Dans Le Secret de la Croix, sainte Édith Stein (1891-1942) nous offre une méditation sous forme de prière sur la parole qui atteste de la présence de la Vierge Marie au pied de la Croix lors de la Passion de Jésus.
« Or près de la Croix se tenait sa Mère…
« Juxta crucem tecum stare »[1]
Aujourd’hui j’étais avec Toi au pied de la Croix .
Et j’ai senti clairement comme jamais auparavant
Qu’au pied de la Croix tu devenais notre Mère[2]
Combien déjà la fidélité d’une mère terrestre s’empresse
D’accomplir la dernière volonté de son Fils. Mais Toi
Tu étais la servante du Seigneur [3],
Ton être et Ta vie étaient offerts sans retour
Pour l’être et la vie du Dieu devenu homme.
Ainsi as-Tu pris les Siens dans Ton cœur,
Et avec le sang du cœur [versé dans d’] amères souffrances,
Tu as acheté pour toute âme la vie nouvelle.
Tu nous connais tous : nos blessures, nos faiblesses,
Tu connais aussi la splendeur du ciel dont l’amour de Ton Fils
Désire nous entourer dans la clarté éternelle.
Ainsi Tu diriges nos pas avec sollicitude,
Pour Toi aucun prix n’est trop élevé pour nous conduire au but.
Ceux pourtant que Tu T’es choisis pour compagnons,
Qui un jour entoureront le trône éternel[4],
Doivent se tenir ici avec Toi au pied de la Croix
Et doivent acheter par le sang du cœur [versé dans] d’amères souffrances
La splendeur du ciel aux âmes chères,
Que le Fils de Dieu leur confie en héritage. »
[1] Paroles extraites du Stabat Mater. Sainte Edith Stein regarde de façon originale, sans dolorisme, l’événement du Calvaire, en rejoignant Marie au pied de la Croix.
[2] Toute cette méditation du Vendredi Saint est inspirée par le texte de saint Jean : « Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils ». Puis il dit au disciple: « Voici ta mère ». Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui » (Jn 19, 25-27). La liturgie actuelle propose ce texte lorsqu’elle fait mémoire de Notre-Dame du Mont Carmel.
[3] « Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur; qu’il m’advienne selon ta parole ! » Et l’ange la quitta. » (Lc 1, 38)
[4] « Puis voici que l’Agneau apparut à mes yeux ; il se tenait sur le mont Sion, avec cent quarante-quatre milliers de gens portant inscrits sur le front son nom et le nom de son Père. […] ils chantent un cantique nouveau devant le trône […] » (Ap 14, 1/3)