Nous fêtons aujourd’hui st Albert le Grand, docteur de l’Église et surnommé « Docteur universel », en raison de l’éclectisme et de l’étendue de ses recherches. Il est également le patron des scientifiques. Personnalité géniale, il a marqué le XIIIès avec son disciple, également dominicain, st Thomas d’Aquin, avec lequel il a étroitement collaboré, mettant à portée des philosophes chrétiens la science et la philosophie gréco-arabe. La dévotion qu’il avait pour la Vierge Marie depuis l’enfance était très profonde et s’est manifestée par différents écrits.

Une personnalité majeure du XIIIès
Étienne Gilson, dans son ouvrage intitulé La Philosophie au Moyen Age, nous explique
:
« Le XIIIès est l’époque où la pensée chrétienne a finalement pris conscience de ses implications philosophiques les plus profondes et réussi pour la première fois à les formuler distinctement. L’accomplissement de cette œuvre capitale est principalement due à la collaboration de deux grands génies, l’un et l’autre de l’Ordre de st Dominique : st Albert le Grand et st Thomas d’Aquin ».

Né aux alentours de l’an 1200 à Lauingen et mort le 15 novembre 1280 à Cologne, st Albert le Grand est un frère dominicain, philosophe, théologien, naturaliste et chimiste allemand, qui fut évêque de Ratisbonne entre 1260 et 1263 et professeur de grand renom au XIIIe siècle. Homme de haute culture, il nous a laissé une œuvre scientifique d’une grande ampleur, particulièrement brillante dans le domaine des sciences naturelles. Il répandit également et interpréta des textes d’Aristote et laissa une œuvre théologique qui servit de modèle à la Somme théologique de son disciple, Thomas d’Aquin.

Une dévotion profonde envers la Vierge Marie
On raconte que le jeune Albert fut gratifié une nuit d’une apparition de la Vierge Marie, qui lui proposa de formuler son souhait. Alors qu’il lui demandait la science de la philosophie, celle-ci lui répondit : « Par ta science, tu illumineras le monde ».

La prière que l’on connaît de st Albert lie d’ailleurs directement sa mission à celle de la Vierge Marie :
« Sainte Marie, Flambeau du ciel et de la terre, comme votre nom l’indique ; de cette terre que vous avez éclairée sur les mystères de votre Fils, Verbe du Père éternel, mystères cachés en Dieu dès le commencement ; vous qui avez illuminé la lumière des anges mêmes, accordez-moi une intelligence lumineuse, des conceptions justes, un esprit fort, une science sûre, une foi solide avec une parole correspondante, qui procure la grâce à mes auditeurs ; c’est-à-dire une parole qui serve à l’affermissement de la foi, à l’édification de la sainte Église et à l’honneur du Nom sacré de votre Fils Notre-Seigneur Jésus-Christ, une parole qui ne cesse de publier vos louanges et d’annoncer vos miséricordes. »

L’éloge de la Vierge Marie
St Albert fait un éloge de la foi de Marie, et la proclame, en vertu de cette foi, véritable « colonne de l’Église »:
« Bienheureuse parce que tu as cru!
(Lc 1, 45)
Si la béatitude est un acte conforme à la vertu parfaite de l’âme, Marie fut extrêmement bienheureuse parce qu’elle fut pleine de vertu et pleine de grâce; prudente et pleine de foi jusqu’à mériter de concevoir en vertu de cette foi et de devenir le fondement et la colonne de l’Église grâce à sa foi. »

La Bible mariale
La dévotion de st Albert le Grand envers la Vierge Marie était telle qu’il lui consacra un ouvrage, intitulé Biblia Mariana (La Bible Mariale). Cette Bible mariale comporte un commentaire, verset par verset, de plus de 600 versets de l’Ancien et du Nouveau Testament, et démontre que tous décrivent, en images, la Vierge Marie.

La médiation mariale
Enfin, st Albert réaffirme, dans la lignée des Pères de l’Église, la médiation de la Vierge Marie : la coopération de Marie au salut s’étend à toute la rédemption humaine, en vertu de l’association de Marie à la vie et à l’œuvre du Christ, puisqu’elle est la Mère du Rédempteur. Elle est donc médiatrice.

Isabelle Rolland

Pour en savoir plus :
sur st Albert le Grand, dans l’Encyclopédie mariale