Marie, Vase spirituel, priez pour nous !

Saint Jean nous dit : « Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. » (1 Jn 2, 15) et il nous affirme encore que tout ce qui est dans le monde avec la vaine gloire ou l’orgueil, la concupiscence de la chair et la concupiscence des yeux donnent les sept péchés capitaux qui font de l’homme l’esclave de lui-même et en même temps de Satan.
Comme Saint Paul s’écria : « Qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Rm 7, 24-25), il faut apprendre à se méfier de son corps et s’en méfier autant qu’on haït le monde et sa perversité et ses mensonges. A force de volonté persévérante, on arrive avec la grâce à réduire ce corps à l’impuissance. De ce vase charnel où notre âme est enfouie, nous arrivons à faire de nous, un vase spirituel où Dieu pourra habiter et régner en maître comme dans un nouveau Ciel. Cela est possible depuis que Marie, Vase spirituel, nous a donné le Christ. Il suffit de l’aimer et de le suivre avec Marie.

Marie, coopératrice à l’œuvre de l’Esprit, devient la Mère de Dieu

« Si quelqu’un ne renaît pas à la nouvelle vie, il ne verra jamais le Royaume de Dieu. » (Jn 3, 36)
En fait, il a donné, nous dit encore Saint Jean, « à ceux qui l’ont reçu, de pouvoir devenir enfants de Dieu. » (Jn 1, 12) Et on ne reçoit Jésus que par le pouvoir de la foi qui est la porte unique par laquelle il peut entrer dans les âmes. On ne le reçoit vraiment et tel qu’il est, quand on croit qu’il est le vrai Fils de Dieu devenu le vrai Fils de Marie. C’est par l’effusion de l’Esprit Saint dans le sein virginal de Marie, que le Christ et tous ses membres, sont venus à la vie. Cette première effusion est la source de toutes les autres ; elle est la cause, la forme et l’idéal de toutes les merveilleuses créations des mondes de la grâce et de la gloire. De là a jailli le baptême avec l’eau de la vie qui rejaillit jusqu’à l’éternité. C’est de là qu’ont poussé et jailli dans les âmes les trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité, avec les sept dons du Saint Esprit qui embaument et divinisent tous les vrais enfants de Marie, Vierge et Mère. Le baptême est la porte par où l’Esprit Saint vient nous vivifier : « Et celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, et celui qui ne croit pas est déjà condamné. » (Mc 16, 16)

C’est par Marie et en Marie que l’Esprit est descendu pour faire son œuvre de sanctification suprême, celle par laquelle viendrait à ce Dieu trois fois saint, une gloire infinie, et à toute créature angélique et humaine, cette paix inénarrable, apogée et résumée de toute joie et de tout bonheur.

Jésus et Marie, Marie et Jésus, voilà toute la pensée de Dieu dans la création. Ils sont deux comme Adam et Ève, et comme eux aussi, ils ne font qu’un, qui est le pourquoi, et le par quoi de toutes les œuvres extérieures de Dieu.

Il s’ensuit que le sein virginal est le temple de Dieu par excellence. Il est le Vase spirituel qu’il s’est choisi avant tout et préparé de toute éternité, lui, l’Esprit très pur et très saint, pour de là et par ce moyen, s’épancher sur toute créature angélique et humaine pour que chacune d’elles devienne autant de vases spirituels dans lesquels il puisse demeurer pour faire rayonner autant que possible, toute sa gloire en même temps que son amour.

C’est encore de ce Vase spirituel qu’est Marie, qu’il a versé dans tous les mondes du Ciel et de la terre, son Christ premier né de toute créature. C’est encore de son Fils bien-aimé qu’il a épanché sur les anges sa grâce et sa gloire, et c’est encore de là et par là qu’il a octroyé le salut au genre humain déchu. Et c’est de là et par là que le monde qui tombait en dissolution, parce qu’il était charnel, put être spiritualisé et régénéré à la vie immortelle par l’effusion en lui du Saint Esprit, dont Marie, l’humble et pure Vierge est pour toujours la fontaine jaillissante.

