Dans tous les moments sombres de notre vie, le chrétien qui aime Marie et son Divin Fils, ne peut pas désespérer parce que Marie est cause de notre joie, et son Divin Fils peut tout en celui qui vient à lui et a mis son espérance en sa puissance, sa miséricorde et son amour infini.
Les premiers chrétiens qui allaient mourir s’écriaient : « Salut, César, ceux qui vont mourir te saluent ! ». Nous aussi, au soir de notre vie, nous devons dire à Marie avec toute l’ampleur de notre gratitude : « Salut, Ô Marie, Salut Ô Reine, Salut Ô Mère ! Ceux qui vont mourir et jouiront tout à l’heure de la vie éternelle, te rendent grâce et te saluent ! » Ô Marie, cause de toutes nos joies, présentes et futures, faites qu’au terme de notre vie, nous méritions la couronne de justice promise à tous vos enfants qui ont su vivre dans la joie de Marie, à travers les croix de leur vie, les yeux rivés sur l’espérance et le cœur ancré dans la confiance.

Le monde avant la joie de Marie

On vivait dans un monde vautré dans la joie de la bête repue et satisfaite dans la jouissance de ses appétits féroces ou libertins. À part quelques sages qui vivaient dans la joie de l’esprit, du cœur et de la conscience, la majorité des hommes avant la vraie lumière, vivait dans la douleur et la souffrance perpétuelle et se posait beaucoup de questions : pourquoi la vie et la mort, le plaisir et la douleur, l’abondance et la misère, le maître et l’esclave, la justice et l’injustice, le bien et le mal ? Autant de mystères que les philosophes ne savaient résoudre, parce que le genre humain était devenu aveugle et mourait aveugle. Pourtant son désir était de voir et il réclamait ce que l’aveugle-né demanda à Jésus : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » et Jésus lui demanda ce qu’il voulait et il répondit : « Seigneur, que je voie ! »
Et dans l’Ancien Testament, Abraham, Moïse, Isaïe ne parlaient pas en vain, ils furent là pour guider le peuple en attente du Messie. Isaïe prophétisera sa venue : « Un rejeton sortira de la souche de Jessé…. sur lui reposera l’esprit de Jahvé. » (Is 11, 1-2) Et encore : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné. Il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom : Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père éternel, Prince de paix. » (Is 9,5) Ils vont influencer Tacite et Suétone qui reconnaissent en ce Messie celui qui faisait vibrer le cœur de tous les peuples. Et Virgile saluera la venue du Messie dans ses écrits : « Chaste Lucine, sois propice à cet enfant dont la prochaine naissance va clore l’âge de fer et ouvrir l’âge d’or. » Et Virgile prophétise le changement de la vie du monde par le Christ : « Avec lui, une nouvelle race de héros descend du Ciel. C’est de là que commenceront leur cours, les grandes années de l’humanité. »
Les justes d’Israël réclament le secours promis par Dieu : « Qu’on nous ouvre donc ces portes de justice, afin que par leur moyen, nous puissions enfin rendre gloire au Seigneur. » (Ps 118, 17)
Le psaume 117 annonce aussi qu’à Bethléem, on trouvera l’enfant et sa mère, et c’est cette mère qui en faisant descendre Dieu sur la terre, reste à jamais la porte par où les justes pourront y entrer. (Ps 117, 18)
Puis ce sera au tour du Magnificat de Marie, du benedictus de Zacharie et du nunc dimittis de Siméon, et du réjouissez-vous de Saint Paul aux Philippiens : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, réjouissez-vous. Que votre modération soit connue de tous les hommes, le Seigneur est proche. » (Ph 4, 4-5). Que l’on découvrira que c’est le règne du Seigneur qui vient, le jour de la lumière, de l’amour et de la vie sans bornes et sans fin.

Comment vivre la paix et la joie de Dieu ?

