De nombreux pays assouplissent les consignes de confinement, bien que celle de ‘distanciation sociale’ ainsi que d’autres restrictions soient toujours en place. Cette période a été difficile pour tout le monde, mais pour certains plus que d’autres. Pour ceux qui vivent seuls, cela a été une période d’isolement, tandis que ceux qui ont des situations familiales tendues peuvent avoir manqué de ne pas avoir de pièce à eux. La tentation aurait pu être grande de noyer ses chagrins en frénésie de séries et de médias sociaux. Le silence peut avoir été perçu comme une menace pour certains; pour d’autres une nécessité à laquelle ils ont vainement aspiré. Mais comment découvrir la beauté du silence? Comment le vivre au milieu du bruit? Lorsque nous en faisons l’expérience, nous nous détournons souvent de la purification qui l’accompagne: celle d’avoir à nous retrouver face à nous-mêmes, à la fatuité de nos fausses idoles et aux mensonges que nous nous répétons continuellement. Il n’y a rien de plus difficile pour l’homme que de rester seul dans sa chambre, comme l’a dit Pascal.

Le silence de la Vierge Marie
Pourtant, le silence est au cœur de Dieu et donc de la vie spirituelle, comme le montre si bien le cardinal Sarah dans son ouvrage La Force du silence. Lorsque nous relisons les Évangiles, nous constatons que Marie était souvent silencieuse. La dernière parole rapportée dans les Évangiles à son sujet est celle qu’elle dit aux serviteurs lors de l’épisode des Noces de Cana – et vraiment à nous tous : de faire tout ce que Jésus nous dit. Pourtant, elle a dû parfois suivre Jésus pendant son ministère public, elle se tenait au pied de la croix à sa mort, attendait avec les apôtres que le Saint-Esprit descende et était manifestement présente comme Mère de l’Église à ses débuts (et cela est encore ainsi du haut du ciel). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les bruyantes affaires du monde qui sont puissantes; mais c’est bien le silence qui possède ce pouvoir de changer la vie.

Le véritable silence
Car le silence authentique n'est pas une absence; il ne s’agit pas d’une morosité ou d'auto-absorption narcissique, mais bien de l’expression d’un cœur débordant. L’amour ne peut se produire que dans le silence du cœur; car le silence est le langage de l’amour et il est la façon dont Dieu nous touche. La philosophe et mystique française, Simone Weil, a paradoxalement appelé le Logos le «silence de Dieu». Et elle définit le silence non pas comme «une absence de son, mais qui est l’objet d’une sensation positive, plus positive que celle d’un son». Même dans la souffrance, lorsque nous crions à Dieu notre «pourquoi moi?», Le silence qui nous enveloppe est «quelque chose d’infiniment plus plein de signification que toute réponse, comme la parole elle-même de Dieu» (IPC 168). Lorsque le Christ a crié au Père sur la croix pour lui demander pourquoi il l’avait abandonné, il a été accueilli par son silence – mais c’était la réponse la plus complète. Car «l’absence de Dieu ici-bas est la même chose que la présence secrète ici-bas du Dieu qui est aux cieux» (IPC 168).

Le silence, un don
Pourtant, le silence n’est pas seulement l’apanage des contemplatifs qui ont quitté le monde. Ce n’est pas non plus une occasion que nous aurions perdue avec la levée des consignes de confinement. Le silence est un cadeau précieux, que nous pouvons porter en nous au sein de l’agitation du monde. Pour le maintenir, nous devons retourner à sa source – à Dieu – dans la prière silencieuse, dans l’adoration, en méditant sur les mystères du chapelet (que nous pouvons dire même dans un environnement bruyant). La Sainte Vierge nous aidera à combattre les dépendances au bruit, à l’Internet et aux affaires que nous utilisons à tort pour satisfaire l’agitation de notre cœur. Si nous essayons de nous concentrer sur Dieu chaque jour pendant au moins quinze minutes – malgré nos distractions et la tentation de trouver cet exercice ennuyeux et inutile – alors nous parviendrons à une paix authentique. Nos cœurs chanteront intérieurement tout en gardant le silence modeste de l’épouse lorsqu’elle s’unit à Dieu.

O Marie qui défait les nœuds , libérez-nous s’;il vous plaît du cercle vicieux de l’agitation de nos cœurs, qui cherchent des distractions pour se sentir plus instables; aidez-nous à affronter cette kénose purificatrice de l’entrée dans le silence et conduisez-nous à imiter votre silence, celui qui ouvre nos cœurs à Dieu.

Marie Cabaud-Meaney

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Saint_Dominic_(Detail_from_The_Mocking_of_Christ).jpg

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