Marie est la pureté même et le fruit de cette pureté est le Christ. Ce dernier est embaumé de toutes les senteurs, pénétré de toutes les vertus du Saint Esprit, mais tel qu’il est, il est la fleur de Marie. Elle-même est le Vase spirituel par excellence d’où l’Esprit Saint a pu s’épancher sur le Christ et sur tous les élus, branche de cette vigne et membre de ce corps, le Christ n’est devenu roi, ni prêtre, ni prophète. Il l’est par nature et par le fait qu’il est le Fils de la Vierge ; la Vierge est donc la Mère de ce roi, de ce prêtre et de ce prophète. Le Christ est la plus haute vertu du bien, du beau, du vrai, du bon et de l’amour éternel ; mais il est la vertu de sa mère aussi bien que la vertu du Très-Haut. Jésus est bien en tout ce qu’il est, le bien, le beau et le vrai, le bon et l’amour de sa mère comme de son Père céleste ; il est la propriété de sa Mère comme de son Père. C’est encore en ce sens que Marie, Mère de Dieu, est le Vase spirituel qui répand sur le monde la majesté du Christ Roi de l’univers, la grandeur de l’unique Prêtre qui se fait aussi la Victime immolée offerte au Père pour le salut du monde, et le Prophète qui répand dans le cœur humain la Vérité et l’Amour qu’il est.

Si le Christ est la semence de vie, le Verbe de Dieu, il est le Verbe de Dieu devenu le Verbe de Marie ; c’est par là qu’il devient la semence qui fait germer dans les âmes, les cœurs et jusque dans la chair humaine, la vie de Dieu, cette vie nouvelle qu’il a en lui et qu’il vient apporter à tout homme de bonne volonté. Marie est aussi la Mère de cette semence et comme Dieu le Père, elle la sème abondamment car elle est la Mère de la grande famille divine. Elle est le Vase spirituel qui, ayant germé d’elle-même cette semence, en reste l’éternelle dépositaire, disposée à la prodiguer parce que son trésor est inépuisable puisque infini. Elle ne craint pas de s’appauvrir en le donnant et en se donnant avec lui. Et comme Vase spirituel rempli d’amour, elle ne craint pas de rassasier ses enfants qui ont faim de lumière, d’amour, de joie et de gloire.

Marie nous révèle comment être un vase spirituel

Ce n’est pas seulement le Christ qui a été oint du Saint Esprit et fait Christ dans le sein de Marie, mais tous les chrétiens aussi. Tous sont appelés à être des Christs conçus et formés comme Jésus Christ, du Saint Esprit et des vertus virginales de foi, de pureté, d’obéissance et d’amour. Marie est le Vase c’est-à-dire l’instrument dont le Saint Esprit se sert pour façonner et amener la vie de tous les chrétiens, frères et cohéritiers de Jésus Christ avec lequel ils ne font qu’un, conçus avec lui, naissant avec lui, vivant en lui, mourant avec lui et ressuscitant et régnant avec lui. Voilà l’œuvre splendide du Saint Esprit dans les âmes pour leur régénération divine. Et tout ce travail s’opère par le ferment divin contenu dans la chair du Christ, et sorti du sein de Marie.

Jésus a dit : « Je suis venu allumer un feu sur la terre. » (Lc 12, 49) et ce feu c’est l’Esprit Saint et il le communique par sa chair. Et pour cela il a mis l’Esprit Saint en Marie qui l’a possédé dans son âme et sa chair, afin que de la chair de Marie, le Verbe se fasse chair et qu’en lui repose l’esprit divin qui continue à procéder de lui en tant que Fils de Marie, comme il procédait de lui en tant que Fils du Père de toute éternité. C’est le moyen que Dieu a choisi par Marie pour spiritualiser l’humanité. C’est la chair du Christ qui a servi à Marie pour être le Vase spirituel de Dieu, et permettre par son Fils incarné d’élever l’homme dans une nouvelle vie. En fait, comme dit Saint Athanase : « Il s’est humanisé pour diviniser l’homme. » Il s’est abaissé jusqu’à nous, pour nous élever jusqu’à lui. C’est en proportion que nous deviendrons les enfants de sa Mère, que nous serons ses frères, et que nous aurons droit à la participation de son Esprit.

C’est en se faisant vide comme l’humble Vierge Marie que nous deviendrons avec elle un vase spirituel du Christ rempli de sa pureté, de sa sagesse, de son amour, et de toutes ses vertus qui font les saints dans la charité. Marie nous donne l’exemple, c’est en s’anéantissant devant Dieu le Père, Fils et Saint Esprit, qu’elle devient la Fille du Père, la Mère du Fils, et l’Épouse du Saint Esprit.

