Si le désir du bien est inné chez l’homme, ce dernier recherche le vrai bien pour être heureux et il n’est qu’en Dieu car tout est en Dieu. Il est la Source unique de notre existence, de notre corps et de notre âme, du pain qui rassasie le corps comme de l’Eucharistie qui nourrit et développe la vie de l’âme. Le bien de l’âme, sa vie et son bonheur, c’est la vérité, le bien et le beau et tout cela est Dieu. L’âme est esprit et sa nourriture est spirituelle. Comme l’esprit est uni au corps, ce n’est pas au corps de matérialiser l’esprit, mais à l’esprit de spiritualiser le corps, voilà la destinée de l’homme. Le bien auquel l’homme doit aspirer se trouve en Dieu seul. C’est le bien même de Dieu, ce qui fait sa vie, son bonheur infini. Le bien est son Verbe, son Fils bien aimé qu’il engendre de son sein, qu’il énonce de tout son être divin comme l’expression de sa beauté, de sa lumière, de son amour et qui s’appelle la Sagesse éternelle.
Cette Sagesse éternelle nous invite : « Venez à moi, vous tous qui me désirez avec ardeur et remplissez-vous de mes fruits. » (Eccl. 24, 26)
« Mais où trouver la sagesse et quel est le lieu de l’intelligence ? » dit Job « Elle est cachée aux yeux de tous les vivants. Dieu seul connaît sa voie et lui seul connaît où elle se trouve. » (Job 28, 12, 13, 23)
La voie est celle que la Sagesse a prise pour venir jusqu’à nous car de nos propres forces, on ne pouvait aller à elle. Mais cette voie qu’elle a prise pour venir à nous, et le lieu où elle habite pour nous admettre à ses divines leçons, c’est la Vierge Marie.
Marie nous donne la sagesse éternelle pour vivre de Dieu
Saint Jean nous révèle la voie que la divine sagesse a prise pour arriver jusqu’à nous et jusqu’au cœur de tout homme : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu… et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire du vrai Fils et unique Fils de Dieu plein de grâce et de vérité. » (Jn 1, 1, 14)
Voilà le secret de la Sagesse, et qui ignore ce secret, ne trouvera jamais cette Sagesse et ne sera jamais l’enfant de Dieu, parce que Dieu ne reconnaît pour ses enfants que ceux en qui il retrouve son image. De toute éternité, Dieu a reconnu cette sagesse germant du sein et assise dans les bras de la Vierge Marie, sa mère dans le temps comme sur son trône. En effet, c’est dans le sein de Marie que la Sagesse divine s’est incarnée pour accomplir le plan du Père : le salut de son humanité et le retour des hommes à la vraie lumière. « C’est de cette demeure qu’elle s’était préparée que la Sagesse divine jetait ses regards sur tous ceux qui habitent la terre. » (Ps 32, 14)
Par Marie, le Père nous donne son Fils pour éclairer l’homme de sa propre Sagesse, et en celui qui veut y adhérer. Dieu peut substituer sa propre sagesse à l’égoïsme humain et faire de lui un chrétien, un sage, un héros, un saint. Pour cela, il faut que l’homme soit capable de soumettre son esprit propre à l’Esprit divin et d’aimer passionnément l’Invisible et de soumettre sa chair et ses sens jusqu’à une immolation définitive pour vivre dans la Sagesse du Fils de Dieu.
Marie est le chemin qui conduit à son divin Fils et qui porte tous ses enfants que nous sommes vers la Sagesse éternelle qu’Il est, parce que son divin Fils est la Lumière, la Vérité, l’Amour et la Force de Dieu qui seront toujours invulnérables.
Le monde peut fermer les yeux, il n’éteindra pas la lumière ; il peut barricader son cœur, il n’enlèvera rien de sa splendide chaleur à l’amour ; il peut s’obstiner à vivre dans la fange du péché, il n’empêchera pas la force divine de se pencher sur les siens pour les soutenir par sa grâce dans la vertu.
Dans ce monde divin, il y a toute la force de Dieu qui soutient le monde et le guide vers la sainteté. Cela est possible sans cesse parce qu’il y a son Esprit Saint et la Vierge Marie de qui est conçue et de qui s’épanche incessamment dans la chair, la vertu, la sagesse éternelle.
