Marie est la Grâce de Dieu par excellence. Après le chaos du péché originel, le Père avait choisi de toute éternité une nouvelle Ève qui saurait par son Fiat d’humilité et d’amour, faire sortir de son sein virginal : son Fils premier né qui est le Fils de Dieu, Source unique de la Grâce et son Principe universel d’origine et d’application.
La grâce du Père est dans le don de son Fils unique et la grâce de Marie est dans l’acceptation de ce Fils en devenant sa Mère pour l’offrir aux hommes afin que par lui, le salut soit redonné à l’humanité qui avait tant offensé le Père par son refus de lui obéir.
Par Marie, le Père nous donne son Fils unique et Il aura par lui dans la grâce, d’autres fils adoptifs qui participeront à son amour paternel, à sa vie divine et à sa gloire éternelle en proportion de leur union avec Dieu le Père dans le Fils et par l’Esprit Saint.

Toute grâce vient de Dieu

Dieu a une triple fécondité : éternelle parce qu’Il est Dieu, créatrice pare qu’il a tout fait de sa parole, et adoptive parce qu’Il a voulu dans son amour suprême que les anges et les hommes deviennent fils de Dieu en Jésus Christ et que Dieu puisse leur dire vraiment : « En vérité, vous êtes des Dieux. » C’est cette adoption qui termine le dessein du Père dans la Création en la faisant rejaillir à la hauteur de sa source et en la redynamisant par la grâce du Christ ; elle devient alors dans tous ceux qui la reçoivent anges ou hommes, une fontaine d’eau vive rejaillissant jusqu’à la Vie éternelle.
C’est en Marie, de Marie et par Marie que Le Père nous donne son Fils dans le temps. Cette génération temporelle est une extension dans la chair virginale, de la fécondité éternelle du Père ; c’est l’effusion dans le sein de Marie de ce Fils que le Père engendre éternellement de son sein, et cette effusion se fait par la vertu de l’Esprit Saint qui la couvre de son ombre en sorte que le Fils de Marie est le Fils propre et naturel de Dieu. « Je suis sorti du Père, dit Jésus lui-même et je suis venu dans le monde. » (Jn 16, 28)
Nous sommes tous appelés à la vie divine dont le Christ est le Principe et Il est l’unique Source de la grâce : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » (Jn 10,10) Le Christ est donc la pierre angulaire sur laquelle tout s’appuie, et c’est comme homme, comme fils de Marie qu’Il est la Source de toute grâce et de toute vie surnaturelle pour toute créature angélique et humaine. « La volonté de Dieu, nous dit saint Paul, est de ramener toutes choses sous le seul Chef le Christ : les êtres célestes comme les êtres terrestres, » (Ep 1, 10)
Saint Paul nous révèle que tout repose sur le Christ car « Il est l’Image du Dieu invisible, Premier né de toute créature car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Dominations, Principautés, Puissances ; tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui. Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église ; Il est le Principe, Premier né d’entre les morts. » (Col 1, 15-18)
« Et par le sang de sa croix il a réconcilié ceux de la terre comme il a pacifié ceux du ciel. » (Col 1, 20)
« En fait, Dieu par le Christ nous a fait une même grâce, nous dit saint Fulgence, à l’ange et à l’homme : à celui-ci de se relever de sa chute ; à celui-là de ne pas tomber ; au premier, pour ne pas recevoir de blessures ; au second, pour les guérir ; elle a chassé la faiblesse de l’un et en a préservé l’autre ; nourriture de l’ange, elle a été le remède de l’homme. »
Et selon saint Thomas d’Aquin : « Jésus a mérité non seulement aux hommes, mais aux bons anges, toute grâce, tout mérite, toute gloire, non seulement accidentelle, mais encore essentielle, et tout accroissement de mérite, de grâce et de gloire. » Saint Thomas commente saint Jean : « Nous avons tous reçu de sa plénitude. » (Jn 1, 16) et le « tous » renferme tous les anges aussi bien que les apôtres, les patriarches, les prophètes, les justes, attendu que la grâce qui est dans le Christ est la cause de toutes les grâces dans n’importe quelle créature intellectuelle. » (III part Qu 8)
Et Saint Grégoire déclare que : « Tout homme et tout ange n’est saint que dans le Christ. Dans le Ciel, il est la Force des anges, et sur la terre, il est le Rédempteur des hommes. »