C’est en se laissant remplir par l’Esprit Saint, du Verbe de Dieu, qu’elle peut le redonner aux hommes pour leur sanctification et leur salut.

Sans Marie, il n’y avait pas d’incarnation de Dieu, il n’y avait pas d’Esprit Saint qui venait nous donner Jésus par la chair de Marie, et sans cet Esprit, la chair du Christ ne nous servirait de rien, comme elle fut inutile aux Juifs et inutile à tous les incrédules. La chair du Christ ne donne la vie qu’à ceux pour qui elle est le véhicule de l’Esprit, le soleil qui éclaire et le feu qui brûle, purifie et transforme. Cette chair ne donne la vie qu’à ceux à qui elle communique l’Esprit qui vivifie et dont elle est toute remplie et débordante à l’infini. Et cette chair du Christ ne communique l’Esprit que si nous croyons à la divinité du Fils de Marie. Qu’ils sont malheureux ceux qui voient cette chair sans découvrir la lumière qui en rayonne, ceux qui la mangent sans être embrasés par le feu d’amour qu’elle dégage, ceux qui vivent près de cette beauté sans la reconnaître et l’aimer, ceux qui entendent sa parole de vie sans lui obéir, tous ces êtres sont morts et insensibles comme les idoles qu’ils adorent. Ils ont un corps avec des yeux sans voir, des oreilles sans entendre, des mains sans toucher, des pieds sans marcher, un cœur sans aimer. Ce sont des morts vivants car ils se dédaignent eux-mêmes et méprisent l’Esprit Saint, car l’Esprit Saint est bon pour les humbles qui le cherchent, et présent pour les âmes droites qui l’appellent.

La chair du Fils de Marie est le seul moyen que Dieu veut employer pour spiritualiser le monde. Mais pour profiter de cette chair qui deviendra notre principe de vie, il faut renoncer au principe faisant de notre vie une vie d’orgueil, de cupidité et de luxure. Il faut que l’homme naturel meure pour que vive l’homme surnaturel. L’un et l’autre ne peuvent tenir ensemble. Saint Paul voulait qu’on le délivre du corps de mort et corrompu, pour revêtir celui du Christ qui donne la vie éternelle. Marie vient nous apprendre qu’en devenant le vase spirituel du Christ et en se laissant animer de son Esprit, l’homme vit déjà de l’éternité de Dieu.

Les trois décrets préparant Marie comme Vase spirituel

Le premier décret de Dieu rejeta, maudit et condamna toute l’humanité fille du péché. Adam est le principe de la mort éternelle pour tous ses descendants et Ève est la cause occasionnelle et formelle de leur malheur. Séparés violemment l’un et l’autre de Dieu unique lumière, vie et joie, ils ne peuvent plus transmettre à leurs enfants, que les ténèbres, la mort et la douleur.

Le deuxième décret est le pardon divin à l’homme, mais à quelle condition ? Dieu donnera son propre Fils pour sauver l’homme et réparer la dette infinie du péché humain. L’homme est infailliblement et irrémédiablement perdu sans le salut opéré par l’Homme-Dieu par amour de sa créature.

Le troisième décret stipule que seuls seront sauvés ceux qui prendront une nouvelle vie dans le divin Sauveur, une vie spirituelle et divine, la vie des enfants de Dieu. C’est en nous unissant à ce fils naturel que nous deviendrons les fils adoptifs. C’est par la Lumière qu’il est et qui jaillit de lui, que nous le reconnaissons et que nous approchons de lui, et cette lumière est le premier effet de sa grâce. Et nous devenons enfants de Dieu dans la proportion que nous sommes enfants de lumière. Lui seul est la Lumière des hommes parce que lui seul est l’Être, et en dehors de lui, il n’y a que les ténèbres. Pour venir jusqu’à nous, le Christ eut besoin de Marie et de l’Esprit Saint. Sa chair, ferment divin, germe de la surnature, racine de toute vertu, principe de toute floraison spirituelle et divine, est la chair de Marie. C’est donc en elle et d’elle que nous pouvons être conçus et naître à la vie nouvelle et glorieuse des enfants de Dieu. C’est encore par elle et d’elle que le Saint Esprit a voulu inonder le Christ, père et frère des élus. L’Esprit Saint ne viendra pas opérer en nous par un autre mode que celui qu’il a choisi de toute éternité et qui est son instrument, son moyen, sa vie, et que l’Église appelle « le Vase de l’esprit ». Marie Vase spirituel l’a porté en elle pour nous le donner, parce qu’il est le vrai Fils de Dieu, le vrai Dieu et la Vie éternelle.

