Saint Jean de Dieu, déjà invisiblement guidé par Le Saint Esprit avant sa conversion, vouait un amour sans limite à la Sainte Vierge qu’elle lui rendit au centuple, car Marie joua dans sa vie un rôle tout à fait exceptionnel empruntant, pour ce faire, des moyens tout aussi extraordinaires en lui apparaissant et elle lui dévoilera alors sa mission de l’aide aux plus pauvres afin qu’il accomplisse la Parole de Jésus citée en bas page. Découvrons son itinéraire marial hors du commun pour vérifier encore une fois que nul ne se perd, mais trouve au contraire sa voie de Bonheur, s’il se confie tout entier à La Sainte Vierge. Nous aussi, en nous confiant sans limite dans un total abandon à notre Maman du Ciel, et spécialement à Marie qui défait les nœuds, nous trouverons notre vocation à L’Humilité, à La Vérité et à L’Amour.

La Sainte Vierge voit en Lui l’image de son Fils qui lui échappa trois jours à Jérusalem…
Saint Jean de Dieu est un des rares saints à être mort le jour anniversaire de sa naissance (8 mars) ! Ce détail est déjà un signe de sa vocation incroyable. Il erra toute sa vie tel un vagabond (comme une âme en peine dirions-nous aujourd’hui), faillit se perdre à de nombreuses reprises pour finalement se trouver en donnant tout à Jésus par Marie. Il naquit ainsi le 8 mars 1495 au Portugal. Ses parents (André et Thérèse Ciudad) l’élevèrent chrétiennement et il avait huit ans lorsque ses parents donnèrent l’hospitalité à un prêtre qui se rendait à Madrid. Or, ce prêtre dit tant de bien des œuvres de bienfaisances qui s’accomplissaient en Espagne que l’enfant, brûlé d’un Feu Divin pour l’amour de son prochain, s’enfuit en secret de la maison paternelle pour le rejoindre. Ses parents, inquiets bien sûr, le recherchèrent en vain et sa mère en tomba malade. Elle en vint à dire à son mari : « André, ne le cherche plus, nous ne reverrons pas notre enfant en ce monde ; son ange gardien m’est apparu pour me dire : Ne vous désespérez pas, mais bénissez le Seigneur, je suis chargé de le garder et il est en lieu sûr. » Thérèse ajouta : « Pour moi, je quitte ce monde sans regret ; lorsque je ne serai plus, André, pense à assurer ton Salut et consacre-toi à Dieu. » Vingt jours après la disparition de son fils, Thérèse mourut et André, renonçant au monde, entra dans un couvent franciscain de Lisbonne. Cet épisode de la vie de Saint Jean de Dieu n’est bien évidemment pas sans rappeler celui de Jésus qui échappa à la vigilance de Marie et Joseph pendant trois jours… Ce qui montre le destin hors norme du petit Portugais, ressemblant trait pour trait à celui de son Maître… Mais ce n’est pas fini et continuons de narrer cette histoire merveilleuse. Nous verrons ainsi que sa vie est comme la duplication de celles d’autres saints !

Jean avait donc rejoint le prêtre sur la route de Madrid, mais arrivé à Oropeza (Nouvelle-Castille), il fut incapable d’aller plus loin et le prêtre le confia au Mayoral du comte dont il devint l’un des bergers. Le Mayoral est l’Intendant (ou régisseur) du ganadero (éleveur de taureaux) qui dirige les vaqueros et accompagne les taureaux de l’élevage aux arènes et représente le ganadero aux courses. Dix ans plus tard, Jean se vit confier l’administration de la ferme du mayoral, lequel prospéra au delà de toute attente. Un peu comme Joseph le fit avec le Pharaon. Décidément, ce saint exhale une odeur toute particulièrement extraordinaire et biblique ! Son maître fut si content de lui qu’il lui proposa d’épouser sa fille. Or, comme Jean avait fait le vœu de se consacrer uniquement à Dieu et que, malgré ses refus, le mayoral revenait à la charge, il prit la fuite pour s’engager dans les armées de Charles Quint. Pendant cette campagne, sans aller jusqu’à imiter les mauvais exemples de ses compagnons d’arme, Jean perdit tout de même un peu de sa ferveur. Mais c’est alors que Marie intervint clairement dans sa vie, en lui apparaissant, pour lui faire rencontrer Jésus : alors qu’il était tombé de cheval (Saint Paul maintenant, sur le Chemin de Damas ?) et laissé sans connaissance sur le bord du chemin où les Français avaient bien des chances de le faire prisonnier, il se réveilla, invoqua Marie qui lui apparut ! pour le ramener sain et sauf dans le camp espagnol. FA-BU-LEUX !

