Immaculée Conception, 1661. Francisco Zurbaran (1598-1664, Espagne)

La Vierge Marie très pure et très chaste est la fille bien aimée du Père car elle devient la Nouvelle Ève et son divin Fils, le Nouvel Adam qui par leur pureté et leur chasteté viendront redonner au monde le chemin de la vérité, de la charité et de la vertu. Ce chemin permet à tout enfant de Dieu de garder son salut opéré par le Christ. Il devra le suivre dans l’exigence de sa vérité et de son amour et en sollicitant Marie de l’aider à marcher dans sa pureté et à garder sa chasteté pour demeurer fidèle à son Fils dans ses vertus scintillant dans sa charité et sa miséricorde.

La femme avant le péché originel
L’homme sorti des mains de Dieu était magnifique parce qu’il resplendissait de cet amour divin qui l’avait créé à son image et à sa ressemblance. Sa joie fut immense quand le Créateur tira de son côté, Eva, la mère des vivants, cette admirable compagne de sa vie qui allait avec lui régir le paradis que Dieu leur avait donné. Adam était roi de l’autorité et Eva reine de l’amour et ces deux s’alliaient si bien en eux que sous le regard et la volonté de Dieu, ils pouvaient vivre heureux à condition que la force, la liberté et la royauté de l’homme restent soumises à Dieu, Lui qui est la Source et l’Aliment de sa vie et le Principe et la Fin de son être. Et dans la grâce sanctifiante, il pouvait croître en lui et demeurant ainsi corps et âme, ils étaient immortels et conçus dans la justice après un certain temps pour atteindre leur maturité parfaite, Dieu les aurait enlevés au Ciel dans sa gloire sans efforts et sans douleurs. Au lieu de dire « ils sont morts », on aurait dit : « Dieu les a enlevés au Ciel car ils en étaient dignes.

L’épreuve de la liberté
Après la tentation de Satan qui séduisit Eva qui, à son tour, séduisit Adam, les trois passèrent devant Dieu et reçurent leur sentence. Satan fut maudit et Dieu lui annonça qu’une autre femme viendrait et lui écraserait la tête et celle-ci serait la vraie mère des vivants à la place d’Eva qui n’engendrerait plus que des morts. Adam dépouillé par le péché, de sa grâce originelle, est emprisonné dans sa chair et son cœur par la concupiscence, affaibli dans sa liberté et son intelligence, il est condamné au travail, à la douleur et à la mort. Et voilà l’héritage légué à toute sa race. Quant à Eva, responsable du scandale survenu à l’homme, elle devra supporter le fardeau écrasant reposant sur les épaules de l’homme avec ses propres châtiments féminins : les ennuis et les épreuves de la grossesse, les douleurs de l’enfantement et l’asservissement à la puissance de l’homme qui dominera sur elle (Gn 3, 16) C’était justice car c’est par elle en Adam que nous mourons tous dit saint Paul (Rm 5,12)
Cette tradition a pesé comme une malédiction sur la femme pendant 4000 ans et elle pèse encore sur elle du même poids dans les pays où la foi n’existe pas. Dès lors, elle ne devait plus être l’égale de l’homme, mais rester en face de lui comme un objet de juste suspicion et de mépris, sinon de colère et de haine. En dehors du peuple juif qui attendait à travers une Vierge, le Messie et qui respectait la femme, celle-ci était partout ce qu’elle est encore dans les pays idolâtres où règne la première malédiction : « Sacrifiée en Inde sur le tombeau de son époux, esclave dans le Coran et bête de somme chez les sauvages) selon De Maistre.

