La porte, dans la Bible, est une image qui a bien des significations. Les apôtres dans l’Apocalypse sont les portes de la cité sainte (Ap 21, 14). Jésus se présente comme la porte par laquelle les brebis entrent dans le bercail (Jn 10, 2). Dans l’Ancien Testament, les portes de la maison ou de la ville étaient les points privilégiés de la défense ou de l’attaque qui les tenait devenait maître de la cité. Les portes chantent aussi la gloire du Messie « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portails antiques, qu’il entre le roi de gloire. » (Ps 24, 7)
Et les portes sont aussi le symbole de la puissance et c’est en ce sens que Jésus nous dit : « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre son Église. » (Mt 16, 18)
Marie est la Porte du Salut par laquelle le Sauveur vient parmi nous, afin de nous relever du péché et de la mort, et Marie devenue notre Mère par le don de son Fils en Croix, devient pour chaque homme celle qui peut lui ouvrir le Ciel, parce qu’elle est la Porte du Ciel et veut comme son Fils le salut de chacun de ses enfants.

À la découverte de Dieu et du Ciel
Le Ciel est la patrie, la seule vraie patrie pour tous les enfants que Dieu a conçus dans sa pensée, a réalisés dans sa puissance et adaptés dans son amour, créés à son image comme tout enfant est fait à l’image de son père. Sortis de Dieu comme son Christ, nous devons retourner à Dieu en portant en nous la ressemblance du Christ. Venus du Ciel comme lui sur la terre, il faut que nous revenions avec lui au Ciel.
Le Ciel est donc notre patrie, parce que c’est la patrie des enfants de Dieu. Mais sans le Christ, l’homme était perdu à jamais car par le péché, l’homme fut vendu à Satan. Mais avec le Christ Sauveur de l’homme, le peuple de Dieu jadis sauvé par Moïse qui le fit sortir d’Égypte, le Christ nous ouvre de nouveau la porte du Ciel par Marie qui vient le donner à l’humanité. La Porte du Ciel est grande ouverte et quels que soient les obstacles, si nous le voulons, nous l’aurons.

La nature du Ciel
Le Ciel c’est Dieu, c’est l’abîme inconcevable et incommensurable de l’être vivant, pensant et aimant, c’est le mystère des mystères et c’est la réalité par excellence parce que c’est la réalité nécessaire dont tout le reste dépend. Son existence nous est surtout confirmée par la foi et celle-ci est la plus grande des certitudes créées, cet Être unique ayant sa vie propre et lui-même source de toute vie possible. Il est l’Infini du vrai, du beau et du bien car il est la Vérité même, la Beauté par excellence, et le Bien parfait. Dieu est Trinité, le Père, le Fils et le Saint Esprit. Dieu est Père parce qu’étant tout le vrai de l’être, il a une fécondité infinie qui ne peut s’exprimer que par la génération d’un infini semblable à lui qui est son propre Fils, Fils parfait d’un Père parfait, Dieu de Dieu, lumière de lumière, et splendeur de toutes ses perfections. Dieu est Fils, car celui qu’il engendre est Dieu comme lui égal à lui en tout et conséquemment infini comme lui et ne faisant qu’un avec lui parce qu’il ne peut y avoir deux infinis. Distant du Père par sa personne de Fils, il ne peut y avoir avec le Père qu’une même nature et qu’une essence unique. Dieu est à la fois Père et Fils ; le Père et le Fils vivant l’un de l’autre et jouissant réciproquement et nécessairement de leurs perfections mutuelles, puisque n’ayant qu’une seule nature, ils sont deux personnes distinctes qui se connaissent, se voient et s’admirent, et il s’ensuit que de ces deux personnes doit se produire par la nécessité même de leur être, un amour infini. Et comme l’infini de l’être est d’avoir une personnalité propre vivant, connaissant et agissant que cet amour infini doit procéder du Père et du Fils à l’état de personne distincte des deux autres, tout en demeurant leur lien intime et nécessaire où ils se tiennent enlacés dans une étreinte éternelle. Et cet amour infini qui jaillit du Père au Fils et du Fils au Père, vient du Saint Esprit, ce qui fait que la famille divine est une nature en trois personnes. En Dieu, l’Esprit Saint exprime le bien, comme le Père exprime le vrai et le Fils le beau. Car il est bien que le vrai aime le beau, et que le beau aime le vrai ; le Saint Esprit est donc la consécration et l’achèvement parfait de la sainteté du Dieu trois fois saint.