La Sainte Vierge lui apparaît, puis une autre personne également !
Après avoir été faussement accusé d’avoir volé le butin dont il avait la garde, Jean, sauvé de la pendaison par un officier supérieur, quitta l’armée espagnole. Marie l’inspira encore en le menant à prier avec ferveur deux jours à genoux au bord de la route et à méditer au pied d’un calvaire. Il se résolut alors à revenir dans la maison du mayoral qui l’accueillit comme un fils et lui rendit l’administration de ses biens. Sa vocation devint alors claire et l’on y voit bien sûr l’action de Marie pour éclaircir son esprit. Voilà donc comment les choses se passèrent. Constatant que les animaux de la ferme étaient mieux traités que les hommes et que l’on n’hésitait pas à dépenser de fortes sommes d’argent pour eux, tandis que les mendiants étaient renvoyés, Jean pensa que son temps serait mieux employé à soigner les pauvres qu’à engraisser les bêtes, sans pour autant savoir comment s’y prendre. La Sainte Vierge lui fit alors parcourir un chemin de vie bien particulier et avec douceur pour le mener au plénier accomplissement de sa vocation.

C’est ainsi que, le mayoral étant revenu à ses anciens projets de mariage, Jean s’enrôla de nouveau dans les armées. En 1522, après avoir participé à la bataille victorieuse de Vienne contre Soliman II, il quitta la vie militaire et fit un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Il retourna alors au Portugal où il apprit la mort de ses parents. Il résolut d’aller en Afrique pour soulager les chrétiens que les musulmans retenaient en esclavage. À Gibraltar, il se fit serviteur bénévole du comte Sylva que Jean III venait d’exiler à Ceuta (Afrique). Jean se proposait de ramener à l’Église les Chrétiens qui avaient apostasié, mais un franciscain de Ceuta l’informa que le Projet de Dieu sur lui était tout autre et lui ordonna, en conséquence, de retourner en Espagne où Dieu lui communiquerait Ses Volontés. Jean se fit alors marchand d’images pieuses et de chevaleries. Alors, un jour, il rencontra un petit garçon misérable qu’il chargea sur ses épaules. Au repos, le petit garçon se transforma en Enfant Jésus qui lui tendit une grenade entr’ouverte, d’où sortait une croix, et lui dit : « Jean de Dieu, Grenade sera ta croix ! » Son cheminement n’est pas sans faire penser à Saint Christophe qui, lui aussi, vit un jour un enfant, qu’il porta sur ses épaules, et qui lui répondit à sa question de savoir pourquoi Il était si lourd, par une parole semblable : « Car tu portes Celui qui porte le péché du monde. » Marie lui fit donc découvrir Jésus qui lui proposa alors La Croix… LIMPIDE ! Toute sa vocation (sans jeu de mots bien sûr !) explosa alors à Grenade !

Saint Jean de Dieu, Image transfigurée et transfigurante de la Vraie Charité fraternelle !
Jean s’en fut donc à Grenade où, le 20 janvier 1537, il entendit prêcher Saint Jean d’Avila, surnommé l’apôtre de l’Andalousie. C’est « LA » conversion. Une conversion radicale. En l’écoutant, il fut tellement brûlé d’un feu dévorant pour Le Seigneur (appliquant la Parole du Christ : « Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : Le Zèle de Ta Maison me dévore. » Jn 2, 17) qu’il s’imposa une grande pénitence publique. Son attitude ressemblait à celle que les Orthodoxes appellent les « fols en Christ » (en russe : iourodstvo) et le premier de l’ère chrétienne fut Saint Paul en personne : « Nous sommes fous à cause du Christ » (1 Co 4, 9-13). Puis Saint François d’Assise, appelé « l’autre Christ ». Bouleversé donc, par ce qu’il vient d’entendre, il parcourt les rues de la ville en criant « Miséricorde ! Miséricorde ! », il arrache ses vêtements et se roule dans la boue. Les enfants le poursuivent en criant « el loco ! el loco ! » (« le fou ! le fou ! »). Il est alors enfermé dans l’hôpital psychiatrique de l’époque (hôpital de Grenade) ! Il connaît le sort des malades mentaux de l’époque : jeûne, coups de fouets et jets d’eau glacée pour chasser le mal. C’est à ce moment que naît sa vocation : il décide de passer le reste de sa vie à secourir ceux qu’il a côtoyés à l’hôpital Royal : vagabonds, prostituées et surtout malades mentaux.

