L’homme ne peut être juste qu’autant qu’il est justifié, et la racine de sa justification est la foi. Le juste vit de la foi comme la plante vit de sa racine, comme le fleuve ou le ruisseau vivent de leur source, comme le corps vit de l’âme. La foi est la racine de toute vie chrétienne, sans elle, il n’y a pas de vie surnaturelle possible.
Le vrai chrétien se définit comme un être fidèle et croyant, c’est son caractère distinctif, son titre et son nom spécifique. Le vrai mariage dans la foi nous incorpore au Christ au point que nous n’avons plus avec lui qu’un esprit, qu’un cœur, qu’une chair, et il fait de nous de vrais enfants de Dieu. Sans la foi, l’homme ne peut pas plaire à Dieu. C’est pourquoi Dieu a créé le monde, qu’il s’est incarné, qu’il est mort et ressuscité, et le but de ses paroles, de son enseignement, de ses miracles, ce fut pour nous dire comme à Thomas : « Ne sois pas incrédule, mais croyant, et parce que tu me vois, tu crois, mais heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20, 27, 29)
Celle qui a cru par excellence est Marie. Elle n’a jamais douté de Dieu, de son Fils et des hommes, parce qu’elle est la Vierge fidèle qui a cru en la parole de l’Ange, qui a accepté d’être Vierge et Mère, parce qu’elle a toujours aimé Dieu le Père et voulu être la servante fidèle de son plan d’amour pour le salut des hommes.
Marie est la Vierge fidèle pour trois raisons : elle est le modèle idéal et accompli de la foi ; elle est le premier sanctuaire et en a été établie la fontaine pour tous les siècles, et enfin elle en est la gardienne vigilante et la défense inébranlable, et un modèle pour tout chrétien puisque Mère des hommes.
Marie est le modèle idéal et accompli de la foi
Elle a cru jusqu’à concevoir la parole de Dieu dans son esprit et jusque dans son corps, faisant de cette parole divine, objet de foi, une parole humaine.
Pour vivre de la vie de Dieu, pour devenir ses enfants, images vivantes de son Verbe, il faut tout faire pour nous unir et nous identifier en quelque sorte à sa propre vie. On y arrivera par la connaissance et l’amour qu’il a de lui-même et qui le béatifient. Dieu seul se connaissant et s’aimant dignement, qui nous donnera cette incompréhensible et inabordable connaissance qu’il a de lui-même, qui seule sera capable d’allumer l’immense amour dont il se consume éternellement ?
Pour connaître Dieu, il faut concevoir ce qu’il est, et lui seul peut nous le révéler. Il l’a fait en nous envoyant son propre Fils, né de la Vierge Marie, et ce Fils parmi nous vient nous apprendre à connaître Dieu et nous élever par là à son amour. Jésus est la Voie, la Vérité et la Vie (Jn 14, 6) et qui peut mieux me conduire à Dieu sinon Dieu lui-même. Et pour nous conduire à lui, Dieu s’est fait chair par Marie et il vient se montrer à nous, à nos yeux infirmes et si bornés de notre pauvre esprit, et de notre misérable corps lui-même.
Pour voir la lumière il faut des yeux et lui livrer passage en nous. Les yeux du corps voient la lumière matérielle, et pour les choses de l’esprit, les yeux de la raison sont nécessaires pour les percevoir, d’autant plus qu’elle sera plus parfaite et plus puissante en elle-même.
Pour voir les choses divines, il faut une puissance de vue et d’entendement que Dieu seul peut nous donner, il faut des yeux illuminés d’en haut éclairant tout homme intérieur, son esprit et son cœur surtout. Seule la lumière de la foi éclaire l’intelligence, illumine le cœur surtout, car c’est par l’amour que Marie a dit oui pour recevoir cette lumière incarnée et la donner au monde. Et pour recevoir cette lumière, il faut des yeux simples, droits et purs, et des esprits et des cœurs de bonne volonté dans lesquels Dieu reconnaît ses enfants ; mais si l’homme est un enfant du démon, une race de vipères, un composé de chair et de sang, il est incapable de recevoir cette lumière.