Les différents Ciels et le plan divin
Le Ciel divin est inabordable par lui-même car il est si élevé qu’il dépasse toute conception possible.
Dieu a créé un autre Ciel qui est capable de recevoir les anges. Et plus bas encore, il y avait installé provisoirement les races humaines. Dieu en avait créé un autre bien supérieur qui devait être la patrie définitive et éternelle de ceux qu’il prévoyait de voir s’en rendre dignes et où il habiterait avec eux, les rendant participants de sa vie, de sa gloire, et de son bonheur. C’est là le Ciel, en réalité, c’est la patrie commune des anges et des hommes. Bienheureux ceux qui y arrivent !
Du premier Ciel supérieur, les mauvais anges furent chassés à jamais et déchus à jamais du droit d’entrer dans le ciel de gloire.
Du second Ciel terrestre, l’homme fut aussi bafoué pour avoir chassé Dieu par le péché. Ce ciel devint la propriété de Satan qui de paradis de délices, le transforme en un véritable enfer de préparation. L’homme fut son nouveau maître, exclu du ciel de gloire qui devait être la récompense de ses vertus. Transformé à l’image de ce monstre, il était devenu indigne, lui et toute sa race.
Il n’y a plus de porte du ciel pour les démons, car leur crime est irrémédiable. Mais Dieu eut pitié de l’homme. Pour rouvrir le ciel de gloire à l’homme, Dieu conçut dans son Esprit, Marie la femme immaculée qui deviendrait la Mère de son Fils qui par sa divinité incarnée viendrait sauver l’humanité et régénérer l’homme dans la grâce de Dieu.
Comme rien n’est impossible à Dieu, Dieu le Père réalisa ce miracle d’amour pour donner son Fils, qui en mourant sur une croix, rachète le péché humain, et ouvre par Jésus et Marie, la porte du Ciel à tous ceux et celles qui acceptent de se laisser diviniser par la grâce du Christ, en marchant dans la vérité, la vertu et l’amour fidèle que le péché leur r avait fait perdre.
L’homme a maintenant Jésus comme son Dieu et son Père par son humanité. Mais avec Marie qui intercède auprès de son Fils, et Jésus qui intercède auprès de son Père, l’homme peut espérer de nouveau franchir la porte du Ciel qui est prête à s’ouvrir à tous ceux et celles qui suivront les traces du Fils de l’homme en serrant la main de sa Mère.
Jésus est le Fils de Marie, et en se faisant le Fils de Marie, il s’abaissait à vivre dans une humanité qui le vouerait à toutes les souffrances que lui causeraient ses ennemis : insultes, fouets, crachats, crucifiement, mise à mort et descendu dans le sépulcre d’un juif pieux. Marie en ouvrant la porte de son sein virginal ne savait pas tout ce que son Fils allait souffrir pour le salut des hommes. Même si elle est responsable d’une certaine manière de la souffrance du Christ, elle a collaboré avec lui au plan du Père dans l’humilité et l’obéissance à la volonté du Père.
Marie est la porte unique par laquelle Dieu a pu descendre sur terre. C’est par elle, par son moyen que l’amour et la miséricorde infinis sont venus à bout de l’abîme que le péché avait créé entre Dieu et l’homme. Le péché est la négation déterminée et positive de l’être suprême et il serait s’il le pouvait ; et il l’est dans le fond de sa pensée, l’assassin de Dieu. On a du mal à comprendre comment Dieu a pu s’abaisser à traiter avec l’atroce iniquité de sa créature qui a tout reçu de lui et qui le retourne contre lui pour l’exterminer et le tuer autant qu’il lui est possible. Mais Dieu est Dieu et rien ne lui est impossible. Dans sa miséricorde infinie, il est descendu si bas pour relever l’homme de son mal et l’aider à remonter si haut, c’est-à-dire dans le sein du Père. Marie est bien l’unique porte de l’amour divin voulant venir au secours de sa création perdue définitivement par sa propre faute.
