Les 48 vocables ou Gloires de Marie font l’objet d’une série d’articles du père Zannini. Ce premier article concerne la sainteté de Marie
La Vierge Marie au cœur de l’amour trinitaire
« Dieu est amour » (1 Jn 4, 8) et dans la Sainte Trinité, le Père contemplant son Fils, l’aime d’un même amour, et le Christ, son Fils, contemplant son Père, l’aime d’un même amour, et ainsi le Père et le Fils trouvent leur bien suprême dans l’Amour qui procédant de l’un et de l’autre, est leur commun terme et couronne leur unité. Cet amour unissant le Père et le Fils est l’Esprit Saint, le souffle brûlant de l’amour paternel et filial qui est la troisième personne de la Sainte Trinité.
En Dieu, tout est parfait, infini. Tout acte est pur, il est l’Être en personne, la Beauté et l’Amour en personne et ces trois personnes distinctes ne font qu’un seul Dieu, un seul Seigneur, un seul Dieu tout puissant, un Être tout puissant et éternel. La Sainte Trinité est un Père qui pense et qui crée l’homme, un Fils qui l’instruit et le sauve et un Esprit Saint qui l’éclaire et le sanctifie ; mais c’est toujours le même et unique Dieu qui pense et agit avec un amour infini. Dieu trouve en lui son unité dans l’Amour qu’il est, et cet amour parfait fait sa sainteté infinie résultant de ce qu’il trouve ainsi en lui-même tout son bien, toute sa beauté, toute sa perfection. Dieu a créé dans son cœur Marie, et l’a préfigurée depuis toujours à être la Mère de son Fils.
Platon nous a dit : « Dieu est un cercle infini dont le centre est l’amour et la circonférence est la beauté. » Mais quelle créature ne pourra jamais pénétrer dans cet infini et s’y identifier ? Ce qui est impossible à l’homme, ne l’est pas pour Dieu. Le Père l’a rendu possible par sa miséricorde infinie, en nous donnant par Marie, son divin Fils, en le faisant semblable à nous en tout sauf le péché. Mais pour que le Verbe puisse s’incarner, le Père devait choisir la femme qui pouvait l’engendrer et lui donner un corps pour vivre au milieu des hommes et accomplir son œuvre rédemptrice.
Le choix du Père
Dieu avait donc déjà choisi celle qu’il avait purifiée de toute éternité, et qui était la Fille du Père, la Mère du Fils de Dieu, et l’Épouse du Saint Esprit. Elle était la synthèse trinitaire par sa vie, parce qu’humble, elle fera la volonté du Père : « Je suis l’humble servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. » (Lc 1, 38), par sa foi, elle engendrera le Fils de Dieu à la vie humaine : « Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur. » (Lc 1, 45), par son abandon à la grâce de l’Esprit, elle sait qu’elle restera vierge et sera Mère par la puissance de l’Esprit Saint : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre. » (Lc 1, 35)
Marie a trouvé grâce auprès de Dieu (Lc 1, 30) parce que Dieu a fait de Marie, la Nouvelle Ève immaculée qui ne pouvait qu’aimer Dieu de tout son cœur et accomplir ses plans d’amour et de miséricorde pour le salut de l’humanité.
Si Dieu est Saint par excellence, il a fait de Marie une Sainte exceptionnelle pour recevoir en elle le Saint des Saints, son Divin Fils qui n’aurait jamais pu habiter le sein d’une femme sur qui le péché avait régné.
Comme Dieu est Amour et que cet amour fait sa sainteté, Marie par l’amour qu’elle a reçu de Dieu et toutes les vertus qui couronnent la sainteté dans la charité, ne pouvait être que la Sainte que le Père voulait pour recevoir en elle le Saint de Dieu et vivre à jamais dans la grâce du Saint Esprit.
Dans sa sainteté, Marie vient nous donner Jésus qui nous apprend que pour rendre à Dieu la gloire qui lui est due, l’homme doit s’humilier et s’anéantir comme le Christ son divin Médiateur, qui s’est humilié et anéanti jusqu’à mourir sur une croix.