L’Esprit Saint par Marie accomplit son œuvre
L’Esprit de Dieu est dans la religion, la fin et le commencement de tout. C’est en Marie et par Marie qu’il déploie son action. Jésus emploie cette comparaison que le Royaume des Cieux est comparable à un filet qu’on jette dans la mer et que l’on retire quand il est plein. (Mt 13, 47)
Ce filet vient dans ce monde et il est jeté dans la mer humaine parce qu’il fut tissé par l’Esprit Saint, de la chair et du sang de la Vierge. Il s’est associé à Marie en lui donnant toutes les vertus pour l’œuvre qu’il avait en vue : devenir la Mère du Sauveur, la Sagesse éternelle venue racheter tous les hommes de l’Ancien et du Nouveau Testament, jusqu’à la fin des temps.
Ce filet jeté par Dieu sur le monde prend tous les hommes, mais tous ne seront pas sauvés parce qu’ils ne sont pas tous élus, parce que Dieu seul, avec tout son amour, ne suffit pas à sauver des créatures libres ; pour qu’il puisse les sauver, il faut qu’elles y consentent, qu’elles veuillent se laisser transformer en acceptant de bon cœur l’aliment divin, le ferment divin, et qu’elles concourent volontairement, et de toutes leurs forces, à développer en elles la greffe divine du Christ pour devenir comme lui les fruits de l’Esprit Saint et de la Vierge.
Recevraient-ils chaque jour de leur vie, la chair et le sang du fils de Marie, si, comme le Christ, ils n’ont pas l’Esprit de Dieu, qui peut seul les vivifier, il faut qu’ils ne fassent qu’un pourtant avec cette chair et avec ce sang de façon à devenir membres du Christ sur qui seul veut se reposer cet Esprit Saint, et qui ne se repose jamais que sur ceux qui en qui il retrouve et reconnaît l’image vivante de cette divine Sagesse. Et c’est la charité qui unit dans la sagesse divine les membres du corps mystique. Et c’est par l’Esprit Saint que nous pouvons nous unir au Christ et devenir les membres de son corps, être animés et vivre de sa vie, dont le principe est l’Esprit d’Amour. L’Esprit est le début et la fin pour tout le corps du chrétien, pour les membres comme pour le chef, mais c’est de Marie, en Marie et par Marie que se fait l’opération du Saint Esprit.
Marie est le moule très pur où il a coulé dans notre chair la Sagesse éternelle ; c’est là aussi qu’il coulera dans cette chair du Christ, tous les membres du corps dont cette Sagesse incarnée est la tête, l’inspiratrice et la perfection. La Sagesse incarnée est le cep et nous sommes les sarments. Mais le sol et le principe de vie étant toujours les mêmes, le sol où germe le cep est le sol où germeront les sarments, c’est Marie, le principe de vie pour elles comme pour lui, c’est l’Esprit Saint dont Marie est le sanctuaire, l’organe et le champ d’opération. Marie fut établie et choisie depuis toujours pour être la Mère de la divine Sagesse et de tous ceux, anges ou hommes qui sont appelés et élus pour être les images vivantes de cette Sagesse incarnée en elle. Seuls ceux en qui le pêcheur divin reconnaîtra cette image, seront ramenés par le filet mystérieux jusque dans le sein de Dieu avec Jésus et ses frères portés dans les bras de leur divine Mère. Bienheureux enfants et heureuse Mère ! Jamais ils ne seront plus séparés parce que Marie est le trône éternel de la Sagesse au Ciel et sur la terre.
Marie Trône de la Sagesse est le parfait modèle de la Sagesse divine
Sur terre, Marie est non seulement le trône de la divine Sagesse qu’elle a porté en elle et élevé comme enfant et homme, mais elle est aussi le plus parfait modèle de la Sagesse divine qui ait pu être réalisé par Dieu dans une personnalité créée. Jésus, son divin Fils, est la Sagesse éternelle elle-même faite homme, et bien qu’ayant rendu visible en son humanité, cette merveille qui nous dépasse et quoique nous puissions sur terre nous agenouiller à ses pieds, le prendre dans nos bras et le serrer sur notre cœur, il reste au fond de lui un abîme sans fond où notre œil si confiant qu’il soit, se perd tant nous sentons notre néant en face de cet infini divin.
Devant Marie, bien que Mère de Dieu, elle n’est pas Dieu mais une créature sortie du néant comme nous, et même si elle est si belle, si grande, si élevée, si glorieuse, elle demeure toujours l’une d’entre nous, notre sœur, notre mère et notre amie qui nous aime d’un amour maternel inimaginable. Si Jésus nous a donné une telle Mère, c’est pour mieux nous apprendre par elle à le connaître et l’aimer. Marie est en effet la plus belle, la plus éloquente, la plus efficace leçon de la Sagesse divine qu’il pût nous offrir. Marie fut faite, préparée et parachevée par la toute puissance et tout l’amour de Dieu pour être le moule très pur où devait être coulée l’éternelle Sagesse, la forme idéale où elle devait prendre sa forme humaine. Jésus, Verbe incarné, est aussi parfaitement, aussi complètement, comme homme, l’image de Marie, que comme Dieu, il est l’image de Dieu le Père. Marie et Jésus sont si unis qu’en contemplant Marie vous pouvez voir le vrai portrait, la vraie expression de la Sagesse divine, aussi pratiquement et plus doucement peut-être encore, qu’en contemplant Jésus.
