Profitons encore que nous sommes dans l’Octave de Noël pour entendre des chants que nous ne pourrons plus faire de manière ajustée dans peu de temps encore. Nous vous proposons d’écouter le Gloria 589 d’Antonio Vivaldi et d’entrevoir son lien avec l’attitude de la Sainte Vierge au moment où les anges chantent (Lc 2, 13-14).

Vivaldi : Prêtre pour l’Éternité et musicien au service de l’Éternel…
La réputation de Vivaldi (né en 1678 à Venise et mort en 1741 à Vienne) n’est aujourd’hui plus à faire. Il fait indéniablement partie des compositeurs les plus joués et les plus reconnus. Sa musique (et sa rythmique) vive et audacieuse nous enchante instantanément. Rien d’étonnant que, à son époque, le compositeur connaissait déjà une notoriété bien établie. De Vienne à Munich en passant par Prague, Londres, Paris, Vivaldi voyageait partout afin de répondre aux commandes de prestigieux mécènes. Très vite il deviendra le compositeur à la mode, faisant de l’Ospedale della Pietà à Venise, œuvre charitable où il officie en tant que maître de musique, un des hauts lieux artistiques de Venise. Sa musique fut cependant longtemps oubliée après sa mort en 1741 et il faudra attendre le milieu du XXe siècle pour voir son œuvre renaitre. Son exceptionnelle virtuosité violonistique et les centaines de concertos qu’il a composés (dont les plus célèbres sur le thème des saisons) assurent aujourd’hui son succès.
Fils d’un barbier violoniste, le jeune Antonio a été tôt destiné à la prêtrise, sans doute pour lui assurer une bonne éducation, qu’il put financer grâce à ses talents d’instrumentiste. En 1703, Vivaldi fut ordonné prêtre, puis engagé comme tel et comme maître d’instruments à la Pietà de Venise. Sa santé fragile ne lui permit de célébrer la messe que durant quelques années. La Pietà était un établissement de charité destiné à accueillir les enfants illégitimes, mais la réputation de l’établissement était telle qu’elle accueillit aussi des élèves extérieures issues de familles aisées. Le Seminario Musicale dell’ Ospedale della Pietà comprend un chœur exclusivement féminin. Les filles du chœur sont sollicitées en permanence pour les offices de la Pietà, mais aussi dans d’autres lieux de culte y compris dans des propriétés aristocratiques. Le maître de chœur, à qui il revient de composer les œuvres de musique sacrée pour la Pietà, est Francesco Gasparini jusqu’en 1713 qui doit partir pour raisons personnelles. Vivaldi est alors chargé, à cette date, de le remplacer comme maître de chœur. C’est là qu’il composa ce Gloria 589 si populaire aujourd’hui.

Gloria RV 589 : un des Gloria les plus connus de l’Histoire
Vivaldi a composé au moins trois Gloria et de ce nombre, seulement deux nous sont parvenus (RV 588 et RV 589), puisque le troisième (RV 590) a été perdu et les deux que nous connaissons aujourd’hui ont été écrits vers la même période, au début des années 1700. Le Gloria RV 589 (normalement en 1713) est son œuvre de musique sacrée la plus célèbre.
Le Gloria RV 589 a été composé pour alto, soprano, chœur mixte, orchestre à corde, trompette, hautbois et basse continue. Les parties chorales sont composées pour Soprano, Alto, Ténor, Basse (SATB), mais elles peuvent être chantées par un chœur exclusivement féminin comme on le verra.
Son célébrissime Gloria (RV 589) emprunte le texte à la messe latine. La musique, vivace et élégante, reflète autant la noblesse singulière de Venise (la Sérénissime) qu’une certaine juvénilité, celle des 40 jeunes filles éduquées à l’Ospedale.

Devant le chant des anges, La Sainte Vierge reste la créature la plus humble de l’Histoire
Pendant que les anges chantent le Gloria, Marie est avec la Sainte Famille dans cette étable de Bethléem dont le nom signifie « Maison du Pain ». Bethléem est un terme très prophétique pour annoncer la naissance de Celui qui est le Pain de Vie (l’Eucharistie). Bethléem a vu d’autres évènements se produire puisqu’il est, notamment, le village près duquel fut enterrée Rachel (Gen 35, 19) et où est né le Roi David (1 Samuel 17, 4). Au lieu de s’enorgueillir ou tirer une quelconque fierté d’avoir été choisie par le Ciel pour être la Mère du Sauveur de l’Humanité, bien au contraire Marie reste cachée le plus possible n’étant nullement intéressée par les gloires terrestres, mais reste la plus effacée possible aux yeux des hommes pour n’être vue que de Dieu Seul et faire ainsi Sa Volonté au point de devenir Sa Volonté Même en renonçant à la sienne propre. C’est à ce prix que Dieu l’élève à Son Égal à Lui, car Il « élève les humbles » (Luc 1, 52) et même au-delà de Lui, car Il a pris la dernière place et elle ne lui sera pas enlevée…

Marie qui défait les nœuds , défaites nos nœuds d’orgueil, de vanité ou de vaine gloire pour attirer l’œil et la reconnaissance humaine, trésors périssables, et rends notre cœur semblable au tien : doux et humble comme Celui de votre Fils, notre Seigneur (Mat 11, 28-30). Écoutons maintenant son célébrissime Gloria (RV 589), interprété comme le voulut Vivaldi, par 40 jeunes filles éduquées à l’Ospedale. Il se dégage une fraîcheur, une pureté et une ferveur qui n’ont pas pris une ride en 300 ans : une source de Beauté, de Lumière et de Pureté qui est la bienvenue pour ce Noël 2022 : SUBLIME !

Pour entendre ce splendide Gloria, cliquez ici
Christophe Leridez

Un commentaire sur “Gloria : Louange des anges et Humilité de Marie”

  • Bel article très instructif et magnifique choix de musique sacrée de Vivaldi qui élève nos âmes et nos cœurs!!!
    merci beaucoup ! Florence

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