Ce qui a uni le Père, le Fils et Marie, c’est la volonté de réaliser l’incarnation du Fils de Dieu dans la splendeur de l’amour divin qui voulait dans la pensée du Père et le oui de Marie et celui de son Fils agir pour le rachat de tous ses frères et leur retour au Ciel par la porte que Marie vient ouvrir par le don de son Fils.
C’est Marie qui est la porte très pure, la porte d’or très précieux par où tous les anges et les saints entrent avec le Christ dans la pleine vie des fils de Dieu et dans la parfaite possession de leurs destinées sublimes.
Comme le Christ veut que ceux qui sont ses frères et que le Père lui a donnés, il désire encore que là où il est et où il sera, ceux que le Père lui a confiés, y soient également.
En même temps qu’il fut conçu de Marie, sa chair, celle de Marie, contenait aussi et par le fait même, tous les germes des élus, comme la chair d’Adam contenait au sortir du paradis, tous les germes des réprouvés.
Marie est la nouvelle porte du Paradis qui en s’ouvrant nous fait admirer l’homme nouveau et la nouvelle femme ; le Père et la Mère des nouvelles générations font qu’elles sont incomparablement plus glorieuses que les premières, car comme dit Saint Paul : « Là où le péché abonde, la grâce a surabondé. » (Rm 5, 20)
Marie est l’heureuse porte par où s’ouvre le paradis terrestre de la grâce qui est le vestibule du Ciel de gloire qui attend les élus du cœur de Dieu.
Il est facile de comprendre pourquoi Marie a consenti à l’incarnation et à la rédemption. Elle a consenti parce qu’elle ressentait en elle l’amour de délectation infinie que Dieu le Père ressentait pour ses élus et que Saint Jean confirme : « Le Père éternel a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique. » (Jn 3, 16)
Il nous l’a donné en s’entendant avec Marie, en versant en elle avec toute sa vertu, tout son amour, si bien qu’elle pût devenir dans le temps, la vraie Mère de celui qu’il engendre dans l’éternité.
La volonté de Marie ne faisait qu’un avec celle du Père et tous les deux s’unissaient pour le donner ; elles ne concourraient d’un commun effort à l’engendrer dans l’humanité, que pour le livrer au Calvaire et sur tous les autels des siècles comme la grande et salutaire hostie du genre humain qui seule pouvait ouvrir la porte du Ciel de gloire.
Et Marie nous voyait tous en Jésus son Fils et chose admirable, c’est Jésus son Fils qu’elle voit en chacun de nous. Et Jésus nous le dit dans l’évangile : « Comme vous-même ô mon Père, vous êtes en moi et que moi je suis en vous, qu’ils ne fassent plus qu’un en nous. » (Jn 17, 21)
Et Jésus les instruit encore par ces mots : « Vous connaîtrez bientôt que je suis dans mon Père et que vous aussi, vous êtes en moi et moi-même en vous. » (Jn 14, 20) et la capacité de produire de grandes choses vient de la présence de Jésus en moi : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits. » (Jn 15, 5). Qui voit un vrai ami de Jésus voit Jésus lui-même car Jésus est en lui comme il est dans son Père. C’est pourquoi les saints ne se trompaient pas en saluant Jésus dans les pauvres et les malades. Sachant qu’aimant les pauvres et les malades, ils aimaient Jésus lui-même en eux.
Nous avons été unis à Jésus par le fait même qu’il est devenu le fils de Marie et par le fait même qu’il est le cep de la vigne et nous les branches. Marie en concevant et enfantant le cep, a conçu et enfanté les branches de ce cep. Et comme elle connaissait et voyait l’un, elle voyait et connaissait les autres qui déjà dans la pensée du Père et dans sa pensée à elle, la mère, ne faisaient qu’un avec son fruit. C’est elle qui comme le Père, donne au Christ tous ceux qui lui ont été donnés. Elle les voit en Jésus puisqu’elle est la Mère du Christ, la mère, porte du Ciel, qui introduisant le Christ dans le monde, introduisait les anges et les hommes dans celui de la grâce. Marie est donc bien la porte de la vie, la porte du Ciel pour tous ses enfants.

