En 1531, la Vierge Marie apparut plusieurs fois à un simple Indien du centre du Nouveau Monde et évangélisa un continent. Son amour maternel a triomphé des profondes divisions culturelles de deux nations hostiles, qui ne pouvaient se réconcilier par leurs seuls efforts.

L’arrivée du franciscain Juan Zumárraga
Le premier évêque du Nouveau Monde, le franciscain Juan Zumárraga, arriva au port de Vera Cruz, au Mexique, en 1528 pour constater que le monde qu’il souhaitait servir était en feu. Ce feu social et moral qui faisait rage à travers le pays était si important qu’il savait que seul un pouvoir plus grand que ses propres capacités pourrait transformer ce feu destructeur en un brasier de grâce. Homme d’une grande sainteté, il marcha pieds nus de Vera Cruz à Mexico, en mode pénitentiel, pour inaugurer son ministère épiscopal auprès des âmes.

Le conflit
Il y avait de bonnes raisons à ce conflit. Les Espagnols avaient vaincu le royaume des Aztèques sept ans auparavant, mais la conquête constituait une occasion pour certains Espagnols de se livrer à une exploitation avide, voire à un trafic d’esclaves. Mgr Zumárraga avait donc été envoyé au Mexique avec le titre de «Protecteur des Indiens», précisément pour mettre fin à ces abus. Cependant, la corruption des responsables gouvernementaux mexicains était si profonde que l’évêque devait souvent faire passer clandestinement sa correspondance officielle à la Cour par cargo, afin d’éviter que ses dépêches ne soient confisquées. Le scandale provoqué par les soi-disant chrétiens avait rendu inefficaces les efforts des missionnaires catholiques pour évangéliser la population autochtone, et Mgr Zumárraga désespérait de trouver une solution à cette situation si compliquée.

Notre-Dame
Notre saint évêque se tourna alors vers la source la plus sûre de réconfort et d’aide qu’il connaissait: la Bienheureuse Vierge Marie. Zumárraga craignait une insurrection chez les Indiens et commença aussitôt à prier pour qu’un miracle prévienne l’effusion de sang. Et le miracle eut lieu. En décembre 1531, Notre-Dame apparut cinq fois à un humble Indien, Juan Diego, lui enjoignant de demander à l’évêque de construire une église, où elle pourrait révéler tout son « amour, sa compassion et son aide » aux habitants de ce pays. Elle a laissé un signe évident de sa présence: un portrait d’elle-même gravé sur le manteau de l’Indien que l’on peut voir à ce jour dans l’église de Mexico.
Mais laissons aux historiens les détails de la charmante histoire des apparitions, afin de nous concentrer sur la grâce inépuisable de Notre-Dame, qui dénoua les nœuds des profondes divisions culturelles. Considérons les faits historiques suivants:

Sacrifices humains
Avant la venue de Notre-Dame de Guadalupe, les Aztèques pratiquaient le sacrifice humain. Les découvertes archéologiques récentes à Mexico confirment l’horreur des exécutions massives liées au système religieux aztèque. La conquête mit fin à ce culte public, mais conduisit cette terrible pratique à la clandestinité, ce qui entraîna une préférence pour le sacrifice d’enfants, car il était plus facile de se cacher.
Avant les apparitions, la grande majorité de la population indienne avait rejeté la foi chrétienne prêchée par les missionnaires. C’était la religion de leurs conquérants, qui leur était étrangère par la langue, la culture et la vision du monde. Elle les obligeait à abandonner des pratiques courantes, comme la polygamie et le culte des démons. En bref, ces différences culturelles profondes ainsi que d’autres rendaient pratiquement impossible l’instauration d’une paix entre les conquérants espagnols et la population qui leur était soumise.
Mais la Sainte Vierge de Guadalupe a dénoué tous ces nœuds en se manifestant par grâce. On ne trouve en effet plus trace de pratique du sacrifice humain après son apparition. Son tendre amour pour le peuple, qu’elle appelait ses enfants, a transformé cette culture sanguinaire en une culture soucieuse de respecter la dignité humaine fondamentale.

Conversion
En outre, des comptes-rendus contemporains rapportent que, dans la décennie qui a suivi les apparitions, neuf millions d’autochtones ont accepté le baptême, soit près des deux tiers de la population totale ! – après avoir abandonné leurs pratiques idolâtres et immorales. C’était comme si un flot d’eau baptismale avait lavé les péchés sanglants de toute une nation.
La Vierge parlait dans la langue autochtone pour plaire aux Indiens, mais elle s’appelait aussi Guadalupe (sanctuaire marial du nord de l’Espagne) pour inclure également les Espagnols dans ce grand mystère de réconciliation. En raison de son attachement maternel aux deux cultures, aucune effusion de sang n’a eu lieu et les deux cultures hostiles ont finalement fusionné, pour former ce que nous appelons maintenant la nation mexicaine.
Nous pouvons nous demander pourquoi Notre-Dame n’élimine pas de nos jours des maux tels que l’avortement ou la traite des êtres humains, ni ne guérit les nombreuses divisions de la société moderne qui causent tant de souffrances. La raison en est peut-être plus à chercher du côté du premier évêque du Nouveau Monde que de celui de Notre Dame. Peut-être avons-nous aussi besoin de marcher pieds nus vers notre destin, implorant Marie qui défait les nœuds de venir nous réconcilier les uns avec les autres.

Peter Darcy

source iconographique: https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre-Dame_de_Guadalupe#/media/File:Virgen_de_guadalupe1.jpg

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *