La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements au publié le 3 mars 2018 un décret qui nous offre une nouvelle fête liturgique mariale : celle de ‘sainte Marie, Mère de l’Église’, avec le degré de ‘mémoire obligatoire’ et fixée au lundi de Pentecôte.
Une nouvelle mémoire inscrite au calendrier liturgique
C’est officiel : dès cette année 2018, le lundi de Pentecôte, nous ferons mémoire de la ‘bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église’, selon le formulaire qui existait depuis 1975 dans le missel de Paul VI. D’autres pays comme la Pologne ou l’Argentine avaient déjà adopté une date pour cette célébration, et c’est notre pape François qui a décidé de rendre universelle cette ‘mémoire obligatoire’.
La maternité spirituelle de la Vierge Marie
Le caractère maternel de la Vierge Marie, cette ‘maternité spirituelle’, comme le dit le cardinal Sarah, a déjà été célébrée de multiples façons. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus écrivait par exemple dans son dernier poème dédié à la Vierge Marie (« Pourquoi je t’aime O Marie », PN 54) :
« O Mère bien-aimée, malgré ma petitesse
Comme toi je possède en moi Le Tout-Puissant
Mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse :
Le trésor de la mère appartient à l’enfant
Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie
Tes vertus, ton amour, ne sont-ils pas à moi ?
Aussi lorsqu’en mon cœur descend la blanche Hostie
Jésus, ton Doux Agneau, croit reposer en toi !… »
C’est au pied de la croix que prend source ce vocable de mère. Il est issu de l’une des dernières paroles du Christ en croix, destinée à st Jean : « »Voici ta mère » (Jean 19, 27) ».
En outre, c’est avec le mystère de l’Annonciation que commence l’Église. Certains Pères de l’Église l’appellent « la fête de la racine ». C’est en effet dans la foi de Marie que s’enracine l’histoire de notre salut. Dans la Préface de la messe de ce jour, il est dit que « L’Église n’oublie pas qu’elle a commencé le jour où ton Verbe s’est fait chair ».
Marie Mère de l’Église
L’’expression ‘Mère de l’Église’ n’a cependant officiellement vu le jour qu’à la fin du concile Vatican II, lorsque le bienheureux pape Paul VI a proclamé la Vierge Marie ‘Mère de l’Église’, c’est-à-dire Mère de ses fidèles et de ses pasteurs, le 21 novembre 1964. Le Catéchisme de l’Église catholique a réutilisé cette expression, qui désormais nous est familière.
La tradition nous avait cependant déjà enseigné que le Christ et l’Église forment un même corps. Déjà saint Paul (Col 1,18), célèbre le Christ « Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église ». Dans son épître aux Colossiens, il appelle l’Église « Corps du Christ » (Col 1,24). L’image du corps humain avec la tête et ses membres correspond au Christ tout entier, qui rassemble dans l’unité le Christ, sa Tête, et les chrétiens, ses membres.
Isaac de l’Étoile, moine cistercien, affirmait au XIIè s.: « le Christ n’existe nulle part tout entier sans l’Église, ni l’Église sans le Christ. Le Christ total, intégral, c’est la tête et le corps.» A la maternité divine de Marie s’ajoute donc sa maternité spirituelle, celle de l’Église. Marie est donc Mère de Dieu et notre mère spirituelle.
Prions Marie qui défait les nœuds pour qu’en cette maternité spirituelle elle nous délivre de tous les nœuds qui nous empêchent de nous unir davantage à son divin Fils.
Isabelle Rolland, avril 2018