Marie redonne à la femme sa place d’honneur
Pour retrouver la confiance de l’homme et reconquérir son honneur en face de lui et briser les liens honteux dont le préjugé la tenait enlacée, elle déploya aux yeux de son maître, une telle vertu qu’elle devint de cette vertu, comme l’idéal et le magistère vivant de sorte que l’homme cessât de vouloir la dominer et l’asservir et fût forcé de s’incliner devant elle comme devant la reine de beauté et de pureté morales, digne de toutes les admirations comme de toutes les attentions les plus délicates et les plus respectueuses.
C’est ce que la femme a réussi en Marie et par Marie. Elle est devenue la femme, l’épouse et la mère chrétienne et on peut s’écrier : « O bienheureuse faute qui nous a mérité d’avoir une telle Mère et un tel Rédempteur ! »
C’est ainsi que Marie, en dominant l’homme, a relevé la femme dans toutes les sociétés humaines et sous l’influence de cette Mère très chaste et, formée à son image, la femme redeviendra pour l’humanité : la femme, l’épouse et la mère chrétienne avec toute sa grandeur humaine et sa richesse morale.
En Israël, on attendait celle qui devait enfanter l’Emmanuel « Dieu avec nous » Et dans cette attente, chacune apportait son concours à cette glorification du peuple juif. Judith, Esther et la mère des Maccabées jouèrent des rôles magnifiques dans les destins politiques et religieux de la nation. On savait et on attendait la femme qui serait bénie entre toutes les femmes car par elle viendrait le salut non seulement pour son peuple mais pour tous les peuples.
A l’Annonciation, l’ange salua Marie et la nouvelle Ève, future mère des vivants, entend un Ave, un salut de l’ange qui lui annonce qu’elle est bénie entre toutes les femmes et qu’elle va concevoir un fils qui sera le Fils du Très Haut et que son Règne n’aura point de fin. Marie répondra : « Je suis l’humble servante du Seigneur, qu’il soit fait selon sa parole. » Ainsi Marie, la nouvelle Ève, nous donnera le nouvel Adam, Fils de Dieu et elle vient dire au monde : « Ne crains plus le Seigneur, je l’ai vaincu par ma pureté, mon humilité et mon amour. Ce fils, il est bien à moi et il ne fera plus jamais que ce que je voudrai bien. » La femme à la suite du Christ et de Marie va redonner au monde le sens de la vérité, de la charité et de la vertu.

La femme : apôtre de la vérité, de la charité et de la vertu
La Vérité est le Christ qui est la lumière du monde et c’est Marie qui a conçu et enfanté ce bel enfant, de sa pureté immaculée et de sa chasteté invisible comme il convenait pour Jésus, Fils de Dieu. Marie en faisant de sa chair le corps du Christ lui a permis de parler la langue des hommes et de révéler qu’Il est la Vérité et la Lumière du monde.
Les femmes seront les premières à annoncer la résurrection de Jésus aux apôtres. Marie Madeleine est allé annoncer la première à Jean et à Pierre le miracle du Christ glorieux.
Ce sont aussi les femmes qui loueront en Marie la Vierge Mère, révélant au monde la nouvelle profession de la virginité et de la chasteté à laquelle s’attacheront les vierges et les veuves chrétiennes. Dans la société païenne surgissent Agathe, Marcelle, Fabiola et Paula voulant comme titre unique celui d’épouses du Crucifié et de filles de Marie.
La femme chrétienne par son amour de Jésus et de Marie brillera de tout son éclat dans la société. Pendant trois siècles, elle prêchera par son exemple, sa parole et ses vertus surhumaines révélant en elle la force du Crucifié.
L’Église lui doit ses grands docteurs : saint Grégoire de Nazianze doit son sacerdoce à sa mère sainte None et à sa sœur sainte Gorgonie ; saint Basile et ses deux frères : Grégoire de Nysse et Pierre de Sébaste doivent leur épiscopat à leur mère sainte Emme et à leur sœur sainte Macrine. Saint Jean Chrysostome doit aussi son épiscopat à sa mère veuve Anthuse, Marcelline aida son frère Ambroise à devenir prêtre et évêque et sainte Monique œuvra à la conversion de son fils qui deviendra Saint Augustin.
Sainte Hélène fit de Constantin son fils, le premier César chrétien et découvrit la Croix du Christ. Sainte Clotilde convertit Clovis, son époux, Sainte Geneviève sauva Paris d’Attila et sainte Jeanne d’Arc mourut martyre et sauva la France. Tant que la femme restera la dépositaire fidèle de la vérité, le monde impie secouera en vain le joug du Christ. Comme Dieu a fait de Marie sa propre Mère, il a fait de la femme chrétienne la mère et la consolatrice de son Église et la première propagatrice de sa vérité dans le monde.

