Le temps de l’Avent arrive et notre cœur est tendu vers la Naissance de Jésus par Marie dans notre monde. L’Église nous offre de nous y préparer en nous proposant des prières adaptées à ce Mystère dans la liturgie. La magnifique antienne Alma Redemptoris Mater en est l’une d’elles.

Les quatre antiennes mariales
Il existe quatre antiennes mariales (Salve Regina, Ave Regina Caelorum, Regina Caeli et Alma Redemptoris Mater) qui sont destinées chacune à être chantées (ou dites) à l’office des complies à un temps liturgique différent et qui ont été instituées ainsi par les Franciscains en 1249 à Metz. Il a fallu attendre plusieurs siècles avant que cette liturgie ne s’étende à l’ensemble du monde chrétien. Seule, par Tradition, Salve Regina est chantée toute l’année. Elles s’inspirent toutes d’une hymne plus ancienne, Ave Maris Stella, que certains ont attribué à Saint Venance Fortunat (évêque italien de Poitiers mort en 609).
Ave Regina Caelorum : écrite au XIIe siècle par un auteur inconnu pour la période allant de la fête de la Présentation de Jésus (2 février) jusqu’au Jeudi Saint.
Regina Caeli : écrite au XIIe siècle par un auteur inconnu, pour la période allant du Samedi Saint à midi (veille de Pâques) jusqu’à la fête de la Trinité.
Salve Regina , qui date du XIIè siècle, pour la période allant de la fête de la Sainte Trinité jusqu’au temps de l’Avent (ou bien toute l’année)
Alma Redemptoris Mater, que l’on a longtemps attribuée à Hermann Contract de Reichenau, pour la période allant de l’Avent à la Présentation de Jésus au Temple (Chandeleur), à savoir 40 jours après la Nativité.

L’antienne Alma Redemptoris Mater
Venons-en à approfondir et découvrir cette dernière antienne, Alma Redemptoris Mater, car nous entamons actuellement ce temps de l’Avent. Composée, à l’origine, pour l’Annonciation, cette antienne souligne les deux qualités et images de la Sainte Vierge : Marie Étoile de la mer et Porte du Ciel. En 1987, le pape Jean-Paul II a écrit l’encyclique : Redemptoris Mater (Mère du Rédempteur) qui présente cette antienne comme une réflexion sur l’émerveillement de la Foi qui accompagne le Mystère de la Maternité Divine de Marie. Dans les paroles de cette antienne liturgique est exprimée aussi la vérité du « grand retournement » qui touche l’homme par le Mystère de l’Incarnation.

Le texte de l’hymne Alma Redemptoris Mater
« Alma Redemptoris Mater
Quæ pervia cæli porta manes
Et stella maris suc
curre cadenti surgere
qui curat populo :
Tu quæ genuisti, natura mirante tuum
sanctum Genitorem
Virgo prius ac posterius Gabrielis
ab ore sumens illud Ave
Peccatorum miserere. »

« Mère auguste du Rédempteur, Porte du Ciel toujours ouverte, Étoile de la mer,
Venez au secours d’un peuple qui tombe,
mais voudrait se relever.
Au grand étonnement de la nature,
Vous avez donné le jour à votre Divin Créateur et vous êtes restée Vierge après comme avant votre maternité, vous appuyant sur le céleste « Ave » que Gabriel vous adresse,
Ayez pitié des pécheurs.

La postérité de l’hymne dans la musique
L’attribution au temps de l’Avent ne semble pas avoir été officialisé avant le XIIIe siècle, d’abord par les moines franciscains d’Allemagne (1249) qui du coup attribuèrent les trois autres antiennes aux différents temps liturgiques. Concernant la musique qui soutenait le texte, c’est bien évidemment le chant grégorien qui initia le mouvement. Mais dès le XVe siècle, le texte fut mis en musique polyphonique, en commençant par l’Angleterre, puis par les compositeurs de l’école franco-flamande (dont Guillaume Dufay ou Josquin Després sont les plus connus). Au XVIe siècle, l’Église accepte un nouveau genre musical qui est l’Oratorio , créé par saint Philippe Néri (fondateur de la Congrégation de l’Oratoire qui donna son nom aux oratorios) dont Giovanni Pierluigi da Palestrina, qui se voit confier la direction de la musique de la Congrégation de l’Oratoire, est le plus connu.
À l’époque de la musique baroque (XVIIe siècle) l’antienne fut mise en musique par de grands compositeurs italiens (Francesco Cavalli) et français (Marc-Antoine Charpentier). Au XIXe siècle (musique romantique), l’antienne n’intéressa aucun grand compositeur, pas plus qu’au XXe siècle. Mais peut-être, à la lecture de cet article, des compositeurs se sentiront-ils appelés à proposer une composition nouvelle et inspirée ?!

Nous vous proposons d’écouter une version grégorienne de cette magnifique antienne.

Prions Marie qui défait les nœuds de dénouer les nœuds de l’incrédulité, afin que chacun puisse entrer dans le magnifique mystère de Noël et célébrer la venue de notre Sauveur Jésus Christ.
Christophe Leridez

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