Pour être digne de recevoir cette lumière, il faut que l’Esprit Saint, comme il a agi en Marie, agisse en nous et nous révèle comme aux Apôtres, aux Martyrs et à tous les Saints, l’immense vérité du Christ qui conduit tout homme à la perfection de l’amour.
La vie de Marie fut un acte de foi permanent ; de sa conception de Jésus jusqu’à sa mort, elle a été fidèle à Dieu dans la joie de l’enfance comme dans les souffrances de sa vie publique et de sa Passion. Mais son amour du Fils de Dieu a tout supporté dans la fidélité et sa profonde soumission à la volonté du Père en son divin Fils. En Marie sa fleur c’est son Jésus ; sa tige ce sont ses grandeurs virginales et sa racine est sa foi. Et dans l’Église, depuis l’enfant nouvellement baptisé jusqu’aux grands Saints : Saint Jean Baptiste, Saint Paul, Saint Augustin, Saint Maximilien Kolbe et Sainte Thérèse de Lisieux ou Sainte Bernadette, et dans la cour céleste avec tous les anges et les séraphins, on est obligé de constater que cette immense chaîne repose sur la foi de l’humble Vierge Marie, sur la parole féconde de son humilité, de son obéissance et de son amour, toutes les trois filles de sa foi qui se traduit par « Me voici Seigneur et que ta volonté soit faite. »
Marie est le premier sanctuaire de la foi et en fut établie la fontaine pour les siècles
La foi de Marie nous est proposée comme modèle de la foi chrétienne, mais aussi comme source jaillissante d’où arrive à toute créature cette vertu, cette faculté mystérieuse de voir, de comprendre et d’aimer Dieu dans sa nature et ses dons. Elle est la vraie mère de la foi comme elle est la vraie mère de tous les croyants.
Dieu le Père avait préparé Marie de toute éternité et il l’avait conçue dans sa pensée avant la création du monde. Et en devenant la Mère de son Fils, le Verbe incarné, le monde surnaturel est fait. Jésus sera le Père, le Roi, le Soleil de ce nouveau monde comme sa Mère en sera la Mère, la Reine et l’Aurore. Désormais, l’Emmanuel, Dieu est avec nous, il est l’un de nous et n’oublions pas que c’est Marie et par Marie qu’il vient à nous et que c’est de la Vierge et par la Vierge que nous pourrons aller à lui.
Marie est la forme, l’idéal et la raison d’être de notre anoblissement divin par notre adoption divine. Tout le monde surnaturel n’est pas autre chose qu’une extension du sein virginal. Jésus et Marie représentent tout le dogme, toute la morale, toute la lumière et toute la vertu de ce monde. C’est de ce sein virginal que coule avec force la lumière de ce monde surnaturel qui est son Fils Jésus. Jésus vraie lumière est lui-même Fils de la lumière qu’il fit briller d’abord dans l’âme de sa mère puisque c’est de sa foi qu’il a été conçu en elle, comme c’est de notre foi qu’il a été conçu en nous.
La foi, en Marie, fut la racine de sa maternité divine, comme la foi, en nous, est la racine de notre justification et de notre adoption. Mais c’est Marie qui la première a reçu toute la plénitude de cette lumière et qui se l’étant appropriée toute entière et l’ayant faite sienne au point de l’appeler son Fils, en a fait don au monde pour l’éclairer dans sa montée vers ce Dieu dont elle est la fille par excellence en même temps que l’épouse et la vraie mère. Sa foi est ainsi la cause et la mère de notre foi, comme elle en est le modèle et la forme idéale. Marie nous a ouvert les portes de ce paradis qui est le monde surnaturel ; elle seule peut nous y introduire. Pour cela, il faut la suivre dans sa fidélité à Dieu durant toute sa vie ancrée dans la foi dont elle sera la gardienne et le rempart.
