Découvrir que Marie est la Mère du Sauveur, c’est prendre conscience qu’on ne peut pas séparer Marie de son Fils, ni Jésus de sa Mère. C’est pourquoi nous allons découvrir trois vérités qui relient Marie à notre rédemption. Par son Fiat, Marie permet à Jésus de s’incarner et cette incarnation n’a d’autre fin que notre rédemption. Marie est donc la source vraie et unique de notre salut à Bethléem et elle est Mère de la rédemption. Marie consommant au Calvaire l’œuvre de notre salut, s’immole avec son Fils dans la douleur du glaive qui transperce son cœur et elle agit comme prêtre de la rédemption. Et enfin Marie sera pour toujours le tabernacle où elle garde notre victime, et aussi le ciboire d’où elle distribue à chacun et à tous, l’Agneau de Dieu dont elle est à jamais et sans cesse la Mère dans tous ceux qui comme elle, et par son intercession puissante, deviennent les sanctuaires de l’Esprit Saint.
Ce sont ces trois idées fondamentales : Marie, Mère de la rédemption, Marie, Prêtre de la rédemption, Marie, Tabernacle et Ciboire de l’Agneau Divin que nous allons développer pour mieux comprendre que Marie, Mère du Sauveur, est aussi co-rédemptrice.

Notre salut est dû à Dieu le Père et à Marie la Mère du Sauveur
En effet, le Dieu incarné, ce Fils de Dieu appartient au Père et à Marie. Pour être homme et notre Sauveur, il fut conçu de l’Esprit Saint et de Marie, c’est-à-dire de l’éternel Amour et de celui de la Vierge immaculée. C’est de Dieu qu’il est Dieu et de sa Mère qu’il est Homme. C’est par le concours de ces deux volontés et de ces deux amours, qu’il naquit comme Dieu fait homme, Sauveur du monde. Et comme c’est par son humanité, ses souffrances et sa mort qu’il est vraiment notre Sauveur, on peut dire que Marie est plus ostensiblement la cause, la mère et la racine du Sauveur et donc de notre rédemption.
Dans toute la vie du Christ, le Père céleste apparaît rarement : au baptême de Jésus, à la Transfiguration, mais c’est à Marie qu’est confiée la garde du Sauveur et le soin de l’introduire au monde. C’est Marie qui l’a revêtu de sa chair, qui lui a donné son sang, prix de notre salut, et qui, de Fils de Dieu qu’il était seulement, en a fait notre frère, notre victime et notre pain eucharistique de chaque jour. C’est aussi Marie qui tenant à la fois au calvaire, la place de son Fils en tant que Dieu, et la place du genre humain pour lequel il souffrait et expiait, l’offrait à la justice infinie, de ses mains très pures comme un prêtre revêtu de toutes les autorités du Ciel et de la terre. Comme on la voit au Calvaire, elle restera toujours Mère, Prêtre et Tabernacle de la Sainte Victime du Salut.
Après la révolte des anges, l’homme se trouve soumis à la séduction et à la tentation de Satan, et Dieu savait qu’il succomberait assurément. Le Père en créant l’homme savait qu’il ébauchait le Christ, son propre Fils incarné. Si le démon pouvait savourer sa victoire, il ne pouvait imaginer le plan divin qui fut celui de la rédemption. Celle-ci s’unit d’elle-même à l’incarnation et sur la tête de Jésus vient se poser la couronne du Roi des hommes et des anges, et surtout la couronne bien plus éclatante de Rédempteur universel. Jésus ne vient pas seulement comme un roi, mais comme un ami qui donne sa vie pour ceux qu’il aime, et qui se fait victime à la place de tous ses frères. Jésus pense faire ce qu’il n’aurait jamais pu faire : il pourra s’abaisser, lui la Grandeur suprême ; il pourra s’anéantir, lui la Source de la vie ; il pourra souffrir, lui la Joie éternelle, la Gloire éternelle, il boira jusqu’à l’ivresse au calice de l’humilité, de la pauvreté, de l’obéissance, et manifester ainsi à des proportions inouïes, en même temps que son amour et son dévouement, sa bonté, sa sagesse et sa puissance.
Le Père a permis que, dans sa chute, l’homme descendit profondément, pour que son Fils y descende aussi et se révèle si beau dans la crèche comme sur la croix, car plus le Christ s’abaissera, plus il grandira l’homme ; les abaissements du Christ étant la vraie mesure des grandeurs de l’autre, et le déploiement de son amour, celui de notre réhabilitation.
Avec le Christ, toute notre vie s’éclaire, et les ténèbres font place à la lumière, la souffrance est semence de la joie, l’humiliation est la monnaie des honneurs divins, la pauvreté un précieux titre de richesse. Et pour maintenir l’homme dans ce salut, dans la grâce de la rédemption, Jésus laisse à l’homme son Église, la grâce sanctifiante du baptême, les autres sacrements, et le Corps et le Sang de son Eucharistie, afin que Dieu demeure en l’homme et lui en Dieu, et porte ainsi les fruits de sa rédemption dans la vérité et l’amour.
L’homme est privilégié parce qu’il est l’objet premier et direct de l’amour infini de Dieu. C’est pour lui que Dieu est descendu du Ciel, qu’il s’est incarné, qu’il fut crucifié, qu’il est mort et ressuscité, et il est tellement le roi du cœur du Christ, que c’est à peine si on s’étonne de voir Jésus s’agenouiller aux pieds des apôtres, pour laver leurs pieds et leur montrer qu’il est venu pour servir et non pour être servi ; et sur la croix, sa mort sera l’expression de sa miséricorde infinie pour le salut de l’humanité. Et si tout put s’accomplir, c’est grâce au Fiat de Marie qui est le principe de tous les biens qui jaillissent de la rédemption comme de leur source unique, selon Saint Irénée. C’est grâce à elle, à sa volonté libre, à son humilité, à sa pureté presque infinie, à sa foi surtout qui était comme l’épanouissement gigantesque en elle de ces vertus immenses, qu’elle a pu concevoir le Verbe éternel et l’engendrer de sa chair semblable à nous. C’est à elle que nous devons l’Agneau de Dieu qui efface nos péchés, et elle est la Mère de la rédemption puisque par Dieu, elle en a été établie, la source vivante et consciente autant que volontaire.