C’est en imitant le Christ jusqu’à mourir à soi-même, que l’homme peut entrer dans cet intérieur de la vie divine et conséquemment dans la vraie sainteté. C’est à cette condition que nous sentirons en nous cette joie profonde de la justification. En nous unissant à la victime sainte et innocente, nous nous verrons délivrés de nos péchés. C’est l’exemple du bon larron qui s’humilie devant le Christ, qui le défend devant ses blasphémateurs, qui le proclame innocent et Fils de Dieu devant les juifs et les païens, qui implore son pardon pour aller au Ciel, et qui enfin reçoit son pardon et son salut par ces mots : « Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le Paradis. » (Lc 23, 43). Par ma mort sera ta vie, lui fait comprendre Jésus.
La sainteté de Marie
En fait, Sainte Marie est l’expression de la sainteté humaine parfaite après Jésus Christ, mais elle est celle qui, après la Sainte Trinité, est l’expression parfaite de l’amour et de la grâce qui font la sainteté divine dans un être humain.
Voilà pourquoi Marie est Sainte de la sainteté du Père qui l’a créé, de celle du Fils qui l’a habitée, et de celle du Saint Esprit qui a conçu en elle le miracle de la grâce.
Comme Jésus est le Saint de Dieu, Marie est la Sainte des Saints. Elle a tout reçu de Dieu le Père, pour être la Mère de son Fils et vivre et mourir avec lui dans la douleur de sa Passion, afin de sauver avec lui l’humanité. Comme Marie s’est toujours unie à son Fils pour faire ensemble la volonté du Père, elle nous apprend que pour s’unir à son Fils, il faut comme elle, mourir à soi-même avec lui pour être saint.
Étant l’Alpha et l’Oméga, il est le début et la fin de toute sainteté, et comme il est un avec son Père, il veut que nous fassions un avec lui (Jn 17, 21). Et la mesure de toute sainteté passe donc par l’union au Christ qui est le Principe unique de toute sainteté, et Jésus nous y invite : « Vous serez parfaits comme votre Père Céleste est parfait. » (Mt 5, 48)
Après Jésus vrai Dieu et vrai Homme, Marie représente l’archétype de sainteté le plus élevé dans le Ciel, comme elle fut sur la terre, par toutes ses vertus associées à sa charité parfaite et à son humilité constante. Dans sa vie terrestre, Marie n’a jamais voulu se mettre en travers de la vie apostolique de Jésus. Mise en retrait, elle est apparue parfois pour parler à son Fils, mais toujours avec discrétion.
Jésus prêchant est interpelé par des gens lui affirmant le désir de sa famille voulant lui parler, et Jésus dépasse la réalité familiale pour dire : « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère, une sœur et une mère. » (Mc 3, 35)
Jésus élève sa Mère, révélant que quiconque fait la volonté de Dieu, est vraiment son frère, sa sœur et sa mère. En effet, qui plus que Marie a toujours fait la volonté de Dieu et penser que sa vie fut un perpétuel oui à tous les désirs du Père, par le Fils dans l’Esprit.
A une femme qui glorifiait Marie pour avoir porté Jésus en elle et l’avoir allaité, Jésus répond en glorifiant sa Mère d’une autre manière : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’observent. » En effet, qui mieux que Marie par son amour de Dieu a écouté la parole divine et l’a observée toute sa vie terrestre. Voilà aussi la sainteté de Marie et son vrai bonheur, car pour Jésus comme homme, ce n’est pas le fait d’avoir donné la vie à Jésus et de l’avoir nourri qui fait sa grandeur humaine, mais plutôt d’avoir écouté sa parole de vie qui est la vérité, et de l’avoir observée par amour, lui qui est l’Amour.