Marie porte du Ciel pour tout homme
Si Marie est l’admirable échelle par laquelle Jésus descend jusqu’à nous, elle sera aussi celle par laquelle nous remonterons jusqu’à lui.
Si Jésus a vécu durant sa vie une soumission totale à sa mère avant d’entrer dans la vie publique, il nous révèle ainsi que nous pourrons aller à lui en écoutant sa parole dans Saint Jean : « C’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez vous aussi comme moi j’ai fait pour vous. » (Jn 15, 15)
Nous ne pourrons jamais entrer dans la vie du Christ sans s’approprier les moyens de l’Homme-Dieu qui sont le seul principe de notre vie chrétienne. Il fallait que le Verbe de Dieu s’assimile à cette vie d’Homme-Dieu pour que l’homme pût devenir fils de Dieu. Le principe de la vie du Christ est le Saint Esprit avec Marie. En effet, Marie est inondée et possédée par l’Esprit Saint et c’est en elle et d’elle qu’il produit et anime ce corps vivant et adorable du Verbe de Dieu.
Tel est le principe et le moyen de notre propre vie divine à nous, et voilà le chemin pour y arriver. Cette vie jaillit du sein virginal de Marie et il est impossible d’aller la puiser à une autre source, car le sein de Marie est la porte unique de cette vie éternelle qu’est le Christ. Et Jésus nous demande de devenir comme des enfants pour entrer dans le Royaume des Cieux.
Marie est encore la porte de la vie par le don de son Fils à l’humanité avec tous les sacrements qu’il va nous donner pour vivre notre foi et la faire grandir dans la vérité et la charité qu’il est.
Marie est la source unique qui a permis à tous les affamés du pain de vie et les assoiffés du sang purificateur, de recevoir son Fils dans la plénitude de la grâce capitale qu’est l’Eucharistie et la force de son sang qui vient régénérer l’homme dans la grâce du salut.
Marie est et sera toujours le lieu où son Fils opère toujours. C’est de sa fécondité virginale que Dieu dans son amour infini nous procure tous les moyens possibles de salut. Dieu a voulu plus encore pour sa Mère, il l’a établie l’arbitre et l’artiste suprême du salut et de la persévérance finale de chacun de ses enfants et de sa main seule, il daignera les recevoir dans son Ciel de gloire. Cela signifie que Marie est non seulement la porte de la vie, de la grâce et de la lumière, mais qu’elle est aussi véritablement et pratiquement la porte du Ciel. Qui prie Marie et la prend pour sa mère céleste, est assuré de partager la gloire de son Fils, car qui aime tendrement la Mère du Sauveur, recevra en grâce et la bénédiction l’amour de son Fils.
Assurément Jésus est « la porte du bercail des brebis » (Jn 10, 8) mais Marie est la porte du Ciel, parce que Jésus lui a confié cette charge en la faisant Mère de l’humanité et secondairement à ses apôtres qui sont les douze portes de la Jérusalem céleste puisqu’ils sont chargés de prêcher l’évangile et de donner les sacrements de la vie éternelle pour conduire les hommes au salut.
Jésus comme ostium est le passage, l’accès pour aller au Ciel, mais quand il dit : « Je suis la porte du Ciel » il parle de l’étroitesse de cette porte qui demande beaucoup de fidélité à Dieu pour la franchir. La porte comme passage est l’ostium qui demande une vie intérieure, une ascèse pour être en face du maître de la maison. La porte du Ciel est la porte extérieure qui donne l’entrée dans l’enceinte réservée. Si Marie est Reine de la terre, elle est Reine du Ciel, elle peut l’ouvrir à qui elle veut.

Pour clore sur Marie Porte du Ciel, on peut dire que celui qui prie Marie, qui s’abandonne à sa Mère du Ciel, passera par le Porte du Ciel qu’elle est. Et elle sera heureuse de nous présenter à son Fils pour lui dire que nous méritons sa grâce et le salut par la fidélité que nous avons eue envers sa mère, afin de partager sa gloire qu’il accordera toujours à ceux qui ont été les dignes fils de Marie pour être les vrais frères de Jésus, son divin Fils.
Bienheureux celui qui met sa confiance en Jésus et Marie, ils passeront la porte dans l’humilité de la foi et la sincérité de l’amour et Jésus leur dira : « Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à ceux. » (Mt 5, 10)

Prions Marie qui défait les nœuds, de nous aider à la prier, à l’aimer, à la faire aimer toujours davantage, pour qu’elle devienne notre porte du Ciel et qu’au soir de notre vie, elle nous introduise dans la gloire de son Fils pour avoir été grâce à elle, fidèle à sa vérité et témoin de son amour. Amen

Père François Zannini

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