Marie consommant au Calvaire l’œuvre de notre Salut, est prêtre de la rédemption
Le Christ, dès sa conception dans le sein de Marie, était le crucifié selon Saint Épiphane ; sa vraie croix fut le sein de sa Mère. En même temps qu’elle le concevait en elle, Marie disait avec l’époux des Cantiques : « Je suis en chemin déjà pour la grande montagne du sacrifice qui sera pour moi comme une mer d’amertume, mais aussi d’expiation par les douleurs de mon Fils et les miennes. »
Marie est aussi, selon Saint Éphrem, l’encensoir d’or où brûlent tous les parfums puissants du Calvaire et des autels où se continue ce sacrifice.
Jésus est notre Rédempteur en tant qu’il est Fils de la Vierge et il reste toujours dépendant de sa maternité. C’est par elle qu’il vient à nous, et ce sera toujours par elle que nous irons à lui. Elle est cette unique porte pour cette mutuelle communication d’amour entre Dieu et l’homme, entre la grâce et le pécheur, entre la vie et la mort, entre la gloire et la honte, entre la force et la faiblesse.
À la croix comme à la crèche, Marie demeure le principe de tous les biens et l’unique refuge des pécheurs, car le Christ ne fait attention qu’aux enfants de sa divine Mère. Sur la croix, Jésus nous l’a donnée pour Mère pour qu’elle nous rende plus intime à lui et qu’il puisse dire à son Père : « Parce qu’ils ont aimé Marie et vous mon Père, ce sont désormais vos enfants car ils ont Dieu pour Père et Marie pour Mère. »
La croix n’est qu’une nouvelle crèche où Marie dépose de nouveau son très cher Fils, afin qu’il puisse consommer son holocauste. Ce corps qu’il sacrifie si généreusement, lui fut donné par Marie, sa chair et son sang sont ceux de Marie. Et dans cette oblation du Christ, il fallait un prêtre pour l’offrir au nom de l’humanité, un prêtre qui soit capable d’offrir pour lui-même et pour tout le peuple (He 5, 3)
Ce prêtre, direz-vous, c’est le Christ lui-même car il est à la fois prêtre et hostie. Mais cela n’empêche pas qu’il devait y avoir au pied de la croix, un prêtre qui là, pût représenter dignement toute la race humaine et l’offrir en son nom propre ; un prêtre autre que le Christ, bien qu’uni intimement à lui. Sur l’autel, il y a un saint Sacrifice, c’est Jésus-Christ qui s’offre lui-même aussi. Mais il s’offre par les mains du prêtre. Le prêtre le fait naître à la vie eucharistique par l’efficacité de sa toute puissante parole, comme Marie l’a fait naître à notre vie mortelle par son puissant Fiat. De même, Jésus s’offre au Calvaire par les mains de la Vierge, comme à l’autel il s’offre par les mains du prêtre.
Marie, pour Dieu, était l’idéal de notre humanité, il ne pouvait trouver des mains et un cœur plus purs pour lui offrir cette victime et pour être l’idéal et la forme de tous les prêtres qui se succèderaient jusqu’à la fin du monde. Comme c’était Marie qui avait consacré la victime, c’était elle qui devait l’offrir. La conception du Verbe à Nazareth et sa naissance à la crèche ne sont que la consécration de la divine hostie que sa mère devait offrir sur la croix.
En réalité, c’est la main de Marie qui a couronné Jésus de ce diadème de toutes les misères, et ce qui l’a livré à toute sa passion, à sa mort en croix et de la croix au tombeau, c’est l’amour de Marie pour nous ; elle qui a souffert au nom de tout le monde racheté, accomplissant en elle, par sa compassion, tout ce qui manquait aux souffrances du Christ pour que le prix de son sang nous fût pleinement appliqué. Elle répètera sans jamais fléchir, ni succomber à sa douleur, la parole qu’elle avait prononcée à l’heure de la mort de Jésus : « Ecce… fiat, qu’il me soit fait selon ta volonté » et uni à sa mère, l’Agneau divin redit sur la croix la parole qu’il prononça en entrant dans notre monde : « Me voici, Ô Dieu, moi votre serviteur, fils de votre servante. »
C’est aussi en ce sens que Marie à la croix s’est offerte avec son Fils comme le prêtre s’offre avec le Christ, et elle devint au Calvaire, prêtre de la rédemption en acceptant et offrant par amour le sacrifice de son fils sur la croix pour le salut des hommes.