L’Église sait dans la vérité de Dieu qu’elle transmet par l’Esprit Saint, que cette divine Sagesse et sa Mère ne font qu’un, et que comme elles n’ont qu’un cœur, qu’un esprit, qu’une volonté et qu’une même expression d’amour, les paroles qui sortent de l’une, sortent aussi de l’autre, aussi vraiment que suavement. « Qui veut s’approcher de la Sagesse se doit de vivre dans une pureté incorruptible. » (Sg 6, 20) et celui qui est affermi dans la justice, possèdera la Sagesse ; elle viendra à lui comme une mère honorable au-devant de son enfant ; elle le nourrira du pain de vie et d’intelligence, et l’abreuvera de l’eau de la Sagesse qui donne le salut. » (Si 15, 1-3)
Voilà le programme des âmes qui veulent recevoir en elles cette précieuse Sagesse. Marie en est vraiment l’idéal et le modèle parfait. Plus obéissante à Dieu, plus pure, plus embrasée d’amour, que toute créature possible, elle était bien préparée pour recevoir cette divine Sagesse et devenir en même temps sa fille, son épouse et sa mère. Elle avait été choisie, prédestinée, et créée pour ce ministère, de toute éternité, comme il convenait à celle qui pourrait dire d’elle-même : « C’est moi qui ai fait jaillir du Ciel, dans le firmament des siècles, cette lumière qui vous éclaire et qui ne s’éteindra jamais. » (Si 24, 6)
Marie qui est la fille du Père, la mère du Fils, et l’épouse du Saint Esprit, nous exhorte à l’écoute car elle est la Mère de la Sagesse éternelle, incarnée pour le salut des hommes. C’est pourquoi elle nous dit : « Je suis la Mère du pur amour, de la crainte, de la science et de la sainte espérance. En moi est toute la grâce de celui qui est la Voie et la Vérité ; c’est en moi seulement que vous trouverez l’espérance de la vie et de la vertu. Venez donc tous à moi, vous tous qui avez soif de mes biens et je vous remplirai de tout ce dont je suis la Mère. » (Si 24, 24-26)
Et pour nous révéler combien la Sagesse éternelle incarnée et le trône de la Sagesse ne font qu’un, elle nous dit encore : « Ceux qui me mangent et me boivent, en mangeant et en buvant celui dont je suis la Mère, verront leur faim et leur soif s’agrandir de plus en plus ; celui qui nous écoute ne sera jamais confondu, celui dont nous serons le principe et le mobile d’action ne péchera jamais. Ceux qui nous feront connaître auront la vie éternelle. Voilà le livre de la vie, le testament définitif du Très Haut, et la pleine lumière de la vérité. » (Si 24, 29-32)
C’est ainsi que parle l’Esprit Saint, par la bouche de Jésus et de Marie, nous révélant que Marie est non seulement la Mère, mais le plus parfait modèle et la prédication vivante de cette divine Sagesse. Elle est son ostensoir et son appât, son argument et sa séduction, en sorte que Jésus, cette Sagesse créée, est son fruit non seulement en lui-même, mais aussi en tous ceux qui le reçoivent, et qui, en le recevant, deviennent d’autres Jésus comme lui, fils de Marie. L’enfant Dieu ne va jamais sans sa Mère, elle est le trône éternel de la Sagesse incarnée d’où il se fait voir, se communique et se donne sur terre comme au Ciel.
De ce trône, Jésus par sa pensée et son amour, se fait connaître aux anges et aux patriarches, comme il se fera connaître aux bergers, aux mages, à Jean Baptiste et à Siméon : « Du haut de sa demeure, Dieu observe tous les habitants de la terre. » (Ps 33, 14)
Marie, trône de la Sagesse, ne peut conduire que tout homme à son Fils, la Sagesse incarnée et éternelle, alors prions Marie qui défait les nœuds d’intercéder pour nous, ses enfants, afin que nantis de la Sagesse du Dieu vivant, nous sachions toujours mieux l’adorer, l’aimer et le servir pour jouir en ce monde de sa vérité qui nous libère, de son innocence qui nous purifie et de son amour qui nous sanctifie, afin de partager un jour sa gloire éternelle. Amen
Père François Zannini