En ce jour du 1er octobre où nous fêtons sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face, dite plus communément Thérèse de Lisieux ou la « petite « Thérèse, nous aimerions mettre en exergue l’immense amour que Thérèse de Lisieux portait à la Vierge Marie. Le saint pape Jean-Paul II, qui a proclamé précisément Thérèse de Lisieux docteur de l’Église en 1997 et a consacré une encyclique sur Marie Mère du Rédempteur, a d’ailleurs affirmé que la théologie mariale de Thérèse annonçait celle du concile Vatican II.
Une dévotion familiale à Notre-Dame des Victoires de Paris
La famille Martin avait une dévotion particulière à Notre-Dame des Victoires. Louis Martin, le père de Thérèse, se rendait fréquemment, alors qu’il apprenait l’horlogerie à Paris dans ses jeunes années, au sanctuaire Notre Dame des Victoires, qui lui était très cher, puisqu’il le considérait comme un « petit paradis terrestre »( lettre du 10 octobre 1863 à Zélie).
La jeune Azélie-Marie Guérin dite « Zélie », alors qu’elle était encore célibataire, priait fréquemment la Vierge Marie en l’église Saint Léonard d’Alençon (Orne). Plus tard, le couple Martin s’est d’ailleurs marié le 13 juillet 1858 en cette basilique Notre-Dame d’Alençon, sainte Thérèse de Lisieux y a reçu le baptême le 4 janvier 1873 et les funérailles de Zélie Martin y seront célébrées en 1877.
C’est dire l’importance de la Vierge Marie dans cette famille. Mais Thérèse recevra des grâces particulières de la Vierge Marie.
La guérison de la « petite Thérèse » par le « ravissant sourire de la Reine des Cieux « (1883)
Thérèse a eu la douleur de perdre sa Maman alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Elle se tourne alors spontanément vers la Vierge Marie, sa Maman du ciel. Elle tombe très gravement malade à l’âge de 9 ans, en 1883, et les pronostics des médecins restent réservés. Louis Martin, le père de Thérèse, fait dire des messes à Notre-Dame des Victoires de Paris pour la guérison de sa petite. Thérèse le rapporte dans le manuscrit A : « J’aurais voulu pouvoir lui dire que j’étais guérie, mais je lui avais déjà fait assez de fausses joies, ce n’était pas mes désirs qui pouvaient faire un miracle, car il en fallait un pour me guérir… Il fallait un miracle et ce fut Notre-Dame des Victoires qui le fit. » [ (Ms A, 30r°] . En effet, pendant la neuvaine, le dimanche 13 mai, alors que ses sœurs prient à son chevet, la petite Thérèse voit soudain la statue de la vierge lui sourire :
Ne trouvant aucun secours sur la terre, la pauvre petite Thérèse s’était aussi tournée vers sa Mère du Ciel, elle la priait de tout son cœur d’avoir enfin pitié d’elle…Tout à coup la Sainte Vierge me parut belle, si belle que jamais je n’avais rien vu de si beau, son visage respirait une bonté et une tendresse ineffable, mais ce qui me pénétra jusqu’au fond de l’âme ce fut le « ravissant sourire de la Ste Vierge ». Alors toutes mes peines s’évanouirent, deux grosses larmes jaillirent de mes paupières et coulèrent silencieusement sur mes joues, mais c’était des larmes de joie sans mélange… Ah ! Pensai-je, la Sainte Vierge m’a souri, que je suis heureuse… oui [Ms A 30v°] mais jamais je ne le dirai à personne, car alors mon bonheur disparaîtrait.
Le pèlerinage à Rome (1887)
Quatre ans plus tard, en novembre 1887, Thérèse a 13 ans. Elle décide de se rendre en pèlerinage à Rome afin de demander au Saint Père l’autorisation d’entrer au carmel dès l’âge de 15 ans. Son père l’accompagne ainsi que sa sœur Céline. Le 4 novembre 1887, elle vient remercier la Vierge de Notre-Dame des Victoires de sa guérison et reçoit d’autres grâces. « Arrivés à Paris dans la matinée, nous commençâmes aussitôt à le visiter. Ce pauvre petit père se fatigua beaucoup afin de nous faire plaisir, aussi nous eûmes bientôt vu toutes les merveilles de la capitale. Pour moi, je n’en trouvais qu’une seule qui me ravît. Cette merveille fut : Notre-Dame des Victoires. Ah! Ce que j’ai senti à ses pieds, je ne pourrais le dire… Les grâces qu’elle m’accorda m’émurent si profondément que mes larmes seules traduisirent mon bonheur comme au jour de ma 1ère communion… La Sainte Vierge m’a fait sentir que c’était vraiment elle qui m’avait souri et m’avait guérie. J’ai compris qu’elle veillait sur moi, que j’étais son enfant, aussi, je ne pouvais plus lui donner que le nom de Maman car il me semblait encore plus tendre que celui de Mère [Ms A- 56 v] ».
L’entrée dans « ‘L’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel »(9 avril 1888)
Lorsque Thérèse entre au Carmel, son cheminement spirituel se poursuit dans le sillage des fêtes mariales. Elle fait sa Profession perpétuelle le 8 septembre 1890, en la fête de la Nativité de la Vierge ; de même l’offrande à l’amour miséricordieux qu’elle fera le jour de la fête de la Trinité (9 juin 1895) sera confié à Marie, sa « Mère chérie ».
Les écrits de Thérèse
Les écrits de Thérèse témoignent également de cet amour profond pour la Vierge Marie. Thérèse a du mal à réciter le chapelet, et l’avoue en ajoutant :
Jamais elle [La Sainte Vierge] ne manque de me protéger aussitôt que je l’invoque. S’il me survient une inquiétude, un embarras, bien vite je me tourne vers elle et toujours comme la plus tendre des Mères elle se charge de mes intérêts. Que de fois en parlant aux novices, il m’est arrivé de l’invoquer et de ressentir les bienfaits de sa maternelle protection ! » (Ms C, 25v)
En mai1897, peu avant sa mort, elle écrit son dernier poème (PN 54) , intitulé « Pourquoi je t’aime ô Marie. » Voilà ce qu’elle en dit :
« Que j’aurais donc bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge ! Une seule fois m’aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet. (…) Ce que la Sainte Vierge a de plus que nous, c’est qu’elle ne pouvait pas pécher, qu’elle était exempte de la tache originelle, mais d’autre part, elle a eu bien moins de chance que nous, puisqu’elle n’a pas eu de Sainte Vierge à aimer ; et c’est une telle douceur de plus pour nous, et une telle douceur de moins pour elle ! Enfin j’ai dit dans mon Cantique : » Pourquoi je t’aime, ô Marie « tout ce que je prêcherais sur elle. » (DE 8 août 3)
Le 8 septembre 1897, quelques jours avant sa mort, elle écrivit d’une main tremblante cette ultime prière adressée à Marie : « Ô Marie, si j’étais la Reine du Ciel et que vous soyez Thérèse, je voudrais être Thérèse afin que vous soyez la Reine du Ciel !!!…. »
Prions donc avec sainte Thérèse celle qui nous entoure de sa « maternelle protection ». Marie qui défaites les nœuds , aidez-nous à cheminer dans la pleine confiance !
I. Rolland
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