La paix est le rayonnement de la joie, et la joie est le sourire de la paix. Or la paix et la joie n’entreront dans un cœur et une âme d’homme, que dans la proportion de la gloire qu’il rendra à Dieu. Et pour posséder le bonheur, la joie, la paix de Dieu, il faut rendre à Dieu un bonheur, une gloire, une satisfaction qui soient dignes de lui, c’est-à-dire infinis.
Pour avoir l’infini, il faut que l’homme donne à Dieu l’infini, et c’est par là qu’il pourra s’élever à son niveau, lui parler comme à son père, son frère, son ami, jouir de sa vie et de ses biens, s’asseoir sur son trône et s’envelopper de sa gloire comme de son manteau royal. Voilà le bonheur, la joie, la paix, la vie splendide qui s’offre à tout homme venant sur terre au bout de sa carrière. Mais cette carrière est remplie d’obstacles, de pièges, d’ennemis forts et impitoyables. Et les hommes oublient que « le démon est comme un lion rugissant cherchant qui dévorer. » (1P 5,8). Et face à ce monde de souffrance, de larmes et de misères, les anges chantent toujours : « Gloire à Dieu et paix aux hommes de bonne volonté. » Et les hommes qui écoutent et comprennent la parole divine et la mettent en pratique, arrivant à la joie, au bonheur et à la gloire divine, sont-ils nombreux ? A ce sujet, Jésus nous dit que : « tous sont appelés mais qu’il y a peu d’élus. » (Mt 22, 14) et le Seigneur dit encore : « Celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé. » (Mt 24, 13), ou encore : « Celui-là seul qui sera vainqueur, sera couronné. »
Entre le bonheur éternel et le malheur suprême, il n’y a rien. Il nous faut donc tendre au bonheur éternel dans la gloire de Dieu. Voilà pourquoi Dieu a envoyé son Fils unique qui est pour toujours Fils de Dieu et Fils de l’homme. Et Jésus essaie de le faire comprendre à la Samaritaine : « Si tu connaissais le don de Dieu. » (Jn 4, 10) Et ce don de Dieu est la source de la joie, de la vie, de la gloire ! Et la vie éternelle pour chacun de nous, est de connaître Dieu, Vie infinie, et Jésus Christ son Fils qu’il a donné à tous comme moyen de cette vie. Et pour posséder Dieu et la vie éternelle, il faut croire en lui pour connaître cette transfusion incessante en nous de son sang, de son esprit, de sa vie, de ses vertus, de sa pureté, de son amour, de sa force, de sa beauté, de sa vérité et de sa divinité. C’est une communion d’être, de puissance et d’action.
Par la foi, on communie à sa parole vivante et c’est sur cette foi que germent l’amour et la vie, et c’est sur elle que peuvent fleurir, se développer et fructifier la grâce et la gloire. Le salut est la communion avec le Verbe incarné et en rejetant ce Verbe, vous vous fermez la porte du salut. Jésus veut entrer par la porte de notre âme, et il n’y entrera que si on lui ouvre librement notre porte.
Jésus est le Fils de la foi de sa mère, il ne veut être frère que de la foi de ses frères. Comme Fils de Marie, Jésus se présente à tout homme pour entendre la phrase de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16, 16) et « A qui irions-nous Seigneur ? Tu as les paroles de la Vie éternelle. » (Jn 6, 68)
Et c’est par la foi de Marie que Jésus entra dans son âme et sa chair et s’incarna en elle, et c’est encore par sa foi que la pure Vierge Marie a pu faire de celui qui est la splendeur éternelle de Dieu, sa propre splendeur ; de celui qui est l’image parfaite du Père, sa parfaite image à elle-même ; de celui qui est le bien de Dieu, la beauté de Dieu et la foi de Dieu, son bien propre, sa beauté à elle et sa parure, sa joie et son bonheur d’être Mère du Fils de Dieu.
L’enfant de Marie est l’enfant d’une Vierge, et c’est la joie infinie en personne. Et Marie sera comblée de joie en le mettant au monde pour le donner aux hommes, pour le contempler et penser qu’avec ce Fils, elle nourrira et béatifiera à jamais les anges et les élus du Ciel. En ce sens, elle est la cause de notre joie, car par son oui, elle nous donne Jésus, source de notre salut et certitude de notre bonheur éternel, si nous croyons en lui, en sa parole de vie, et si nous la vivons par sa grâce, pour être avec Marie et sa protection maternelle, les élus du cœur miséricordieux de son divin Fils.