Marie, source créée de l’Esprit d’amour, est Vase spirituel et Modèle de tout chrétien voulant aimer Jésus dans l’Esprit Saint

L’Esprit qui vient de Marie est le même que celui qui vient de Jésus. L’Esprit de Jésus prenant possession de Marie reflue d’elle sur lui, en tant qu’il est son fruit, le fruit béni de son sein et fait de sa chair divine, le mode efficace de spiritualisation pour le monde.

L’Esprit de Jésus et de Marie est un esprit de sagesse, de force et d’amour qui les porte tous les deux à donner, se donner et à pardonner pour sauver le monde qui est le dessein du Père dans le Fils par l’Esprit Saint.

Mais qui est le Saint Esprit. Il est Dieu comme le Père et le Fils, et il est l’Esprit de l’un et de l’autre. Lui seul connaît l’esprit du Père et celui du Fils, parce que cet Esprit c’est lui-même, et il ne fait qu’un avec le Père et le Fils. Et c’est dans l’Esprit que le Père connaît et voit son Fils qu’il engendre, et c’est dans l’Esprit que le Fils connaît et voit son Père en même temps qu’il est engendré.

Cette unité divine se réalise dans l’Esprit qui est Amour, et qui fait que très unis à l’Esprit Saint et tellement envahis par sa lumière, sa force et son amour, qu’en lui et par lui, ils pourront soutenir à jamais cette contemplation béatifique.

C’est par l’Esprit Saint qu’on peut arriver à Dieu, et on ne peut le connaître que par l’Esprit Saint qui nous l’enseigne, et c’est encore la sagesse spirituelle qui nous conduit, la force spirituelle pour nous soutenir dans le beau, le vrai et le bien, et c’est encore l’Esprit Saint qui va chercher l’homme dans son néant pour lui donner l’existence avec ses qualités et sa beauté propre, et lui fixer sa route et son but. L’homme a besoin de l’Esprit de cette sagesse divine, de l’Esprit de cette intelligence divine, l’Esprit de cette force immense, de conseil éternel qui tiennent ensemble le Père, le Fils et le Saint Esprit ; l’Esprit de cette science à laquelle rien n’échappe, et de ce dévouement et de cette charité qui embrase tout ce qui existe.

Et cet Esprit de Dieu est dans le Fils comme dans le Père, et il appartient qu’à eux seuls, et ce qui appartient en propre à Jésus, le Fils unique, appartient aux hommes également car Jésus Fils unique nous fut donné par Dieu le Père et est devenu notre frère, et en se donnant à nous ainsi, il nous a donné tout ce qu’il possède. Ce grand acte d’amour s’est fait en Marie et par Marie. Dieu le Père et Dieu le Fils ont envoyé leur Esprit Saint dans ce corps virginal, édifié et préparé dans ce but de toute éternité. Et Marie confiante en la parole de l’ange, accepta d’être mère tout en restant vierge, et de devenir l’épouse de l’Esprit d’amour qui venait nous donner le Fils de Dieu pour le salut de l’homme. Et Marie, Vase spirituel de la Présence divine en elle, reçut cet enfant divin qui avait, déjà révélé par Isaïe, l’esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de science et de piété, et de crainte de Dieu.
Marie comprit par la présence de l’Esprit Saint en elle, que cet Esprit est l’amour du Père et du Fils, et que ce Fils nous fut donné pour nous racheter du péché par amour, et pour apprendre dans son humilité à garder ce salut par amour du Dieu trinitaire et par la grâce sans cesse accordée de l’Esprit Saint qui vient nous sanctifier à tout instant, si nous acceptons de vivre de son amour pour le partager un jour avec lui dans son éternité.

Prions <font class= »green »>Marie qui défait les nœuds </font> de nous aider à devenir comme elle des vases spirituels, et à nous laisser remplir des dons du Saint Esprit pour les vivre au quotidien et demeurer les dignes frères de Jésus, afin de partager, un jour, avec lui dans son Royaume, la gloire éternelle du Dieu vivant. Amen

Père François ZANNINI

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