de larges bandes de lumière. J’ai commis une erreur en me servant du terme » s’élever » ; j’aime mieux dire que le soleil partant de l’horizon s’était avancé davantage dans le ciel. Ils s’étaient bien arrêtés ici une heure. Maintenant aussi le mouvement de la vie avait recommencé à Jérusalem et beaucoup de gens s’étaient rassemblés autour de la montagne des Oliviers et se livraient à des entretiens animés. Plusieurs groupes sortant de la ville se dirigeaient aussi de ce côté. On voyait déjà dans le lointain une certaine agitation tumultueuse et les chemins les plus étroits étaient encombrés : cependant il restait un espace vide autour de Jésus et des siens.
Le Seigneur se dirigea alors vers Gethsémani : il gravit la montagne à l’endroit où se trouve le jardin des Oliviers, sans passer par le chemin où l’on s’était saisi de lui.
La foule allait comme en procession sur les divers chemins qui serpentaient autour de la montagne, et beaucoup de groupes se frayaient un passage à travers des buissons, des haies et des clôtures de jardins. Le Seigneur devenait de plus en plus lumineux, et la rapidité de sa marche allait croissant. Les disciples se hâtaient, mais sans pouvoir l’atteindre ; et comme le Seigneur était au haut de la montagne, tout environné de lumière, je vis parmi les personnes qui formaient le cercle autour de lui, toutes celles qui étaient venues de Jérusalem à sa rencontre le dimanche des Rameaux : je vis entre autres, parmi elles, la chère Séraphia (Véronique). Lorsque le Seigneur fut arrivé au sommet de la montagne, il parut resplendissant de blancheur comme la lumière du soleil, et il descendit du ciel vers lui une sphère lumineuse où brillaient toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Tous ceux qui se portaient en avant s’arrêtèrent éblouis et comme aveuglés, formant un large cercle autour de lui. Je vis le Seigneur encore plus lumineux et plus éclatant que l’auréole de gloire qui l’environnait. Il posa sa main gauche sur sa poitrine, et, levant la main droite il se tourna de tous les côtés donnant sa bénédiction au monde entier. La foule se tenait immobile et silencieuse, mais je vis que tous furent bénis. Il ne bénit pas comme les rabbins avec la paume de la main, mais à la façon des évêques chrétiens. La bénédiction qu’il donna au monde me fit éprouver un sentiment très vif de joie intérieure.
Cependant une lumière partant du ciel vint se confondre avec sa propre lumière, et je vis sa forme visible, à partir de la tête, se perdre dans cette splendeur céleste, s’y élever et s’y évanouir en quelque sorte. C’était comme un soleil entrant dans un autre, une flamme se perdant dans une masse lumineuse, une étincelle volant dans une flamme. C’était comme lorsqu’on regarde le soleil en plein midi, si ce n’est que la lumière était d’une blancheur plus éclatante : le plein jour paraissait obscur en comparaison. Je ne pouvais plus voir sa tête, je distinguais encore ses pieds brillants de lumière : mais enfin il disparut complètement, perdu dans la splendeur céleste. Je vis de tous côtés des âmes innombrables entrer dans cette lumière, et disparaître dans le ciel avec le Seigneur. Je ne puis dire que je l’aie vu comme quelque chose qui vole dans l’air et qui va toujours s’amoindrissant, mais je l’ai vue s’élever et disparaître dans une nuée resplendissante.
Avec la nuée lumineuse, il tomba comme une rosée de lumière sur tous les assistants : lorsque l’éclat de la lumière devint tel que les yeux ne purent plus le supporter, tous furent saisis d’effroi et de stupeur. Les apôtres et les disciples étaient ceux qui se tenaient le plus près de Jésus : ils furent la plupart complètement éblouis; tous baissèrent les yeux à terre, et plusieurs se prosternèrent sur leur face. La sainte Vierge se tenait immédiatement derrière eux et regardait tranquillement devant elle.
