Un jour, une femme célibataire, enfant d’immigrants Mexicains aux États-Unis, sans famille, tomba enceinte et s’enfuit avec toutes ses économies en poche vers une grande ville. Elle aimait le père de l’enfant, mais il n’avait pas d’argent et elle ne voulait pas le piéger avec cet enfant non-prévu. Le médecin chez lequel elle alla l’informa qu’elle était venue juste au bon moment, car la loi permettant l’avortement – Roe versus Wade – venait justement d’être adoptée ; elle pouvait donc avorter son enfant. La femme pensait voir clair – il n’y avait pas d’alternative. Elle prit un rendez-vous pour l’IVG et quitta le cabinet. Pendant son retour à travers la ville, elle entra dans une Église. C’était un reflex bizarre, car, bien qu’ayant été élevée Catholique, elle n’avait plus la foi depuis bien longtemps. Elle s’assit devant une croix et quelque chose eut lieu dans les minutes qui suivirent. C’étaient des minutes que personne ne sera jamais capable de décrire entièrement.
Les Écritures sont remplies de l’indescriptible – ce qui explique pourquoi à certains moments elles semblent presque incapables de nous transmettre ce qui s’est passé (pensez à Marie Madeleine qui ne comprit pas initialement que le Christ ressuscité était devant elle : le langage humain ne peut pas, en fin de compte, nous transmettre ce qu’elle a vu).
Un jour, pour la fête de la Transfiguration, j’entendis un sermon où le prêtre déclara que l’apparence du Christ sur le mont Thabor était une métaphore. Le nombre d’éléments fantastiques et bizarres de la scène était seulement censé faire allusion à l’intensité de la vie de prière du Christ et à ce qu’Il était.
Je soutiens le contraire – ce n’est pas une métaphore. Rien quà voir l’apparence des saints – l’extase de Teresa d’Avila, la pâleur cadavérique de Bernadette pendant les apparitions de Lourdes – nous pouvons nous rendre compte que ce que nous voyons à travers les Évangiles est une tentative (d’inspiration divine) pour nous montrer ce qui s’est passé dans Sa présence incarnée. Nous n’avons qu’à prêter attention dans notre paroisse au visage de quelqu’un plongé profondément en prière ou de sentir la lumière quelquefois insaisissable de nos visages après avoir reçus l’Eucharistie pour savoir combien plus intense était la prière du Christ envers son Père et comment celle-ci devait paraître spectaculaire.
Nous vivons dans un monde incarné, plein de signes ; des lueurs, des éclairs de cette lumière qui engloutit le Christ au sommet de la montagne. La jeune femme qui avait rencontré le médecin chargé de l’avorter était assise devant la croix et reçut l’un de ces éclairs, l’un de ces flashs. Souvent, ce que nous désirons dans notre prière est une illumination : voir avec les yeux du Christ ; percevoir dans un sens infinitésimalement petit avec l’esprit de Dieu ; d’être illuminé par cette lumière de la Transfiguration, laquelle est probablement trop riche pour être transmise à travers la fragilité de notre langage humain, mais qui était absolument visible et qui était plus qu’on ne pourrait jamais comprendre à travers de modestes mots. La jeune femme vit avec une extraordinaire clarté qu’elle ne pouvait pas réaliser cet avortement. Les nœuds dans son esprit, qui l’avaient obscurci et contracté, se sont dissous devant Lui. J’imagine qu’elle n’aurait pas pu expliquer rationnellement pourquoi ou comment elle allait réussir à assumer cette nouvelle situation : d’être une mère célibataire et pauvre (mais elle ne resta pas seule, l’enfant naquit et fut suivi de quatre autres ; et chacun des cinq allait avoir beaucoup d’enfants de leur côté).
Notre Dame, si proche de Dieu, est baignée dans la lumière de la Transfiguration. Elle pense clairement, car elle voit, d’une manière particulière, avec les yeux de Dieu. Sa tâche de défaire les nœuds nous aide à être touchés par cette lumière et de nous assister à dénouer les nœuds dans notre vie.
Sally Read, Juin 2018
Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Titian_Transfiguration_c1560_SanSalvador.jpg

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