Marie nous révèle le chemin de la vraie joie

Si Dieu est la joie infinie, comment Marie peut-elle glorifier Dieu ? Car la gloire de Dieu domine tout, elle est le principe et la fin de tout, non seulement de ce qu’il fait au dehors, mais encore de ce qu’il opère en lui-même. Par nature et par excellence, il est la gloire. Dieu dans son intérieur se suffisait à lui-même ; son être tout puissant, sa beauté éternelle, son amour infini se répétaient en se contemplant toujours, le même cantique de gloire et de joie. Dans ses œuvres extérieures, il manquait à sa gloire la créature qu’il a créée plus belle, plus grande, plus parfaite et plus pure que tous les séraphins. Cette créature qui est Marie, sera sa fille par excellence, une créature dont il pourra sans déchoir, en faire son épouse et sa mère, son épouse à laquelle il s’unit par des liens incompréhensibles, et cette vierge devenant la mère de son propre Fils, de son Verbe éternel, de sa parole vivante. C’est là la première de toutes les communions divines, celle dont toutes les autres communions de grâce ou de gloire prendront leur forme. Cette union entre Dieu et Marie une fois consommée, Dieu et Marie ne sont plus que l’époux et l’épouse, le fils et la mère ; Dieu est en Marie et Marie est en Dieu. Dieu est à la fois en Marie comme son époux et son fils, et Marie est en Dieu comme son épouse et comme sa mère.
Dans cette communion entre Dieu et Marie, nous voyons toute l’activité de la Sainte Trinité. Marie est la fille du Père, la mère du Fils, et l’épouse du Saint Esprit. Et Marie par son volonté libre, unie à la volonté libre de Dieu, a fait du Verbe de Dieu, le serviteur de Dieu ; de l’égal de Dieu, l’adorateur de Dieu, de la splendeur de Dieu, le plus humble des hommes ; du trésor vivant et de la joie vivante de Dieu, la personnification de la pauvreté et de la douleur. Jésus devenu créature, se prosterne devant Dieu son Père et prend sur lui tous les péchés de ses frères les hommes, et demande pour eux grâce, pardon, miséricorde, et comme il faut expier l’offense à la majesté divine, il se livre à toute douleur, à tout outrage, à toute faiblesse, à tout martyre et à la mort rédemptrice.
Ô Marie, Vierge, épouse et Mère, voyez quelle a été la conséquence de cette première communion de vous à Dieu !
Et Jésus après avoir souffert sur la terre, continue jusqu’à la fin du monde à souffrir les outrages de ses bourreaux, la trahison de Judas, le supplice de la croix, la nuit et l’isolement du tombeau, car sur tous les autels du monde, la croix se dresse toujours et il reçoit toujours des baisers sacrilèges. Dans le tombeau silencieux et abandonné de ses tabernacles où il cache sa gloire sous le linceul de la mort, n’est-il pas la plupart du temps bafoué, insulté, outragé, délaissé et méprisé ? Si Marie tolère tout cela, c’est parce qu’elle sait que c’est dans la douleur qu’est la vraie joie, dans l’humiliation la vraie gloire, dans la pauvreté la vraie richesse, dans l’abaissement la grandeur, dans l’outrage la réhabilitation, dans la mort la vie et dans le martyre le triomphe.
Jésus, la sagesse éternelle, a voulu pour épouse la pauvreté, pour héritage les humiliations et les douleurs, pour couronne la couronne d’épines, pour trône la croix, pour diamants les clous, c’est pour nous révéler comment il a voulu avec tout cela, glorifier Dieu son Père. Et Jésus mon Fils n’a rien pu me donner de meilleur, de plus beau, de plus honorable et précieux, que le titre de Marie, mère des douleurs et reine des martyrs.
