Quand St. Jacques reçut la grâce du martyre comme premier des apôtres au début des années 40, il avait beaucoup changé. Le « fils du tonnerre », qui – comme son frère Jean – avait voulu qu’un feu tombe du ciel sur le village incrédule des Samaritains pour l’anéantir, semble avoir eu un tempérament fougueux et ambitieux (Lc 9 :54). La demande de sa mère, approuvée par lui et son frère – d’être assis à la droite et la gauche du Christ dans sa gloire- révélait leurs désirs terrestres et leur orgueil caché. Quand le Christ leur offrit en réponse de boire la même coupe que lui, ils acceptèrent avec confiance sans se rendre compte ce que cela impliquait. Mais il ne leur fit aucune promesse en ce qui concernait leur future gloire, puisque seul le Père avait le pouvoir de décider de cela (Matt 20 :20-23).
Avec Pierre et Jean, Jacques fut choisi à être témoin de la résurrection de la fille de Jaïre, ainsi que de la transfiguration du Christ et de son agonie à Gethsémani. Les deux premiers épisodes étaient censés leur donner courage pendant la Passion bouleversante du Christ dans au cours de laquelle il allait perdre son apparence royale et divine, ressemblant plus à un ver qu’à un homme (Ps 22 :6 ; Is 52 :14). Mais ils allèrent en ressortir purifiés, transformés par l’espérance que leur donna la résurrection du Christ et vivifiés par l’Esprit Saint, pour mieux affronter les dangers de la persécution qui les attendait. La douceur de la Vierge Marie allait aussi aider à transformer leurs cœurs.


La Sainte Vierge et st Jacques

Selon la mystique Marie d’Agreda, la Sainte Vierge aimait St. Jacques avec « une tendresse particulière ». Puisqu’il avait « un cœur généreux et magnanime », comme Agreda le dit, il avait particulièrement besoin de la protection de Marie, puisqu’il se mettait facilement dans des situations dangereuses. Elle le compare à un éclair foudroyant pendant ses voyages missionnaires, au cours desquels beaucoup de conversions eurent lieu. Ainsi fut-il inspiré d’aller en Espagne où il se trouva en grave danger . La Vierge Marie le visita deux fois, selon Agreda, bien que seulement un épisode soit bien connu.
La première fois, lui et ses douze disciples avaient été capturés par des Juifs à Grenade. Ils les enchaînèrent jusqu’aux pieds , craignant qu’ils n’utilisent leurs « pouvoirs magiques » – et se préparèrent à les décapiter. St Jacques invoqua Dieu et la Vierge, en répétant le nom de Marie fréquemment. Elle vint vers lui, assise sur un nuage et entourée par une cohorte d’anges qui l’avaient apportée de Jérusalem. Les chaînes de St. Jacques et celles de ses disciples tombèrent à leurs pieds , tandis que ceux qui s’apprêtèrent à les exécuter s’effondrèrent inconscients.

L’histoire de la deuxième apparition de la Vierge Marie à St. Jacques en Espagne à Saragosse le 2 janvier 40 AD est mieux connue. La Sainte Vierge vint voir St. Jacques pendant qu’il campait avec ses disciples en-dehors des murs de Saragosse, sur les bans du fleuve Ebro. Les anges apportèrent une colonne et une statue de la Vierge Marie, faite par eux-mêmes. Dieu demandait qu’une église fût bâtie en ce lieu en l’honneur de Marie, comme elle le lui expliqua, et beaucoup de grâces seraient reçues par ceux qui s’y rendraient pour prier. Ensuite Jacques devait rentrer à Jérusalem où il serait martyrisé. L’Eglise de Notre Dame de Pilar existe encore aujourd’hui et Dieu promit à travers la Sainte Vierge qu’elle y serait jusqu’à la fin du monde, bien que Marie d’Agrede explique que cela dépendrait de notre fidélité.

Le martyre et le retour posthume de St. Jacques
Après avoir construit l’église, St. Jacques retourna en Palestine où Hérode le fit décapiter le 25 mars mars, autour des années 40. Mais auparavant, son accusateur fut si touché par sa foi, qu’il se convertit et fut mis à mort avec lui.
Pourtant, l’influence de St. Jacques ne s’arrêta pas ici. Car son corps fut rapporté en Espagne par ses disciples et fut enseveli là-bas pour être retrouvé 800 ans plus tard sous le règne d’Alphonse II (799-842). L’ermite Pélage reçut une vision du tombeau de St Jacques et le 25 juillet 812, sa position fut révélée par une lumière brillante qui éclaira l’endroit. Depuis, ce lieu est connu sous le nom de Compostelle (le nom étant censé venir du Latin campus stellae, ce qui veut dire « champs des étoiles ») et devint un des majeurs endroits de pèlerinage à travers le monde entier.
Plusieurs décennies plus tard, St. Jacques est supposé être apparu pendant une bataille entre les Musulmans et les Chrétiens, menée par Ramiro I d’Asturies. Il est censé avoir aidé les Chrétiens à tuer 5.000 ennemis. Après cela, il fut appelé « matamoros » – celui qui tue les Maures – et fut souvent dépeint sur son cheval en train d’abattre des Mmusulmans. Bien que cette bataille ne semble pas avoir eu lieu d’après les historiens, son idée pourrait néanmoins déplaire à notre mentalité moderne qui n’aime pas qu’un Dieu se mêle de nos guerres et qui envoie un saint pour s’y joindre. Pourtant Dieu et la Vierge Marie ont aidé les chrétiens à gagner la bataille de Lépante contre toute attente (1571), et les Français à se débarrasser des Anglais avec l’aide de St. Jeanne d’Arc (15ème s.) et les olonais à sauver leur pays contre les Suédois protestants qui avaient occupé presque tout le territoire, quand la Sainte Vierge apparut à l’ennemi pendant le siège de Czestochowa (1655). Entre parenthèses, dans ces trois cas, Dieu aida un pays ou une civilisation à se défendre.

Le courage et la douceur
Bien que la douceur soit opposée à la colère orgueilleuse, elle n’est pas contraire à la force ni au courage. St. Jacques a dû surmonter son tempérament fougueux au service de Dieu et des opprimés. Il était un missionnaire ardent qui évangélisa l’Espagne très rapidement et retourna après à Jérusalem, se laissant mener comme l’agneau à l’abattoir. Mais quand l’Espagne fut en danger 800 ans plus tard, il n’hésita pas de se mêler à la bataille. Car le courage militaire n’est pas opposé au christianisme. L’archange St. Michel est après tout le général des armées célestes. Il serait faux de faire de Dieu un radoteur édenté, puisqu’Il n’est pas, comme C. S. Lewis le dit constamment dans ses livres sur Narnia, un lion apprivoisé : il est doux avec ceux qui sont bons, humbles ou qui se repentent de leurs péchés, mais terrifiant pour ceux qui ont une conscience tournée vers le mal.

St. Jacques, aidez-nous s’il-vous-plait, avec l’assistance de la Vierge Marie, que vous aimez autant, à défaire les nœuds des agitations, de révolutions et de guerres qui tourmentent le monde moderne. Enseignez-vous comment mêler le courage à la douceur et à combattre le mal humblement comme la Sainte Vierge, dont l’humilité terrifie Satan et ses hordes.

Marie Meaney

Source iconographique: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Basilica_of_Our_Lady_of_the_Pillar_and_the_Ebro_River,_Zaragoza.jpg
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Cathedral_of_Santiago_de_Compostela

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