Toute grâce passe par les mains de Marie

C’est comme Fils de l’homme et par conséquent comme Fils de Marie que Jésus Christ est ainsi prédestiné pour être la Source unique de toute grâce. Ce Jésus est à la fois Fils de Dieu et en même temps Fils de l’homme. Il est soit Fils de Dieu par son Père, soit Fils de l’homme par Marie et c’est de là qu’il affirme aux hommes sa fraternité et son amour. Il est le nœud de la réconciliation du ciel et de la terre. Et il révèle à tous ceux pour qui il se dévoue que ce n’est pas tant pour venir dans le monde qu’il s’est fait fils de la Vierge Marie, mais que c’est pour être le fils de la Vierge Marie qu’il est venu dans le monde afin de pouvoir étendre à Marie et par elle, à toute créature intellectuelle, cette relation de Fils qui l’unit à son Père dans l’éternité et qui le rend participant de tout ce qu’a son Père.
Nous devons comprendre que Marie est la Mère de la divine grâce parce qu’elle est la Mère du Christ et que le Christ en tant que Fils de Marie est le nœud de la réconciliation universelle. Ainsi la maternité de cette Vierge bénie est le nœud de notre filiation divine. Nous sommes les enfants de Dieu parce que Marie est la Mère de Dieu et c’est aussi pour devenir notre Mère qu’elle fut faite Mère de Dieu. Et en enfantant notre Sauveur, elle nous enfante tous, tous les sauvés à la vie de Dieu. C’est au Calvaire que Jésus, son Fils, déclare sa maternité achevée et consommée en la déclarant la mère de tous ses frères, enfants de Dieu comme Lui.
Quand Jésus nous donne sa Mère, il nous révèle qu’elle n’a été la sienne que pour devenir la nôtre, Alors tout est consommé et l’œuvre du Christ s’achève.
Marie est la Mère de la divine grâce et elle en reste le réservoir et la dispensatrice pour les anges et pour les hommes.
Si Dieu le Père nous donne Jésus par Marie, Jésus nous donne sa Mère qui deviendra la cause du salut pour tout le genre humain.
Si le Christ est la Tête du Corps qu’est l’Église, le Corps doit se sanctifier et aussi longtemps qu’il ne sera pas arrivé à sa perfection, à son achèvement complet, Marie sera toujours là au travail, et de son sein jaillira la grâce comme une source inépuisable pour aller faire fructifier tous les membres du Christ Chef dont elle est la Mère. Et la grande Grâce que nous donne Marie, c’est la chair de son Fils, morte au Calvaire mais qui ressuscitée, se redonnera dans l’Eucharistie pour maintenir l’homme sur le chemin du Salut dans l’ordre de l’amour et de la sagesse du Fils de Dieu jusqu’à la fin du monde
Selon saint Jérôme : « La plénitude de la grâce est en Jésus comme dans la tête, mais c’est par Marie qu’elle passe pour se répandre dans les membres. » Marie a donné à Jésus sa chair et son sang pour en faire un homme et Lui nous les redonne dans l’Eucharistie pour devenir des saints. Marie a donc permis cette grâce inestimable pour chacun des membres du Christ. C’est pourquoi Marie en tout et partout est bien la Mère de la divine grâce.
Marie est encore la Mère de la divine grâce parce qu’elle a vécu trois plénitudes de la grâce.
La première plénitude de grâce qu’elle reçoit est sa conception immaculée. Cette plénitude de grâce convenait à son état, à sa destinée et à sa dignité de future Mère de Dieu et de la divine grâce.
La seconde plénitude de grâce fut à l’Incarnation du Fils de Dieu en elle et beaucoup ont pensé que Marie ne pouvait plus croître en grâce. Mais Marie demeura dans l’état de créature en marche vers le Ciel. Et à tous ces voyageurs, il est dit que celui qui est saint se sanctifie encore et Marie à travers tous ses actes vertueux, tous les services rendus à son divin Fils, toutes les douleurs éprouvées surtout au Calvaire, n’a pu qu’augmenter ses mérites et sa grâce.
La troisième plénitude de grâce fut celle où elle rendit sa belle âme à Dieu son Père, à Jésus son Fils et l’Esprit Saint son Époux. Elle mérita alors l’immense gloire qui lui était préparée et que personne ne peut imaginer tant elle est si grande et c’est un abîme qui entre dans le mystère de Dieu Père, Fils et Saint Esprit Époux de cette Vierge incomparable.
Saint Ildefonse en conclut : « Comme ce qu’elle porte est incompréhensible et ce qu’elle a reçu est ineffable, ainsi est incompréhensible la récompense de gloire qu’elle mérita. »
Marie a tout reçu de son divin Fils, Lui qui est à l’origine de toute grâce, a voulu que sa Mère collabore aux multiples dons et grâces accordés à ses enfants de la terre et dans son cœur miséricordieux de Mère des hommes, elle intercède et prie pour chacun de nous afin que son Fils nous donne les grâces nécessaires à notre salut. Et toutes les grâces passent par ses mains qu’elle distribue généreusement à tous ceux qui en ont le plus besoin et qui la prient et la supplient pour s’élever et grandir sur le chemin de l’Amour et de la Vie éternelle qu’est son divin Fils.

Prions Marie qui défait les nœuds de nous accorder sans cesse toutes les grâces qui feront de nous des saints afin de vivre comme elle, l’humble servante du Seigneur, sur le chemin de notre vie pour acquérir les mérites nécessaires à notre salut et à la gloire de Dieu.

Père François ZANNINI

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