Au bout de quelques instants, lorsque la lumière se fut un peu affaiblie en s’éloignant, tous les assistants immobiles à leurs places et gardant le plus profond silence, quoique agités par les émotions les plus diverses, suivirent des yeux l’apparition lumineuse qui resta encore quelque temps visible, et je vis descendre dans cette lumière deux figures, petites d’abord, mais qui bientôt grandissant, apparurent sous la forme d’hommes vêtus de longues robes blanches et ayant des bâtons à la main comme des prophètes. Ils parlèrent aux assistants : leur voix était éclatante comme le son de la trompette, et il me semblait qu’on devait les entendre de Jérusalem. Sans faire un geste ni un mouvement, ils prononcèrent ces paroles :
» Hommes de Galilée, pourquoi restez vous là à regarder le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, reviendra comme vous l’avez vu monter au ciel « . Avant ainsi parlé, ces figures disparurent, mais la lumière céleste persista encore un certain temps, puis s’affaiblit par degrés, et enfin s’évanouit de même que le jour se perd dans la nuit. Maintenant les disciples étaient tout à fait hors d’eux mêmes: maintenant ils connaissaient leur sort. Le Seigneur les avait quittés pour retourner à son Père céleste. Plusieurs tombèrent presque évanouis dans l’excès de la douleur et du saisissement. Pendant ce temps-là la lumière céleste disparut tout à fait; ils reprirent des forces et les autres se pressèrent autour d’eux. Beaucoup de personnes formèrent des groupes, et les femmes elles-mêmes se rapprochèrent; ils restèrent ainsi longtemps encore, réfléchissant, s’entretenant et regardant en l’air; puis enfin, les disciples reprirent le chemin de Jérusalem, et les femmes les suivirent. La sainte Vierge, Pierre et Jean avaient l’âme en paix et ressentaient une grande consolation ; mais je vis aussi plusieurs personnes dont le coeur n’était pas touché et qui s’en allaient doutant toujours. Je vis toute cette foule se disperser peu à peu. Il y avait une pierre plate à l’endroit où se lit l’Ascension. Jésus se tenait debout sur cette pierre, lorsqu’il parla pour la dernière fois avant le moment où il donna sa bénédiction, et où il entra dans la nuée lumineuse. La trace de ses pieds resta imprimée sur la pierre comme aussi l’empreinte de la main de la sainte Vierge. (Anne Catherine n’a point dit où se trouvait cette dernière.)
Il était plus de midi lorsque toute la foule s’écoula. Je vis les disciples et la sainte Vierge aller au cénacle. Comme ils se sentaient seuls désormais, ils furent d’abord inquiets, se regardant comme délaissés. Je me disais qu’ils avaient tort puisqu’il leur restait la promesse de Jésus. J’aurais donné ma vie pour la garantir.
Note : Anne-Catherine ne reproduisit pas ces paroles qui sont tirées des Actes des Apôtres : elle se borna à dire » qu’ils leur adressèrent quelques paroles. »
(Note du Pèlerin.)
Mais lorsqu’ils furent réunis dans la maison, ils trouvèrent une consolation particulière dans la présence de la sainte Vierge au milieu d’eux, et dans sa contenance calme et assurée : ils mirent toute leur confiance dans la parole du Seigneur suivant laquelle elle devait être pour eux un centre, une mère, une médiatrice, et la paix rentra dans leurs âmes.
Quand ceux qui avaient été témoins de l’Ascension revinrent à Jérusalem, les Juifs éprouvèrent un certain effroi. J’en vis beaucoup fermer leurs portes et leurs boutiques : plusieurs se réunirent ensemble dans certaines maisons. Déjà pendant les jours précédents, je les avais vus particulièrement inquiets et tourmentés : ils le furent aujourd’hui à un haut degré.
L’Ascension de Jésus eut lieu sur le point le plus élevé de la montagne des Oliviers.
Le jour d’après l’Ascension et les jours suivants, je vis les apôtres constamment réunis dans le cénacle et la sainte Vierge parmi eux. Depuis le dernier repas de Jésus où cela avait eu lieu pour la première fois, j’ai toujours vu Marie, lorsqu’on faisait la prière et la fraction du pain, placée en face de Pierre, lequel tenait la place du Seigneur lorsqu’on se réunissait pour prier et pendant les repas.
A la fin du sabbat d’après l’Ascension, je vis les apôtres réunis dans la salle du cénacle et priant. Tous avaient leurs vêtements blancs de cérémonie, mais Pierre et deux autres étaient revêtus de leurs ornements distinctifs. Il me sembla voir quelques changements dans leurs cérémonies. Ils se tenaient en cercle sous la lampe. La sainte Vierge était en face de Pierre. Ils avaient entre eux, sous la lampe, une petite table carrée assez haute qui ressemblait à un autel, et qui était recouverte d’une draperie rouge et d’une autre draperie blanche à jour. Je ne me souviens pas d’autre chose quant à présent.
Depuis que Marie a pris place à la table de la cène, dans la nuit d’avant l’Ascension, j’ai l’impression constante qu’elle a pris un plus haut rang parmi les apôtres et que maintenant elle représente l’Eglise.
source: http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/gca.htm
source iconographique: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ascension_(f%C3%AAte)#/media/Fichier:Folio_184r_-_The_Ascension.jpg
Voir aussi, sur notre blog
L’Ascension et la Vierge Marie: le deuxième mystère glorieux