Libéré sur les instances de Jean d’Avila, il resta comme infirmier, puis fit un pèlerinage à Notre-Dame de Guadalupe d’Estramadure. Tandis qu’il priait devant une image de la Vierge, Marie daigna encore une fois ( !) se pencher vers lui pour déposer dans ses bras l’Enfant Jésus avec des langes et des vêtements pour le couvrir. N’y tenant plus, il se rendit en Andalousie pour rencontrer Saint Jean d’Avila qui le conforta dans l’idée de se consacrer au service des miséreux et lui donna une règle de conduite. De retour à Grenade, il se fit marchand de bois pour ouvrir et entretenir une première maison (« Maison de Dieu ») qui s’avèra très vite trop petite et il en fonda donc une deuxième plus grande. Pour subvenir aux besoins de sa « Maison de Dieu », outre son négoce de bois, il quêta chaque jour en criant : « Frères, faites-vous du bien à vous-mêmes en donnant aux pauvres ! » Très vite, les habitants de Grenade le surnomment « Jean de Dieu ». Cinq compagnons, bouleversés par son exemple, le rejoignent. Les dons lui vinrent et aussi les disciples, avec lesquels il fonda une congrégation d’hospitaliers que Saint Pie V placera sous la règle de saint Augustin (1572). Laissant derrière lui une renommée de sainteté qui traversa les frontières, Jean de Dieu mourut à Grenade le 8 mars 1550, fut béatifié en 1630 et canonisé en 1690. Il a été proclamé patron des hôpitaux par Léon XIII, puis des infirmiers et les malades par Pie XI le 28 août 1930.

 

En ces temps douloureux (sur les plans sanitaire et géopolitique) que nous vivons, invoquons donc sans hésiter un seul instant Saint Jean de Dieu pour tous les soignants (spécialement ceux qui sont encore suspendus) et les patients. Prions, pendant ce Carême où l’aumône chez nous doit grandir comme une fournaise ardente à la suite de Saint Jean de Dieu, surtout Marie qui défait les nœuds pour défaire le nœud crucifiant de nos indifférences et de notre froideur face à la détresse dramatique de notre prochain qui est pourtant un autre Christ et pour transfigurer nos actes en tisons ardents de la Charité Céleste

« Car J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; J’ai eu soif et vous M’avez donné à boire; J’étais étranger et vous M’avez accueilli chez vous ; J’étais nu et vous M’avez habillé; J’étais malade et vous avez pris soin de Moi ; J’étais en prison et vous êtes venus Me voir.” Ceux qui ont fait la Volonté de Dieu Lui répondront alors : “Seigneur, quand T’avons-nous vu affamé et T’avons-nous donné à manger ou assoiffé et T’avons-nous donné à boire ? Quand T’avons-nous vu étranger et T’avons-nous accueilli chez nous ou nu et T’avons-nous habillé? Quand T’avons-nous vu malade ou en prison et sommes-nous allés Te voir?” Le Roi leur répondra: “Je vous le déclare : en Vérité, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de Mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait.” (Matthieu 25, 35-40)

Extrait d’un écrit de Saint Jean de Dieu (Deuxième lettre de saint Jean de Dieu à la duchesse de Sessa)
« Ô ma sœur très aimée, bonne et humble duchesse ! Comme vous vous trouvez seule et séparée du monde, dans ce château de Baena, entourée de vos vertueuses demoiselles et de vos très honorables et estimables dames, peinant et travaillant de jour et de nuit pour ne pas rester oisive ni gâter le temps en vain ; vous voulez prendre exemple sur Notre-Dame la Vierge Marie, toujours pure. Bien que Mère de Dieu, reine des anges et souveraine du monde, elle tissait, en effet, et travaillait tout le jour pour assurer son entretien ; mais de nuit et une partie du jour, elle priait, en sa retraite, pour nous faire comprendre qu’après le travail, nous devons rendre Grâce à Notre-Seigneur Jésus-Christ. N’use-t-Il pas envers nous d’une si Grande Miséricorde qu’Il nous donne le manger, le boire, le vêtement et tout, sans aucun mérite de notre part ? S’Il n’y mettait du Sien, à quoi serviraient nos efforts, notre habileté, notre application ? »

Ch. Leridez

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