Marie est la gardienne vigilante de la foi et la défense inébranlable
Si le fondement de notre salut est le Christ, cependant Marie est le roc qui lui sert d’appui ; lui seul est la vraie lumière, mais elle est son réflecteur ; lui seul est Dieu, mais elle est son ostensoir ; lui seul est la fleur du salut, mais elle en est la tige ; lui seul est la voie, mais elle est la porte qui ouvre à cette voie, laquelle nous conduit à la Vérité et à la Vie. Vous l’avez compris, sans Marie, Jésus ne peut pas s’incarner et sans incarnation, Marie ne serait rien dans l’histoire du salut. Les deux sont liés par la volonté du Père. Et Saint Grégoire de Nazianze dira : « Si quelqu’un ne professe pas la maternité divine de Marie, il repousse par là même, la divinité de Jésus Christ. »
Pour effacer de l’esprit humain la notion claire et ferme de la divinité du Christ, il faudrait effacer celle de Marie Vierge et Mère, idéal de pureté, de miséricorde et de puissante intercession.
Le plus grand acte d’adoration qu’on puisse rendre au Christ et à Dieu, c’est de glorifier et de prier sa glorieuse Mère et de lui élever des églises et d’orner ses autels. Car c’est reconnaître en elle son immense amour de Dieu Père pour avoir accepté l’incarnation de son Fils en elle pour le salut du monde. Elle le fit parce qu’elle avait l’humilité et la foi en ce Messie qui devait venir et que sa plus grande joie fut de faire la volonté du Père en acceptant le Fils par la puissance du Saint Esprit.
C’est ainsi que Marie est la gardienne de la foi et son rempart indestructible et toute sa vie, sa foi en Dieu et sa fidélité en lui, en ont fait l’humble servante de son Fils et des hommes.
La fidélité de Marie fut son empressement à répondre aux grâces intérieures, à se porter au secours du prochain en allant, mue par l’Esprit divin, secourir sa cousine Élisabeth. Fidèle à l’amour du prochain, Marie le sera en accueillant les pauvres à sa table pour manger à leur faim et recueillir de ses lèvres, le pain de vie et des paroles apaisantes donnant le goût de Dieu et le désir d’aller le voir un jour.
Marie fut fidèle après le départ de Jésus l’encourageant dans sa mission terrestre d’instruire les hommes, de la Vérité qu’il est, et de l’Amour qu’il veut répandre. Marie sera fidèle à la Passion, fidèle à suivre Jésus sur le chemin du Calvaire et de l’assister dans sa mort en croix. A sa résurrection, il vint récompenser sa fidélité en lui montrant ses plaies rayonnantes de gloire. Sa fidélité demeura après l’Ascension de Jésus où elle a continué à former et aider les Apôtres jusqu’à la Pentecôte, les préparant au don du Saint Esprit promis par Jésus. Sa fidélité se révéla sur terre, toujours pressée par l’amour et le désir de rejoindre son Fils dans sa gloire. Ce qu’il fera en l’appelant à lui par son Assomption. Et au Ciel, Mère de Dieu et Mère des hommes, Marie continue à se montrer fidèle au salut de ses enfants de la terre en les suppliant d’aimer Jésus, de croire en lui en obéissant à ses commandements, en adhérant à sa vérité libératrice et en vivant de son amour sanctificateur.
PrionsMarie qui défait les nœuds de nous aider à suivre son exemple de Vierge fidèle pour demeurer comme elle, une adoratrice de son divin Fils et un chrétien ou une chrétienne fidèle à la parole divine et à l’amour de Dieu et de nos frères qui nous ouvriront les portes du Ciel, pour avoir été les bons et fidèles serviteurs de Jésus et de Marie. Amen
Père François ZANNINI