Marie nous révèle aussi sa sainteté dans le recouvrement de Jésus au Temple parmi les Docteurs, et face à Jésus au milieu des Docteurs, elle l’interpelle avec amour : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ton père et moi nous te cherchions angoissés. » La réponse déroutante de Jésus les surprend : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » « Ils ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire …. » (Lc 3, 48-50) « Et Marie gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur. » (Lc 2, 51)
En effet, Marie ne pouvait percevoir tous les actes divins de Jésus, et sa perception de sa divinité comme enfant. Mais Marie fait un acte d’humilité et de foi en gardant en elle toutes ces actions de Jésus qui ont leur raison d’être dans la volonté divine.
La sainteté de Marie est encore dans un acte de foi total à la volonté du Père dans l’œuvre de son Fils.
A Cana, Marie voit le désarroi de ces jeunes mariés qui n’ont plus de vin, et dans sa bonté et sa charité de Sainte Marie, elle s’illustre dans un acte de foi exemplaire pour tout chrétien, et elle dit à son Fils : « Ils n’ont plus de vin. » (Jn 2, 3). C’est une constatation de Marie, mais remplie d’amour pour ceux qui sont dans l’embarras le jour de leurs noces. Et la réponse de Jésus paraît dure car il ne veut pas anticiper son heure de gloire devant ses disciples : « Femme ! Que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » (Jn 2, 4)
Mais Marie sait que Jésus peut manifester sa puissance divine et faire un miracle, parce qu’il est l’Amour et que la foi de sa Mère généreuse l’y oblige. Voilà pourquoi elle dit aux servants : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Marie est sûre que Jésus va honorer sa demande, parce que la sainteté de la Mère veut toujours honorer celle du Fils, et leur sainteté est la charité de leur cœur qui les pousse à aimer tous les deux dans l’amour trinitaire. Par amour Jésus fait ce miracle, anticipe son heure, plait à sa Mère et reçoit en échange la reconnaissance des époux et la foi de ses Apôtres.
La puissance du nom de Marie
Si le nom de Jésus est plus doux que le miel, selon Saint Bernard, celui de Marie remplit nos cœurs de joie, de paix, de tendresse et de douceur.
Marie qui est assez silencieuse dans l’Écriture, nous révèle par ces quelques paroles et attitudes, sa grande humilité et sa profonde charité. En effet, face à nos cœurs si durs, si égoïstes et si jaloux, le vôtre est rempli d’une chaleur et d’une lumière surnaturelles. Qui prononce Marie reçoit déjà dans son cœur la grâce d’aimer et de devenir plus charitable à son exemple.
Que de filles et de garçons ont reçu à leur baptême le prénom de Marie et sont devenus ainsi les enfants de Marie, pour apprendre à aimer comme elle et avec elle. Marie est l’anagramme d’aimer et Marie est la Mère du bel Amour, parce que Mère de Dieu et Mère des hommes, elle rejoint toujours l’homme qui l’invoque et la prie : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous. »
Si tous les Saints forment un cortège éblouissant de lumière au Christ, Marie irradie le Ciel d’une sainteté qui découle de la Sainte Trinité. Elle est la plus grande en sainteté après Dieu, parce que sa vie humble, docile et charitable est la copie de celle de son Fils sur la terre, qui a toujours fait la volonté de son Père, comme elle a toujours fait celle de son Fils uni au Père et à l’Esprit Saint.
Si nous ne sommes rien face aux grands Saints de l’Église, ils ne sont rien face à la sainteté de Marie. Eux aussi et nous avec eux, nous redisons dans notre chapelet : « Sainte Marie, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. » C’est pourquoi qui prie Marie et vit avec elle dans la sainteté de Dieu, ne craint pas le démon et l’esprit du monde, parce qu’il se sait protégé, éduqué et toujours aimé de sa Mère Céleste.
Alors prions Marie qui défait les nœuds et demandons-lui de nous guider sur le chemin du salut, afin que tenant sa main et animés de l’amour de son cœur, nous soyons les vrais serviteurs de son Fils, et les témoins inlassables de sa vérité et de sa charité pour devenir avec elle, et par la grâce de son Fils, le saint que Dieu attend de chacun de nous.
Père François Zannini