« Il fut un soir, il fut un matin… »
Il fut un homme, Adam, il fut une femme, Eve, mère originelle de l’humanité. Il y avait aussi deux arbres : l’Arbre de Vie et l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, dont il leur était interdit de manger du fruit, sous peine de mort. Mais par grâce il fut également une nouvelle Eve, Marie, qui a porté et enfanté le fruit de l’Arbre de Vie, le Seigneur Jésus Christ.
Manger de ce fruit défendu, si beau à la vue et si tentant à la bouche, et qui en plus les rendrait comme Lui, créateurs, ayant la connaissance du bien et du mal, comment ne pas tomber en tentation ? Ils désobéirent et la malédiction s’est abattue sur eux, le genre humain et toute la création, ce fut le début des nœuds dans nos vies, dont le doute, la peur, la violence, la corruption… La chute fut fatale et nous sommes tous devenus des condamnés à mort sans appel !
Mais l’Éternel eut piété de sa créature, il suscita dans l’esprit de la femme un désir de réparation de la faute originelle ! Une jeune fille juive du nom de Myriam, saisie par l’Esprit de Vérité, inversa l’épreuve. Elle obéit à ce Dieu d’amour qui vibrait en elle. Quelle félicité pour une femme illuminée de la Grâce divine ! La flamme de la vie brûlait en elle, et celle-ci a embrasé toute la Création. Derrière ce feu dévorant apparut le Dieu-Sauveur traversant l’amour absolu d’une mère dont l’étymologie du nom, « mar-yam », signifie « mer d’amertume ». Ainsi s’incarne en elle l’Amour divin. Elle l’accueille les bras grands ouverts, geste préfigurant les bras en croix de son fils crucifié, tous deux se donnant corps et âme pour la gloire de Dieu et la sanctification de sa création.
Voici : la malédiction se change en bénédiction par le souffle puissant d’un Absolu. Un monde nouveau s’annonce, mais à quel prix ! S’offrant en sacrifice, Myriam allume la mèche du destin. Sous les yeux de sa mère au regard éperdu d’amour, son fils meurt, elle sait qu’il va vaincre la mort et faire la démonstration insolite mais grandiose, improbable jusque-là, que l’amour peut vaincre la mort.
Braise brûlante aux pieds de son fils, elle embrase sa croix, IL devient flamme vivante qui brûle sans se consumer, mais IL a tout consommé : « tout est accompli ». La démonstration est parfaite, IL a réparé les déchirures du cœur de l’homme et déposé en lui la flamme vivante de la foi. « Je ne mourrai pas, mais je vivrai ». Cette affirmation, moult fois clamée dans les psaumes de David, est devenue réalité concrète, car « quand bien même je mourrais, je vivrai… » La Parole est vivante, le Verbe incarné en est la démonstration parfaite !
Mes yeux dans les yeux de Dieu, je rêve du Paradis. L’aube d’une improbable aurore se dessine devant moi, je vois la trace de la rosée divine qui fraye le chemin de l’En-Haut. La notion d’espace et de temps s’efface, désormais je vis dans cette magie du présent qui ne comporte ni naissance ni mort ni maladie, je ne fais qu’un avec l’Infini. Je rends grâce pour cette jeune fille entièrement abandonnée entre les mains de son Seigneur qui « fit pour [elle] des merveilles : Saint est son Nom ». La voici cette nouvelle Eve qui ne craint ni la souffrance ni la mort, elle s’élance sans le moindre doute au-dessus de l’Abîme avec l’âme d’un héros, de ces héros qui transforment la douleur en un marchepied, non pas pour se lancer dans le vide mais pour s’élever au-dessus !
Et moi, j’élève ma voix pour glorifier Dieu qui a fait de la femme stérile abandonnée que j’étais « son épousée, sa bien-aimée à la parole féconde et au cœur pétri de gratitude ». Enfin puisqu’il est question ici de dénouer les nœuds, je me risque avec d’infinies précautions à faire part de ma vision : devant moi se dénoue un nœud énorme, la perspective d’un nouveau monde !
• Marie, toi la plus belle des femmes, dont la bonté n’a pas de limite, laisse mon âme s’abriter sous les plis de ton voile. Toi, l’amoureuse de l’Absolu, il te fut donné de mettre au monde l’Amour incarné, je te loue pour ta sagesse candide, ta douceur de femme, ta tendresse de mère. Qu’il me soit donné de prendre modèle sur toi, « humble servante du Seigneur ». Marie qui défait les nœuds, nouvelle Eve qui ne craint ni la souffrance ni la mort, délivre-moi de la peur de la mort, mort dont le Christ nous a délivrés.
May-Elodie JACQUES, Octobre 16, 2018
source iconographique:
https://en.wikipedia.org/wiki/Madonna_and_Child_(Lippi)#/media/File:Filippo_Lippi_-_Madonna_col_Bambino_e_due_angeli_-_Google_Art_Project.jpg