Ayant communié à Dieu dans l’incarnation, j’ai communié à lui sur la croix afin de communier à Dieu dans la gloire. Voilà pour Marie le chemin de la joie, le programme du bonheur et l’apprentissage du Ciel, et Marie veut nous dire, si vous êtes mes vrais enfants et les dignes frères de mon Fils, alors prenez le même chemin que nous ; vous voulez la grandeur, cherchez l’humilité ; vous voulez la joie, cherchez la douleur ; vous voulez la gloire, cherchez à être oubliés et méprisés ; vous voulez la vraie vie, apprenez à mourir ; vous voulez posséder Dieu, communier à lui, vous ne le trouverez pour communier à lui que sur la croix en sachant vous crucifier avec lui.
La vraie joie pour Marie est dans la communion à son Fils méprisé, fouetté, battu, condamné et cloué à la croix, puis mort et enseveli.
Par le chemin de la souffrance rédemptrice, Jésus nous a montré la voie à suivre pour posséder la joie éternelle et infinie du Ciel. Et il nous le dit : « Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai. » (Mt 11, 28) Et pour venir au Christ, Jésus nous dit : « Si quelqu’un veut venir à moi, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16, 24)
Si vous voulez être heureux, vous le serez si vous êtes persécutés, calomniés, méprisés à cause de moi : « Qui voudra sauver sa vie la perdra, mais qui la perdra à cause de moi, la trouvera. » (Mt 16, 25)
C’est pourquoi la vraie joie que nous donne Marie est dans son Fils, qui en mourant pour nous sur la croix, nous redonne la vraie vie, celle du Ciel pour l’éternité, et comme il est le pain de vie : « Celui qui vient à lui, n’aura plus faim ni soif. » (Jn 6, 35) et « Qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle. » (Jn 6, 54). Et communier au Christ, c’est le posséder en son corps et son âme, c’est vivre de lui et pour lui avec la certitude de vivre dans sa grâce et son amour éternel.
Telle est la joie que Marie nous a donnée, en nous donnant son Fils, et bienheureux ceux qui sauront vivre de sa parole de vie et de son amour dans la Présence eucharistique, ils posséderont dans la mort à eux-mêmes, la joie du Ciel dans la gloire éternelle du Dieu vivant.
Espérer en ce projet de vie est réconfortant. Se détacher et se mortifier pour vivre la joie mariale c’est magnifique, mais se livrer, s’abandonner aux hommes pour qu’ils possèdent à leur tour la joie spirituelle que la Vierge Marie avait et que le Saint Esprit verse avec charité dans les cœurs, c’est le comble du bonheur, c’est le Ciel sur la terre. Aimer Jésus, le posséder, le faire connaître et aimer des hommes c’est la joie la plus pure que l’homme puisse éprouver. Un homme qui a reçu un beau cadeau montre de la joie sur son visage, mais celui qui vient de gagner son frère ou sa sœur au Christ, ne peut rien espérer de meilleur sur terre.
Toutes ces joies sont l’œuvre de Marie qui nous a donné son Fils et qui désire tant nous le redonner sans cesse pour que nous possédions par lui et en lui la joie parfaite de la sagesse dans sa vérité et de la charité dans son amour gratuit.

Prions Marie qui défait les nœuds de nous aider à vivre dans la joie de son divin Fils pour apprendre de lui à aimer, à pardonner et à se réconcilier avec nos familles et nos frères pour connaître comme la Vierge Marie et son divin Fils la vraie joie de l’amour partagé dans l’humilité et la sagesse. Amen

Père François Zannini

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