Marie est la dépositaire et la dispensatrice de tous les fruits de la rédemption
Marie est le Tabernacle et le Ciboire où restent enfermés et d’où s’épanchent sans cesse la chair et le sang de Jésus avec leur vertu infinie. Quand Jésus nous dit : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi. » (Jn 12, 32)
On peut se poser la question comment le Christ après sa mort honteuse, pouvait-il attirer les hommes à lui par une action plus puissante, plus étendue et bien plus merveilleuse que pendant sa vie terrestre ?
Jésus n’est pas seulement Dieu, il est homme et c’est comme Fils de l’homme qu’il a prêché, qu’il est venu accomplir son œuvre sur terre et qu’il entend la parfaire. C’est comme Homme-Dieu qu’il est « La Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6)
C’est comme Fils de l’homme qu’il a prêché, qu’il a été condamné et crucifié, et c’est comme Fils de l’homme et par des moyens humains qu’il entend continuer à séduire les âmes et les cœurs, après comme avant sa mort. Et il nous l’a dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous. » (Jn 14, 18) et « Je serai avec vous, tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 20)
Et il restera avec nous par l’Eucharistie, le miracle de sa Présence réelle. Il sera au Ciel et partout sur la terre. Et comme il a pardonné à Marie Madeleine, à la femme adultère qu’il a serrée sur son cœur, et embrassé les enfants, et ressuscité Lazare son ami, Jésus est selon la parole de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16, 16)
Et le Christ, fils de Marie, est présent sur tous les points du globe, et continue pour faire sa conquête des âmes et des cœurs. Sans sa présence et l’œuvre du Saint Esprit, que serait l’œuvre des évêques, des prêtres, des catéchistes et de chaque chrétien fidèle à sa parole de vie et à son amour sanctifiant. Mais là où Marie est chassée, on ne trouve plus Jésus. Vous ne trouverez son tabernacle eucharistique que là où sera élevé un autel à Marie. Vous ne trouverez jamais l’un sans l’autre, tant leur action se mêle, s’allie et s’identifie !
Jésus est Fils comme Marie est Mère, c’est leur destinée réciproque. Ils se complètent mutuellement. Si le Fils est le don céleste et le pain de vie divine, aucune parcelle de ce don, aucune miette de ce pain, ne pourra jamais nous arriver que par l’entremise de Marie. Marie est notre Mère et elle nous communiquera toujours son Fils à l’autel, comme à Bethléem aux bergers, aux rois mages, aux enfants comme aux grands, aux ignorants comme aux savants. Marie sera toujours l’explication de son Fils, et qui chasse Marie ignore son Fils. Ils méprisent et repoussent Jésus comme ils méprisent et repoussent la Mère. Les hérétiques, les rationalistes, les impies qui chassent le Christ, chassent aussi la Mère.
Pour aider l’homme à trouver le Christ, il faut lui offrir Marie, Mère du Sauveur, et qui connaît Marie, celle-ci le conduira à son divin Fils et comme épouse de l’Esprit Saint, lui révèlera son histoire dans le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption.
Jésus nous a révélé l’immense grâce de son Eucharistie. C’est la présence de Dieu en l’homme : « Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui. » (Jn 6, 56)
C’est la certitude de la vie éternelle et de la résurrection à la fin des temps : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6, 54). C’est aussi un gage de sainteté et de salut : « Comme je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. » (Jn 6, 57)

C’est ainsi que Marie est Mère du Sauveur, parce que par sa mort, sa résurrection, l’envoi de l’Esprit Saint et la création de l’Église munie de sa parole et de ses sacrements de vie, il nous a sauvés et nous maintient dans ce salut, à condition que nous sachions nous unir à Marie qui nous unit à Lui, parce que Marie n’a qu’un désir : garder ses enfants dans le salut opéré par son divin Fils. C’est aussi en ce sens qu’elle est Mère du Sauveur, et aussi une Mère salvatrice qui nous fut donnée par Jésus pour mourir à nous-mêmes et vivre à jamais en Lui.

Prions Marie qui défait les nœuds de nous aider à communier souvent à son divin Fils pour le posséder en nous et vivre par lui, avec lui et en lui, l’immense richesse de sa Présence eucharistique qui fera de nous des saints et les élus de son cœur. Cela réjouira grandement le cœur de Marie qui, par son Fiat, devint la Mère du Verbe incarné, pour notre rédemption et notre salut éternel. Amen

Père François Zannini

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