La charité se révèle par la vérité que Dieu est amour, le pardon accordé, l’amour des pauvres, le sens du dévouement et du sacrifice pour autrui.
La charité n’intéresse pas l’homme animal, naturel, prisonnier de la gloire, de la richesse et de la volupté. Pour détruire ce venin dans le cœur humain, le Christianisme dut chasser les trois concupiscences et les remplacer par le levain de la chasteté et la lumière évangélique invitant à l’humilité et au renoncement des passions sauf celle de la charité qui à elle seule les remplace toutes. La charité est la fille de la chasteté comme la cruauté est la fille de la volupté.
Les vierges et veuves romaines vendront leurs biens pour en donner le prix aux pauvres. Flavie Domitille achète un champ pour enterrer les martyrs. Fabiola vend ses biens pour construire un hôpital chrétien et Paula répand aux pauvres sa fortune pour soulager leur misère.
La Vierge Marie fut la plus charitable des femmes parce que la plus pure, et la plus chaste de toutes les femmes. C’est pourquoi tout l’amour du Crucifié descend dans son cœur parce qu’il est immaculé, réfléchissant la pureté infinie de son Fils, elle devait aussi réfléchir parfaitement son dévouement infini. Marie dans sa charité nous a tout donné : son Fils pour le salut de nos vies et entre l’amour de son Fils et des hommes, elle a choisi l’amour des hommes. Elle a sacrifié le Chef pour les membres. La femme chrétienne suit Marie en entourant de son amour le plus sincère les membres malheureux du Christ parce qu’elle voit en eux le Christ lui-même.

La Vertu est la 3ème gloire du cœur très chaste de Marie et elle est descendue dans le cœur de la femme chrétienne. La vertu est le miroir substantiel et éternel de la sainteté, de la force et de la sagesse éternelles. Et Jésus s’est incarné pour aider l’homme à s’élever jusqu’à Lui dans la sainteté, la sagesse et la force et la première à vivre ces trois perfections divines est Marie, sa Mère comblée de grâces. La sainteté de Jésus est dans la pureté de son être, la sagesse dans sa vérité et sa force est dans sa mort en croix et sa résurrection. Mais il a révélé à tout être que pour rivaliser avec Lui, il faut épouser son humilité, sa pureté et son martyre d’amour.
Il n’est pas étonnant que ce soit la femme qui s’est élancée à la poursuite de cet idéal de vertu. Ce sont les femmes qui le suivent sur le chemin de la Croix, qui essuient son visage, qui se tiennent avec Marie au pied de la croix et qui sont là pour embaumer son corps et qui courent sans cesse au tombeau consumées de douleur, de désir et d’amour.
Dans la vertu à la suite du Christ, on verra que les vierges au cœur pur et chaste ont voulu mourir pour le Christ : Ste Thècle, Ste Flavia Dimitille, Ste Félicité de Rome avec ses 7 fils, Ste Blandine, Ste Agnès, Ste Agathe Ste Cécile et Ste Lucie. Toutes allèrent au martyre dans la joie et fortes de leur faiblesse, elles y puisaient toute la vertu et la force en Dieu qui étonnait le peuple païen. C’est à force de contempler ce spectacle surhumain que les yeux du monde se sont ouverts et la femme chrétienne par ses vertus a coopéré à l’établissement du Christianisme autant que les paroles et les miracles des Apôtres.
C’est de la Vierge Marie que la femme très chaste et vertueuse a tiré sa réhabilitation dans le genre humain et d’esclave de l’homme, elle en est devenue la dame et la souveraine.

Prions Marie qui défait les nœuds de nous aider à retrouver cette grande vertu de la pureté et de la chasteté dans nos corps et nos cœurs pour que les hommes et les femmes de ce monde qui ont perdu beaucoup de leurs racines chrétiennes, reprennent le chemin de la pureté et de la chasteté du Christ et de Marie pour devenir les bienheureux du Ciel qui par leurs cœurs purs verront Dieu à jamais.

Père François ZANNINI

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